Le Pérou ne parvient pas non plus à se remettre sur pied avec Castillo

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Après sa première année au pouvoir, le président péruvien, l'ancien enseignant rural Pedro Castillo, a anéanti les espoirs que la faible majorité avec laquelle il a gagné - à peine 44 000 voix - sur Keiko Fujimori, avait placés dans un personnage extérieur à la classe politique péruvienne hautement corrompue. Il est vrai que Castillo a fini par être le candidat de Perú Libre parce que le véritable leader, le néo-maoïste Vladímir Cerrón, a été disqualifié de toute fonction publique pour corruption. 

La corruption est précisément ce que M. Castillo avait promis d'éradiquer. Aujourd'hui, en faisant le bilan de sa première année, il s'avère que non seulement cette promesse n'a pas été tenue, mais que la corruption semble avoir collé comme une colle à l'entourage du président jusqu'à le contaminer. 

Une malédiction semble planer sur un pays dans lequel presque tous les présidents depuis 1990 ont été arrêtés, poursuivis ou sont en fuite et sous le coup d'un ordre d'extradition, sans compter le suicidaire Alan García lorsqu'il a vu qu'il ne pouvait échapper aux preuves de sa corruption par la méga entreprise brésilienne Odebrecht. 

Le président Pedro Castillo pourrait bientôt finir comme ses prédécesseurs. Il fait l'objet de cinq enquêtes judiciaires, la plus sérieuse portant sur la direction présumée d'une organisation criminelle. Ce sont des accusations très graves, portées par son ancien bras droit en tant que secrétaire de la présidence, Bruno Pacheco. Pacheco est intervenu lorsque l'accusation a réuni des preuves irréfutables qu'il avait abusé de sa fonction pour en tirer profit. Après avoir réfléchi pendant sa fuite, Pacheco s'est finalement rendu au bureau du procureur la semaine dernière et, en plus d'admettre les charges qui pèsent contre lui, il a mis en cause le président, qu'il a directement accusé d'avoir reçu 20 000 dollars de chacun des colonels de police en échange de leur promotion au rang de généraux et de leur envoi aux postes frontières pour "récupérer leur investissement". 

Cette affaire, ainsi qu'une autre cascade de cas de corruption tout au long de la première année de mandat de M. Castillo, ont été compilées par Alfredo Torres, président de l'institut d'opinion Ipsos Peru, dans l'analyse de la dernière enquête réalisée sur l'ensemble du territoire du pays. Selon l'échantillon, 74% des Péruviens désapprouvent l'administration du président qui était censé mettre fin au larcin permanent des responsables politiques et à leur collusion avec les concessionnaires de tous types de concessions. Par rapport aux 3 % de Péruviens qui jugent positivement le travail de Castillo, il est assez facile de voir qui ont été les principaux interlocuteurs et bénéficiaires des pots-de-vin. 

La gauche au travail, l'Assemblée constituante

Dans ce contexte, et dans cette atmosphère de chaos, il convient de noter que la principale préoccupation de la coalition de gauche au pouvoir n'a pas été de mettre fin à la corruption, mais de convoquer une Assemblée constituante. Dans ce but, ils coïncident avec l'ensemble de ce qu'on appelle l'Axe bolivarien (Cuba, Venezuela, Nicaragua et Bolivie) et aussi avec le Chili, qui devra bientôt juger par référendum s'il approuve la nouvelle Constitution issue de sa propre Assemblée constituante. Si une telle proposition n'a pas encore prospéré au Pérou, c'est parce qu'il leur manque une majorité au Congrès, qui a également rejeté les mesures économiques plus radicales préconisées par les partisans de Vladimir Cerrón. 

Dans le même temps, la division et la fragmentation parlementaires sont ce qui a empêché Castillo d'être démis de ses fonctions dans le cadre de la "vacancia por incapacidad moral permanente" (vacance pour incapacité morale permanente). Toutefois, après l'inculpation de Bruno Pacheco, ainsi que de l'ancien ministre des transports Juan Silva et de nombreux collaborateurs de rang inférieur, mais très proches du cercle présidentiel - il a nommé jusqu'à quatre cabinets ministériels cette année - il semble plus que probable que M. Castillo sera matériellement échaudé par les témoignages que tous peuvent apporter. 

La face la plus positive de ce panorama péruvien raréfié est celle que le président d'Ipsos décrit lui-même comme la mise à nu des eaux fécales pestilentielles de la politique péruvienne : la presse, dont les enquêtes et les dénonciations fondées ont préparé le terrain pour que le ministère public les transforme en enquêtes judiciaires, et la société civile, qui se mobilise comme jamais pour redorer le blason du pays et la confiance qu'il peut retrouver la prospérité sans passer inexorablement par le port des "arrebatacapas".  

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