Implications du pardon par rapport à la violence terroriste

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Afin de procéder à une analyse détaillée des effets du pardon par rapport à la violence terroriste, il sera nécessaire de répondre à certaines questions, en commençant par déterminer si le pardon produit des effets positifs, qui en bénéficie, et enfin si le processus de pardon correspond à la victime, à la société ou aux autorités.

En discutant des implications du pardon par rapport à la violence terroriste, il est nécessaire de commencer par discuter qu'entre les acteurs en question, la victime et l'auteur, il y a une relation morale1 asymétrique entre la victime et l'auteur2.

On peut déterminer que le pardon est un acte volontaire, à travers un processus de nivellement ou de structuration. Il s'agit donc d'un choix sur la façon dont chaque personne décide de traiter les événements passés, ce qui permet à la personne de se libérer des sentiments négatifs3.  

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Lorsque nous parlons du pardon de la victime à l'auteur, il est essentiel de préciser que le pardon est orienté vers la personne, c'est-à-dire qu'il sépare la personne des actes commis, car nous ne pardonnons pas les actes subis, mais les personnes qui les ont commis. Il s'agit donc d'un processus dans lequel on comprend que la personne est plus que l'acte qu'elle a commis, en cherchant sa transformation, mais en étant conscient que l'acte est répréhensible4. Il s'agit d'un mécanisme permettant de débloquer des sentiments compréhensibles dans ces cas-là, comme la haine ou le ressentiment.5 

Il est très important de souligner que le pardon est une option dont disposent les victimes et qu'en aucun cas on ne peut les forcer ou exiger d'elles qu'elles se soumettent à ce processus, car cela pourrait provoquer une nouvelle victimisation ; il doit s'agir d'un acte qui naît de leur personne, dans lequel elles doivent être aidées. Il est donc essentiel de respecter les processus de décision en matière de pardon6.

Dans le cas présent, lié à l'octroi de la grâce aux terroristes, il peut être considéré, d'un point de vue juridico-politique, comme le résultat d'un processus de négociation menant à l'application de mesures de grâce. Cependant, si cette négociation a lieu, les victimes sont privées de la possibilité d'être celles qui accordent le pardon7.

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Jusqu'à présent, nous n'avons parlé que de la responsabilité exclusive de la victime en matière de pardon, ce qui est en partie vrai, mais doit être nuancé, car il s'agit d'un processus dans lequel l'auteur doit se reconnaître coupable pour pouvoir accepter le pardon de la victime. En effet, il est impossible de pardonner à une personne qui n'assume pas la responsabilité de ses actes ou qui ne reconnaît même pas les avoir commis8. La consommation du pardon fait référence à une relation entre la victime et l'agresseur, et il est impossible que ce phénomène ait lieu si l'une des parties n'est pas d'accord9

Dans ce sens, le besoin de repentir de la part de l'auteur est évident, où il est nécessaire qu'il reconnaisse la connaissance qu'il a du mal qu'il a causé, l'intention de ne plus jamais le commettre, ainsi que de faciliter la réparation de la victime10.

Cependant, il est nécessaire de commenter qu'il existe une autre ligne de pensée, dans laquelle le repentir de la part de l'auteur n'est pas nécessaire, car il s'agit d'un acte qui doit naître de son propre être, même sans obtenir le pardon de la victime, donc il ne le fait pas en réponse à quoi que ce soit. 

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Nous avons vu comment le pardon est un mécanisme qui peut être utilisé en certaines occasions, contribuant ainsi à une coexistence pacifique11. Il s'agit toutefois d'un processus difficile, auquel tout le monde ne choisit pas de participer. 

Au sein du système pénal dans lequel ce problème peut s'inscrire, on peut parler de différentes conceptions ou modalités de la justice12

  1. La justice rétributive, qui cherche à punir le délinquant en lui faisant subir une sanction proportionnelle au préjudice qu'il a causé. Dans ce cas, les acteurs sont l'État et les délinquants, les victimes ne participant pas.
  2. La justice préventive, dont l'objectif est que les sanctions servent à prévenir de futurs crimes et à garantir la paix sociale. Ici aussi, les principaux acteurs sont l'État et le délinquant, sans tenir compte de la victime.
  3. Justice réhabilitative, des limites sont fixées entre le crime et la peine, afin de garantir le respect de la dignité, et d'autre part, l'objectif est que la peine ne soit pas une simple rétribution, mais une opportunité d'intégration sociale.

