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Une nouvelle Afrique après la pandémie

photo_camera La falta de oxígeno agrava la pandemia en África y América Latina

Le 1er janvier, la nouvelle Zone de libre-échange continentale africaine est entrée en vigueur. Le processus d'intégration économique et commerciale peut faire une différence dans la viabilité de la compétitivité économique du continent. Le projet fournira un marché unifié de 1,3 milliard de personnes et pourrait déterminer le succès de l'Afrique en tant que dernière frontière de la croissance mondiale.

La plupart des pays africains ont jusqu'à présent échappé aux pires conséquences du COVID-19, mais celui-ci menace la région de sa première récession depuis 25 ans. Certains pays procèdent à des réformes et à des investissements qui seront cruciaux pour un développement et une reprise durables.

Une nouvelle Afrique est possible

Une nouvelle Afrique émerge avec un sentiment d'urgence, un objectif et une aspiration à devenir autonome. Mais de nombreux obstacles doivent être surmontés pour que le bloc atteigne son plein potentiel.

Covid-19 a montré que l'Afrique est trop dépendante des exportations de matières premières et des chaînes d'approvisionnement mondiales. La région risque d'être laissée pour compte alors que d'autres régions reconfigurent leurs positions commerciales.

Dans le nouveau scénario économique post-COVID-19, les chaînes d'approvisionnement mondiales se raccourcissent, ce qui oblige l'Europe à modifier sa stratégie et à renforcer son partenariat avec le Sud. Il est essentiel de construire l'axe Europe-Méditerranée-Afrique et d'en faire un espace de compétitivité et de développement solidaire.

CFTA Zone de libre-échange continentale

La pandémie aggrave le manque de commerce interrégional, qui a empêché le continent de développer tout son potentiel. L'entrée en vigueur de la zone de libre-échange constitue donc une grande opportunité en accélérant l'intégration et en générant de nouvelles sources de prospérité à partir de son propre commerce et de ses flux intérieurs. 

Le marché unique africain peut faire passer son commerce intérieur de 18% aujourd'hui à 25% d'ici 2023. La mobilisation est immense, mais les récompenses le sont aussi - le facteur clé est l'intégration. 

Il existe de grandes différences entre le pays le plus riche et le pays le plus pauvre, mais aussi des préoccupations communes, le risque politique et le déficit démocratique contaminant la région par des conflits internes et transfrontaliers. Les obstacles à l'intégration régionale sont la sécurité, la faiblesse des infrastructures d'énergie et de transport et la faible capacité de transformation des produits. Une Afrique unie deviendrait le premier exportateur mondial de pétrole, d'or, de cuivre, de cobalt et de nombreux autres produits. En outre, la population atteindra 2,5 milliards de personnes d'ici 2050.  

Le continent n'est pas seulement riche en ressources, sa forte démographie, ses écosystèmes variés et sa diversité ouvrent de nombreuses options pour l'avenir. 

L'Afrique doit créer 100 millions d'emplois dans les 5 prochaines années pour faire face à la croissance démographique et aussi pour éviter de devenir le plus grand exportateur de migrants et le scénario idéal des pays en faillite. 

Il est urgent d'accélérer le rythme des réformes du système éducatif. Deux tiers des jeunes estiment que leur éducation n'est pas en phase avec le marché du travail. Combler cet écart permettrait de réduire la pauvreté de 13 % et les inégalités de 18 %. La proportion globale de la population vivant sous le seuil de pauvreté a diminué, mais la pandémie pourrait faire basculer la tendance vers l'extrême pauvreté.

L'intégration régionale peut accroître les investissements, la compétitivité et la taille des marchés et améliorer la participation des continents au commerce mondial.

En Afrique, les États doivent faciliter le rôle des entreprises et celles-ci doivent être le partenaire qui aide à résoudre les problèmes des citoyens. Les femmes peuvent également jouer un rôle clé. Ils sont déjà à la tête de 7,5 millions de microentreprises et de PME dans le secteur formel, et de quatre fois plus dans le secteur informel. Il faut réduire les obstacles qui créent des écarts entre les sexes et favoriser la libération économique et l'esprit d'entreprise des femmes.

Il est temps de relever les défis pour créer de la richesse et contribuer au bien commun en renforçant le tissu social d'une manière durable et respectueuse de la dignité humaine et de la nature. L'Afrique doit s'appuyer sur ses jeunes et ses femmes pour relever ses défis.