Netanyahu récolte les fruits de sa politique de force

Netanyahu

Israël choisira le 17 l'image avec laquelle il voudra se montrer au monde, au moins dans l'avenir le plus immédiat : si celle de sa démocratie prônée, dans laquelle il n'admet pas qu'un dirigeant poursuivi pour corruption, fraude et abus de pouvoir soit accusé de former un gouvernement, ou sanctionne la politique du fait accompli, coûte que coûte, et que la fin justifie les moyens. Ce jour, précisément, coïncidera avec la comparution du Premier ministre par intérim, Benjamin Netanyahu, devant le tribunal qui le juge pour les trois accusations exposées, et la convocation du chef de l'État d'Israël, le président Reuven Rivlin, au leader politique qu'il confiera à la formation du gouvernement après les troisièmes élections tenues en l'espace d'un an.

Il n'y a pas non plus de vainqueur absolu cette fois-ci, puisque ni Netanyahou, le chef du Likoud conservateur, ni son principal adversaire, l'ancien général Benny Gantz, à la tête de l’alliance Bleu et Blanc, n'ont obtenu la majorité absolue sur les 120 sièges de la Knesset, le Parlement israélien. Cependant, Netanyahu et ses alliés d'extrême droite et des partis religieux ont un net avantage sur Gantz, grâce au retrait de sa propre coalition et du parti travailliste, autrefois puissant.

Pour la majorité absolue, Gantz n'aurait même pas assez de soutien de la Liste arabe commune, dont le grand résultat historique est le fruit des craintes suscitées par les décisions prises par Nétanyahou ces dernières années, coïncidant avec le séjour à la tête de la Maison Blanche du président Donald Trump.

Les mérites d'un animal politique

Personne ne pourra nier à l'animal politique chevronné qu'est Nétanyahou deux mérites qui se sont avérés décisifs : avoir obtenu pour la première fois le soutien inconditionnel et sans restriction des États-Unis, et connaître mieux que tout autre dirigeant le peuple israélien très divers. La présentation par Trump, en pleine campagne électorale israélienne, de sa proposition de paix au Moyen-Orient, qui réduit les aspirations du peuple palestinien à vivre dans des bantoustans clôturés, contrôlés et totalement dépendants de la volonté d'Israël, a été l'expression plastique du fait que les États-Unis ont renoncé à leur rôle d'arbitre crédible et acceptable dans le conflit israélo-palestinien. Mais aussi que la dureté imposée par Nétanyahou a récolté les fruits d'une victoire électorale, qui non seulement le maintien à la tête du gouvernement pour quatre années supplémentaires, une fois qu'il a déjà dépassé le fondateur de l'État, David Ben Gourion, à la tête du pouvoir, mais qui établit également le pouvoir d'Israël comme un pilier décisif dans la géopolitique de la région qui est dessinée. Une géopolitique qui inclut le renforcement de l'Arabie saoudite en tant que gardienne des Lieux Saints de l'Islam et guide du monde musulman, contre l'adversaire qui conteste sa primauté, un Iran qui est tenté de devenir une puissance nucléaire.

Nétanyahou a consolidé Jérusalem en tant que capitale éternelle et incontestée d'un État qui se proclame juif, ce qui ouvre la porte à la cessation de la citoyenneté israélienne à moyen terme pour les 20 % de la population arabo-palestinienne vivant en Israël. La Cisjordanie, territoire sur lequel l'Autorité palestinienne est toujours censée avoir un certain contrôle, va également consolider les colonies israéliennes, qui se sont étendues malgré les appels et les protestations d'une grande partie des membres de l'Union européenne. Parmi ceux-ci, il n'y avait pas le Royaume-Uni, déjà séparé, qui avait approuvé la proposition de Trump comme étant « sérieuse » et « positive ». Auparavant, Nétanyahou avait annexé définitivement le plateau du Golan, conquis sur la Syrie lors de la guerre des Six Jours (1967).   

Tout cela, en somme, a été capté par la majorité des citoyens israéliens, qui ont donné à Nétanyahou une victoire dont il a lui-même été surpris. Au-delà des considérations marginales, cela signifie que la majorité du pays s'aligne sur sa fermeté et approuve sa façon de les diriger. Les valeurs morales qui ont toujours été le grand trésor d'Israël, son autorité incontestable et son leadership intellectuel ne semblent donc plus être les mêmes. Il ne fait aucun doute qu'ils ont varié et relativisé. Un symptôme probable que le phénomène va se propager et infecter, dans ce cas pour le pire, une bonne partie du monde.
 

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