Dans les trois modèles décrits ci-dessus, il est difficile d'encadrer l'importance des victimes, ou l'inclusion d'un élément tel que le pardon, c'est donc ici que l'on peut parler de justice restaurative, où le pardon semble trouver une place intrinsèque dans la justice, lorsque celle-ci est opposée dans un mode restauratif13

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Il est nécessaire de différencier la justice réparatrice et le pardon des mesures de grâce, car ce ne sont pas les mêmes. Les actions telles que les amnisties ou les grâces sont accordées par les autorités, mais pas par les victimes, bien qu'il soit souhaitable qu'elles soient entendues dans le cadre de telles procédures14.

La justice réparatrice opte pour le dialogue entre la victime et le délinquant, avec l'aide d'un médiateur15, en tenant compte de l'asymétrie morale qui existe entre les sujets et en visant à aider à la restauration personnelle de la victime16.

Pour l'auteur de l'infraction, cela signifie non seulement reconnaître le dommage injuste causé, mais aussi collaborer et faire tout son possible pour aider à la restauration de la victime. En ce sens, le délinquant obtient par ce processus la restauration de son identité morale et sa réorientation réparatrice. Pour mener à bien ce processus, il est nécessaire qu'une transformation du souvenir du passé ait lieu, sans oublier que l'événement en tant que tel est toujours là, où les sentiments sont très intenses17

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En ce sens, il convient de se demander si la justice réparatrice serait une solution viable au problème auquel nous sommes confrontés, si elle constitue une option à la justice punitive traditionnelle, pour autant qu'elle soit orientée vers la production du plus grand bénéfice possible pour les victimes18.

Le pardon de la partie offensée, en tant qu'extinction de la responsabilité pénale, n'est possible que pour les crimes qui peuvent être poursuivis au moyen d'une plainte ou d'une accusation par la partie lésée, et lorsque la loi prévoit expressément un tel effet du pardon. Il faut donc faire attention car, si l'on tente d'imposer le pardon de l'État, on usurpe le droit des victimes de l'accorder ou de le refuser19.

Comme nous l'avons commenté, le pardon n'annule pas la dette judiciaire que le coupable a contractée par ses actes, de sorte que ce qui a d'abord été appelé justice réparatrice a été utilisé pour remplacer la justice rétributive, qui n'est pas satisfaisante pour toutes les victimes20.

Conclusions

S'il est vrai, comme nous l'avons vu, que le pardon dans le cas du terrorisme peut générer des bénéfices positifs non seulement pour la victime, mais aussi pour le terroriste et la société dans son ensemble, ce mécanisme devrait être réservé uniquement et exclusivement aux situations dans lesquelles toutes les parties sont d'accord pour le mettre en œuvre. 

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De même, il semble difficile à l'heure actuelle de choisir d'ouvrir l'éventail des situations dans lesquelles il est permis de remplacer la justice punitive par la justice réparatrice.

L'intégration de cette solution alternative dans les processus de justice traditionnels devrait peut-être être encouragée, car les avantages qu'elle peut apporter sont évidents. Cela s'est traduit par diverses réunions entre les victimes et les auteurs de l'ETA pour rapprocher les positions, ce qui pourrait conduire à une approche de ce modèle de résolution des conflits comme une alternative viable à l'avenir.

De cette manière, les mécanismes de pardon doivent être encouragés dès lors qu'ils sont le fait des parties concernées, sans pression ni incitation d'agents extérieurs, à condition que cela n'implique pas de produire une nouvelle victimisation de la victime et donc d'avoir un impact négatif sur elle. 

Jairo Sánchez Gómez/ Criminologue et analyste du terrorisme/ Coordinateur du département de criminologie Sec2Crime.

Références :
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  20. Rogelio Alonso & Javier Díaz Bada (2016) What Role Have Former ETA Terrorists Played in Counterterrorism and Counterradicalization Initiatives in Spain? Studies in Conflict & Terrorism, 39:11, 982-1006, DOI: 10.1080/1057610X.2016.1154365

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