Un feu de signalisation pour gouverner l'Allemagne

Candidato elecciones en Alemania

Les résultats serrés des élections visant à désigner le successeur de la chancelière Angela Merkel ont entraîné une première conséquence : Mme Merkel restera à la tête du pays à titre intérimaire pendant au moins six mois supplémentaires. C'est le temps qu'il faudra aux dirigeants du parti social-démocrate (SPD) et du parti chrétien-démocrate (CDU) pour former une coalition qui permettra à la République fédérale d'Allemagne de former un gouvernement stable et aux 27 membres de l'Union européenne de savoir à quoi s'attendre dans un avenir difficile. 


Si l'énorme volume de votes par correspondance ne change pas les résultats finaux, il semble que le vainqueur de ces élections sera le vice-chancelier jusqu'ici en poste, le social-démocrate Olaf Scholz, dont la modération, tant dans son discours que dans ses actions à la tête de l'économie et des finances allemandes, a consolidé le leadership incontesté de l'Allemagne en Europe au cours de la dernière législature. Conformément à la pratique politique allemande moderne, il est donc le candidat qui aura pour tâche de forger les alliances nécessaires à la formation d'un gouvernement stable pour les quatre prochaines années. 


Pour Scholz, les 26% des voix sont clairement un grand triomphe, étant donné que son parti sortait du pire résultat depuis les années 1950. Ce n'est toutefois pas le cas du controversé Armin Laschet, qui a considérablement abaissé le terrain de 33% que Merkel elle-même a atteint lors des élections de 2017 à la tête de la coalition CDU/CSU. A eux deux, les grands partis obtiennent à peine la moitié des voix, ce qui confirme la profonde atomisation de la politique allemande, comme dans d'autres pays européens, et nécessite l'entrée dans l'équation d'autres acteurs. 


Éviter le risque de paralysie de l'UE

Logiquement, Scholz devrait, après de longues et sans doute ardues négociations, aboutir à une coalition de trois partis que l'on appelle déjà en Allemagne un "feu rouge" : le rouge du SPD, le vert des écologistes d'Annalena Baerbock et le jaune des libéraux du FDP de Christian Lindner. À eux trois, ils dépassent de peu la moitié de l'électorat, mais ce serait suffisant pour éviter à la fois une répétition des Grossen Koalitionen du SPD avec la CDU et l'entrée dans l'équation de Die Linke (La Gauche), la marque utilisée par les communistes de l'ex-RDA pour adoucir leur présentation à un électorat qui abhorre tout autant le nazisme que le communisme, les deux fléaux dont souffre la RFA d'aujourd'hui, malgré ces stigmates, leader incontesté de l'UE et quatrième puissance économique mondiale. 


Dans une large perspective européenne, et au nom de l'urgence requise pour faire face aux défis mondiaux actuels, il serait souhaitable que les négociations ne prennent pas trop de temps, sinon l'UE pachydermique sera paralysée, au moins jusqu'à une bonne partie du premier trimestre de 2022. Mais, outre les questions intérieures à débattre, il est plus qu'évident que tout ce sur quoi les membres de la nouvelle coalition gouvernementale allemande s'accorderont sera inexorablement projeté sur le reste de l'Europe. 


S'il est une chose sur laquelle il n'y a pas de désaccord concernant l'héritage de Mme Merkel, c'est que, malgré toutes ses lumières et ses ombres, elle a apporté la stabilité à une UE qui devra désormais faire face à la confrontation ouverte entre les États-Unis et la Chine et ses dérivés. Le nouveau chancelier doit donc relever l'énorme défi de renforcer l'Union européenne et de faire face aux fortes turbulences qui l'attendent. S'il hésite dans cette tâche, la première conséquence sera la méfiance d'un citoyen européen qui vient de se réveiller de son rêve de prospérité sans risque, ce qui nourrira ceux qui, à l'intérieur et à l'extérieur de l'UE, attisent les chiens du nationalisme, de la fragmentation, voire de l'implosion de la meilleure expérience de coexistence volontaire que le Vieux Continent ait connue dans toute son histoire.  


En Allemagne, mais aussi à titre d'exemple pour le reste de l'Europe, il serait souhaitable que la nouvelle coalition réforme sa propre loi électorale, au moins pour ne pas augmenter le nombre de députés à des niveaux inquiétants. En théorie, le Bundestag compte officiellement 598 sièges, mais la législature qui vient de s'achever en comptait 709 et la précédente 631. Lorsque les résultats des élections seront connus, le nombre de sièges au Bundestag pourrait atteindre environ 850, ce qui est clairement excessif. Cela est dû au système électoral selon lequel chaque électeur vote deux fois : au premier tour, il vote pour son représentant dans sa propre circonscription, et au second tour, il vote pour une liste de parti. 

La moitié des sièges est attribuée par mandat direct, et l'autre moitié par des candidats de liste de parti. Mais si un parti remporte plus de mandats directs qu'il n'y aurait droit par le second vote, le système lui-même génère plus de sièges pour assurer la proportion, mais compense aussi les autres partis. Il en résulte que, si cette dynamique devait se poursuivre, l'ancien bâtiment du Reichtag deviendrait bientôt trop petit pour accueillir autant de représentants de la souveraineté populaire.

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