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Assassinées

photo_camera Mexico

Une autre femme a été assassinée au Mexique. Elle avait 18 ans et s'appelait Debanhi Escobar. C'est arrivé il y a quelques jours. Premièrement sa disparition, puis la découverte de son corps. C'était dans la citerne d'un motel à Monterrey.  Glaçant, oui... comme tant d'histoires : criblée de balles, pendue à un pont, couchée dans un fossé sans tête....

Le cas de la jeune Escobar est le dernier en date à avoir fait l'actualité et les pages des journaux, mais il est certain que, malgré le peu de temps écoulé, une autre femme n'aura plus l'occasion de dessiner son avenir. Elle n'est pas toujours signalée, la victime n'a pas toujours quelqu'un à qui elle manque, qui remarque son absence. Elles n'ont même pas le droit de figurer sur une liste.

La violence à l'égard des femmes se développe et se répand comme un virus mal soigné, comme un fléau. Rien que dans ce pays, l'année dernière, sans compter le mois de décembre, un total de 3 462 femmes ont été assassinées. Depuis des années, nous entendons parler des féminicides à Ciudad Juárez, une ville de l'État de Chihuahua proche de la frontière américaine. Son nom a fait le tour du monde. Quelle tristesse d'être connu comme l'endroit où l'on tue le plus de femmes. Mais ce n'est pas le problème d'une région ou d'une autre. L'horreur se répète dans les différents États mexicains. Dans de nombreux coins de ce monde chaotique et fou.

Des femmes retrouvées mortes que personne ne réclame ; des femmes qui n'ont ni nom ni prénom, faute de documents ; des femmes qui ne sont pas identifiées, faute de financement ou de volonté de le faire ; des femmes oubliées parce que c'est dans notre intérêt, peut-être que la connaissance des auteurs de ces crimes nous ferait dresser les cheveux sur la tête, si c'est possible. Des femmes pour lesquelles personne ne pleure au pied d'une tombe. Et des hommes qui sont également tués lorsqu'ils enquêtent trop. Les mafias et la corruption ne sont pas en reste.

Des jeunes filles subissent une violence débridée dans ce beau et cher Mexique qui déborde de tant de beauté. Rien qu'au cours de ce premier trimestre 2022, 229 personnes ne verront plus jamais un coucher de soleil sur la Plaza de las Tres Culturas au Mexique, dans le port de Veracruz ou dans les merveilleuses ruines de Oaxaca. Ce chiffre est très proche de celui enregistré en Colombie avec 225. Et ce n'est qu'un exemple.

Ce qui est terrible, c'est que non seulement cette violence ne diminue pas, mais qu'elle augmente en Amérique latine et sur d'autres continents. Les données des organismes officiels de différents pays et des ONG nous montrent une réalité amère et cruelle. Au Brésil, 1 319 femmes ont été assassinées en 2021 ; en Colombie, ce chiffre est proche de celui-là. Et nous pourrions aussi parler du Honduras, du Venezuela ou du Guatemala...

Machisme, mal, pauvreté, vengeance, jalousie, corruption, sexe... Autant de causes. Cherchons des solutions : éducation et prévention ; et dénonçons l'impunité qui existe. Les affaires qui ne sont jamais résolues sont aussi alarmantes que celles des femmes assassinées.