Colère des Maghrébins face à la réorientation de la politique migratoire de la France

Emmanuel Macron

L'Algérie est devenue le premier pays du Maghreb à "protester fermement" contre la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas pour les voyageurs en provenance d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué et notifié à l'ambassadeur de France, François Gouyette, la "protestation formelle contre une décision unilatérale du gouvernement français qui affectera la qualité et la fluidité de la circulation des voyageurs algériens vers la France". 

Le Maroc avait déjà qualifié la mesure d'"injustifiée", tandis que la Tunisie n'a émis aucune réaction officielle. Cependant, les médias non officiels des deux pays ont fait allusion à la "fracture" que la France provoque dans ses relations de coopération avec ces trois grands pays arabo-francophones. 

Bien que le décret du gouvernement du président Emmanuel Macron entre clairement en territoire électoral, il est clamé en France que les niveaux d'immigration illégale ont atteint des niveaux insupportables, ouvrant la voie au nationalisme exacerbé du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen pour avoir plus de chance que jamais de remporter l'Élysée. Les promesses de ce dernier de convoquer un référendum spécifique sur la question migratoire, couplées à une loi générale imposant une préférence pour les ressortissants français pour occuper n'importe quel emploi, sont écoutées avec plaisir et complaisance dans plus d'un quartier et d'une ville où la police n'ose pas entrer. Il y a la dénonciation de la sénatrice socialiste et adjointe au maire de Marseille, Samia Ghali, qui a ouvertement demandé l'intervention directe de l'armée pour lutter contre les mafias de la drogue, vu l'impuissance de la police.

L'augmentation exponentielle de la criminalité a fait monter la tension à un tel niveau dans certaines localités que les candidats du RN et les militants ne sont plus les seuls à demander au gouvernement de mettre un terme à l'"islamisation" de la société française. Il s'agit d'une question supplémentaire, mais dont la toile de fond est énorme, causée par le sentiment de discrimination ressenti par les deuxième et troisième générations d'Arabes français, mais aggravée par l'arrivée massive de clandestins qui soulèvent ceux qui sont déjà installés en France contre l'injustice de leur discrimination, radicalisent plus d'un jeune en train de décider de son parcours personnel et imposent la charia dans leurs quartiers, devenus de véritables ghettos.

Une mesure qui concerne également l'Espagne

C'est cette immigration clandestine, dont la plupart sont arrivés dans de petites embarcations, d'abord en Espagne puis via la péninsule, que la France entend stopper en les rapatriant dans leurs pays d'origine respectifs. Cette volonté s'est toutefois heurtée à un obstacle majeur, chiffré par les autorités françaises : le retard, voire le refus catégorique des consulats algériens, marocains et tunisiens de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au rapatriement des clandestins. 

Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement français, qui a qualifié la décision de "drastique et sans précédent, mais nécessaire", a implicitement reconnu l'échec de l'initiative sur la base de ses données officielles, largement diffusées dans les médias français. Selon Europe1, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ce sont les statistiques du premier semestre 2021, qui font état du rapatriement de seulement 22 Algériens en situation irrégulière sur un total de 7 731 détectés et faisant l'objet d'une procédure d'expulsion. Soit seulement 0,2%, alors que le Maroc a réadmis 2,4% des 3 301 et la Tunisie 4% de ses 3 224 ressortissants signalés pour entrée illégale en France. 

Naturellement, la forte réduction des visas d'entrée en France pour les voyageurs en provenance d'Algérie et du Maroc (50%) et de Tunisie (30%) est un coup dur tant pour ceux qui aspirent à émigrer légalement que pour les voyageurs occasionnels, dont les demandes de visa sont rejetées. Ce sont précisément ces voyageurs qui, au lieu de blâmer uniquement la France, accusent également leurs gouvernements respectifs d'inaction. Le Monde cite des directeurs d'agences de voyages comme le Tunisien Choukri Boubaker : " Nos dirigeants dorment depuis novembre 2020. La France les avait prévenus et ils n'ont rien fait. C'est à notre gouvernement d'agir et de régler le problème des voyageurs illégaux afin que les voyageurs légaux puissent voyager normalement". 

La mesure française a également un fort impact sur l'Espagne. Depuis neuf mois, la surveillance à la frontière s'est considérablement intensifiée et le nombre de migrants illégaux qui ont été rejetés et renvoyés au Pays basque, en Catalogne et en Navarre a augmenté de manière exponentielle. Il semble évident que ce rejet va s'intensifier à partir de maintenant.  

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