L'Espagne entame son Iberexit vers l'autarcie énergétique

Electricity sector

Nous assistons au paradoxe suivant : le gouvernement de gauche le plus radical, comme la droite espagnole définit le gouvernement de Sánchez, est en passe de répéter les mêmes formules économiques que Francisco Franco : l'autarcie. L'Espagne se tourne vers l'Europe pour trouver une exception, une autosuffisance en dehors des règles que les partenaires de l'UE se sont fixées. Les Européens du centre et du nord considèrent avec une certaine méfiance la décision de la péninsule ibérique de ne pas participer à la réglementation commune en matière d'énergie. Ils y voient un moyen avantageux de prendre ce qui leur convient le mieux dans les corps communs et de rechercher l'exceptionnalité lorsque cela ne leur convient pas. C'est ce que l'on commence à définir comme l'"Iberexit".

Les paramètres dans lesquels le nouveau décret approuvé mardi par le Conseil des ministres fait des compagnies d'électricité les "paganinis" du parti, tandis que les compagnies de gaz, les véritables responsables du déséquilibre des marchés intérieurs et de la compétitivité, s'en tirent à bon compte.

Les deux années de crise provoquées par la pandémie ont entraîné une accélération de l'économie depuis l'été dernier, ce qui a fait exploser la demande et, par coïncidence, les prix de l'énergie. Mais lesquels ? En particulier ceux des compagnies de gaz et de pétrole. Il suffit de jeter un coup d'œil à leurs comptes de profits et pertes pour constater qu'ils ont clôturé l'année dernière avec des chiffres records.

Ce soufflé sur le prix des combustibles fossiles a été répercuté sur la société dans son ensemble et, évidemment, sur les marchés et l'industrie dépendante. Les compagnies d'électricité, par exemple, qui ont besoin de gaz pour compléter leur production, ont vu leur "produit" devenir plus cher. Et c'est précisément la demande généralisée d'électricité due à son intégration dans les foyers que les compagnies gazières et pétrolières ont mise à profit pour montrer du doigt les producteurs d'énergie propre.

Plus précisément, ils ont réussi à implanter le discours selon lequel les compagnies d'électricité se sont remplies les poches avec des "bénéfices tombés du ciel". En gros, cela signifie qu'ils facturent à l'heure au prix le plus élevé utilisé pour la production. Ceci est basé sur le fait que chaque système de production (énergies renouvelables, cycle combiné et nucléaire) est vendu à une valeur différente. Mais cela vaut la peine de descendre sur le terrain pour obtenir les chiffres exacts.

Les données sont très claires. L'affaire apparaît lorsqu'on compare le coût du gaz arrivant de l'extérieur de nos frontières avec celui qui était proposé sur le marché quotidien de Mibgas. Car, bien sûr, c'est le prix de référence pour les centrales à cycle combiné qui produisent de l'électricité. En septembre dernier, le chiffre était de 25 euros/MWh en moyenne, mais il a été offert à 65, soit 160 % de plus, selon les données de l'Association des entreprises d'électricité (Aelec).

Par conséquent, si les compagnies gazières réduisent leurs marges bénéficiaires, l'impact sur la facture énergétique des citoyens est immédiat et il n'est pas nécessaire d'intervenir sur le marché. 

Le gouvernement a choisi d'intervenir, c'est pourquoi les pays européens ont qualifié l'Espagne et le Portugal d'"Iberexit".

La position du gouvernement espagnol à l'encontre des compagnies d'électricité est frappante alors que, par ailleurs, 80 % de l'énergie qu'il produit est déjà bloquée, dans des contrats fixes à long terme. En effet, ils sont indexés sur le pétrole Brent et l'indice américain Henry Hub entre 35 et 40 euros/MWh. D'autre part, les compagnies de gaz offrent sur le marché Mibgas pas moins de 100 euros/MWh, ce qui signifie que les centrales à cycle combiné rendent alors l'électricité plus chère. Et ce sont ces centrales qui fixent le prix sur le marché marginal.

Les comptes sont donc clairs, et c'est pourquoi l'insistance du gouvernement à pénaliser l'électricité, même au prix de la violation des règles communes de l'UE, est incompréhensible.

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