En pleine pandémie, le roi Mohammed VI a lancé le projet de généralisation de la protection sociale, qui a ensuite été approuvé par le Parlement. Un contrat social historique et un défi pour le gouvernement d'Aziz Akhannouch, qui a débuté par cette initiative majeure.
Sera-t-il en mesure de remplir ce mandat à temps ?
Le défi de la protection sociale universelle représente une deuxième modernisation après la construction des infrastructures les plus avancées dans tout le Royaume, de Tanger à La Guera. Il s'agit cette fois d'un grand macro-projet social historique, visant à améliorer le bien-être des Marocains et à amener le pays au niveau de nos voisins de l'UE (Espagne et Portugal).
Le coût est de plus de 5 milliards d'euros par an pour financer quatre programmes, à mettre en œuvre sur cinq ans. Et il vise à généraliser l'assurance maladie obligatoire (AMO), déjà opérationnelle, les prestations familiales d'ici 2023 et 2024, l'indemnisation pour perte d'emploi, qui sera activée en 2025, ainsi que l'élargissement de la base des affiliés au régime de retraite.
Sur le plan économique et financier, le projet représente un effort budgétaire important, mais absolument nécessaire. Il permettra de réduire l'économie informelle et d'élargir considérablement la classe moyenne. Il bénéficiera particulièrement aux catégories les plus vulnérables qui seront protégées des dangers liés à la maladie, à l'enfance, à la perte d'emploi ou à la vieillesse. Il les rendra également plus dignes en améliorant leur situation économique, sociale et culturelle et en les intégrant pleinement dans le circuit économique et financier du pays.
Autrefois, ces personnes devaient dépenser beaucoup d'argent pour les consultations médicales, l'hospitalisation et les médicaments, dont elles ne disposaient guère. Dans de nombreux cas, ils ont dû renoncer à leurs petites économies ou à leurs biens pour faire face à leur propre maladie ou à celle de leurs proches. Ils verront désormais leur pouvoir d'achat augmenter et disposeront d'argent qu'ils pourront utiliser pour épargner, consommer ou investir.
La généralisation des prestations familiales permettra de protéger les enfants, de réduire les taux d'abandon scolaire et l'abandon des enfants, qui est devenu un véritable problème social ces dernières années. En général, il y aura une allocation de protection destinée à sept millions d'enfants en âge scolaire. En particulier ceux qui appartiennent à des familles en situation de précarité, ainsi qu'au bénéfice de trois millions de ménages sans enfants en âge scolaire.
Une assurance chômage couvrira toute personne ayant perdu son emploi tout en ayant un emploi régulier, ce qui permettra aux citoyens de rester actifs sur le marché du travail sans être désespérés ou marginalisés.
Enfin, quelque 5 millions de personnes qui sont actuellement employées mais ne remplissent pas les conditions requises pour bénéficier d'une pension contributive lorsqu'elles atteindront l'âge de la retraite y auront droit une fois que le plafond de la cotisation minimale aura été abaissé. Cette solidarité garantira à ces citoyens un revenu vital qui, associé à des soins de santé universels, améliorera leur espérance de vie.
D'ici 2022, on travaille, avec un peu de retard, à la généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO), au profit de 22 millions de personnes supplémentaires qui bénéficieront d'une assurance couvrant les frais de consultation, de traitement et d'hospitalisation. Le nombre de travailleurs non rémunérés et de leurs familles qui bénéficient déjà de cette assurance dépasse la barre des six millions.
Les citoyens détenteurs d'une carte de santé RAMED pour les personnes fragiles et nécessiteuses, soit environ 11 millions de personnes, sont en train d'être transférés vers le système de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) depuis juillet dernier. Ils seront traités dans les mêmes conditions que les autres travailleurs. En d'autres termes, ils bénéficieront également de soins de santé privés et d'autres prestations de santé.
D'ici à la fin de 2022, la couverture à 100 % de l'assurance maladie obligatoire (AMO) devrait être achevée pour tous les citoyens. Cela débouchera sur la deuxième phase du projet en 2023, à savoir la généralisation des prestations familiales.
Ce macro-projet social a débuté par la signature de trois accords-cadres par les différentes administrations publiques impliquées, directement ou indirectement, le jour même de son lancement (avril 2021). Et, en un temps record, la loi-cadre sur la généralisation de la protection sociale a été approuvée lors de la séance plénière du 15 mars 2021. Aujourd'hui, la plupart des décrets d'application ont déjà été publiés au Journal officiel. D'autres verront le jour au fur et à mesure de l'avancement des différents programmes.
Malgré cela, il semble y avoir une certaine lenteur dans certains processus. Et ce n'est que le début. La partie la plus difficile est à venir. Pour ce macro-projet, il faut doter les administrations publiques d'un personnel suffisant pour gérer les applications. Outre la mise en œuvre d'une série de réformes structurelles profondes visant à améliorer les soins de santé en général, ainsi que le développement de systèmes numériques pour la gestion des hôpitaux, des cliniques externes, des ambulances et des pharmacies.
Bien sûr, la proportionnalité médicale doit être améliorée. Cela signifie qu'il faut éliminer le déficit de ressources humaines et matérielles, ainsi que leur répartition géographique inégale, en améliorant le rapport entre les ressources sanitaires efficaces et la population.
Des mesures d'accompagnement telles que la formation et le renforcement des compétences médicales des professionnels de la santé devraient également être adoptées. Si cela ne suffit pas, il faut recourir au personnel qualifié et aux talents marocains à l'étranger, ainsi qu'à l'initiative privée locale et aux investissements directs étrangers.
Le gouvernement d'Akhannouch est conscient des réformes structurelles qu'il doit adopter afin de mettre en place le nouveau système de santé. Il est également conscient de l'engouement de la société marocaine pour ce contrat social, qui représente une avancée majeure en termes de cohésion sociale et de lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Le président du gouvernement, Aziz Akhannouch, dispose d'un plan d'action complet et bien défini sous la forme d'une législation spécifique, avec des étapes et des délais détaillés, ainsi que des mécanismes de financement pour mener à bien cette initiative historique.
Par conséquent, rien ne devrait mal tourner étant donné la majorité confortable de la coalition au pouvoir.