Une nouvelle ère pour le Parlement tunisien

"Nous écrivons une nouvelle page de l'histoire, dans laquelle les députés devront se débarrasser de la mentalité qui a prévalu pendant dix ans". C'est en ces termes que le président tunisien Kais Saied a exhorté la nouvelle Assemblée des représentants du peuple à devenir une simple caisse de résonance de ses décisions. Le message du véritable homme fort de la Tunisie a été délivré dans la ville de Ghardimaou, près de la frontière algérienne.  

Le nouveau parlement, dirigé par Brahim Bouderbala, ancien doyen de l'ordre des avocats et fervent défenseur du processus dit du 25 juillet, par lequel Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs, devra valider les décisions du président pratiquement sans controverse ni discussion, renouant ainsi avec la tradition des hommes forts providentiels du pays, brusquement interrompue avec le mouvement du "printemps arabe", déclenché précisément en Tunisie. La Tunisie est ainsi le premier pays à avoir vu le mirage d'un adieu aux oripeaux autoritaires du pouvoir, et le dernier à abandonner cette voie.  

La nouvelle constitution du pays, ratifiée à une écrasante majorité lors d'un référendum en juillet 2022, bien que seulement 30,5 % des électeurs se soient rendus aux urnes, accorde au président des pouvoirs considérables tout en réduisant drastiquement ceux des représentants du peuple. En effet, la loi fondamentale tunisienne permet au chef de l'Etat de dissoudre l'Assemblée des représentants quand bon lui semble, de gouverner par décret ou de s'arroger les pleins pouvoirs sans limitation de durée et sans contrôle des institutions indépendantes.  

En conséquence, la traduction pratique de tout cela est que le contrôle du législatif sur l'exécutif brillera par son absence. De plus, l'immunité supposée des députés est fortement limitée. Elle ne couvre pas "les délits d'injure, de diffamation ou de violence commis tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Assemblée". Les députés ne peuvent pas non plus utiliser leur immunité pour entraver le déroulement des travaux parlementaires.  

En somme, avec l'installation des nouveaux députés dans leurs sièges, "la nouvelle République" que Kais Saied avait promise aux Tunisiens lorsqu'il avait dissous la précédente Assemblée, pris les pleins pouvoirs et lancé un projet constituant visant à remettre sur les rails le pays qui, selon lui, avait glissé sur la pente de l'extrémisme et de la violence et avait conduit la Tunisie à une nette régression de ses paramètres économiques, a commencé à fonctionner. L'installation de la nouvelle Assemblée a également été précédée d'une hostilité généralisée à l'égard des immigrés subsahariens, suite aux déclarations accusatrices du président selon lesquelles "la forte augmentation de l'immigration clandestine en provenance de l'Afrique subsaharienne vise à changer radicalement l'identité ethnique et démographique du pays". Ces déclarations ont été suivies d'actes d'hostilité ouverte et d'agressions physiques dans la capitale et dans de nombreuses villes du pays, qui ont entraîné le départ massif et le rapatriement de milliers d'immigrants vers leur pays d'origine, principalement la Côte d'Ivoire. Le président avait décrété des punitions et des sanctions sévères pour ceux qui hébergent ou fournissent du travail à ces Africains arrivés illégalement en Tunisie.  

A cet égard, le nouveau président de la chambre législative, Brahim Bouderbala, l'un des principaux architectes du nouveau texte constitutionnel, a déclaré que la Tunisie serait "un pays sûr, de sorte que les investisseurs étrangers et les touristes puissent se sentir pleinement protégés". 

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