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Une Union européenne qui se réforme

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L'Union européenne a connu de nombreuses crises au cours de ses plus de sept décennies d'existence. Chacune d'entre elles, nous les avons surmontées grâce à notre unité. Mais cette unité est rarement une réflexion immédiate. Au contraire, notre première réaction face à une crise est toujours centrifuge. Nous cherchons refuge en nous-mêmes, dans nos institutions nationales, dans la force de nos nations. Mais, tôt ou tard, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas les seuls concernés et que nous ne sommes pas non plus capables d'apporter seuls des réponses efficaces aux problèmes transnationaux. Lorsque cette réalité s'installe, nous reprenons le refuge de l'unité européenne et nous nous mettons au travail pour apporter une réponse commune efficace. La crise du COVID n'a pas fait exception à ce schéma de centrifugation-réinstallation-unité. Mais elle s'est distinguée des autres crises, notamment la crise économique et financière de 2008-2012 et la crise des réfugiés de 2015, par le fait que le temps qui s'est écoulé entre la phase centrifuge et la recherche de solutions communes était presque inférieur à un mois. Cela peut sembler trivial, mais ce n'est pas le cas. Elle montre que nous apprenons des erreurs du passé et que, même si ce processus d'apprentissage est lent, il nous permet toujours de grandir face aux difficultés. Les Européens ne sont pas définis par les crises, mais par notre capacité à les surmonter.IEEE 

La crise du COVID a prouvé que l'Union européenne n'est pas seulement un instrument utile mais aussi un instrument nécessaire. La constellation de mesures prises par les institutions communautaires depuis le début de cette crise a été impressionnante. Là où elle a des compétences, mais aussi là où elle en manque. Tant dans le domaine de la santé que dans le domaine socio-économique. Dans le secteur de la santé, ce sont les États membres qui ont été dans les tranchées. Il ne pouvait en être autrement. L'Union européenne n'a pas de compétences autres que la coordination entre les États membres introduite par le traité de Maastricht. Cela ne signifie pas que les institutions n'ont pas agi pour apporter leur soutien. Les exemples sont nombreux et il convient d'en rappeler certains, car il s'agissait d'initiatives sans précédent dans l'histoire de l'Union européenne.IEEE

Au début de la pandémie, les institutions européennes ont offert 2 000 000 d'euros en matériel médical de protection et en respirateurs. Ils ont créé un stock stratégique d'équipements médicaux au niveau européen. Un forum de dialogue européen a été établi avec les industries de la santé pour accélérer leur production et avec d'autres types d'industries pour modifier leurs lignes de production et les adapter aux besoins de la crise. Les corridors verts européens ont assuré la libre circulation des dispositifs médicaux dans le marché intérieur face à la fermeture massive des frontières nationales. La frontière extérieure commune a été fermée. Plus de 500 000 citoyens européens qui se trouvaient dans des pays tiers ont été rapatriés. Aujourd'hui, nous sommes vaccinés parce que l'Union européenne a négocié des contrats de plusieurs millions avec l'industrie pharmaceutique pour défendre les citoyens européens. Tout cela, qui a été fait avec plus de succès que d'échecs, démontre que là où l'Union n'a pas de compétences, elle est encore utile si elle agit avec agilité en activant son muscle de compétences dans d'autres domaines pour servir les États et les citoyens.IEEE

Par ailleurs, en matière socio-économique, où l'Union européenne dispose d'un grand nombre de compétences, elle a également agi avec fermeté et rapidité. Conscientes que l'une des caractéristiques de l'identité européenne, nos systèmes de protection sociale, était en danger face à la crise, les institutions européennes ont adopté dès le départ une série de mesures fondamentales. Parmi ceux-ci, deux se distinguent par leur importance. La première est l'activation de la clause échappatoire du Pacte de stabilité et de croissance (qui permet de suspendre les critères relatifs à la dette et au déficit). Le second, le programme d'achat d'obligations nationales de la Banque centrale européenne (pour une valeur initiale de 750 milliards d'euros), qui atténue encore les conséquences économiques de la crise dans les États membres. Il y en a eu d'autres aussi. Une procédure accélérée pour les aides d'État afin que les États membres puissent fournir un soutien budgétaire en cas de besoin. Le déblocage (presque immédiat) de 37 milliards d'euros de fonds de cohésion pour la lutte contre le COVID. La Banque européenne d'investissement a créé un mécanisme supplémentaire de financement des PME d'une capacité de 200 milliards d'euros. Et le SURE a été créé, avec une dotation de 100 milliards d'euros comme régime de soutien temporaire pour réduire le risque de chômage pendant la situation de crise, et le MES, des lignes de crédit jusqu'à 240 milliards d'euros pour fournir des liquidités aux États membres qui le demandent. Enfin, aujourd'hui, nous avons déjà mis en place un instrument supplémentaire, le Fonds européen de sauvetage, qui, avec environ 750 milliards d'euros, aidera les États membres, au cours des six prochaines années, à atténuer une fois de plus l'énorme impact de cette crise. Ces mesures montrent que toute la puissance économique de l'Union européenne est concentrée sur la sortie de crise.IEEE 

Dès qu'il y a une crise, nous avons tendance à chercher des formules magiques, des baumes Fierabrás qui résolvent les problèmes. Cette tendance semble s'accentuer dans le nouveau monde que les réseaux sociaux et les nouvelles technologies ont découvert pour nous, où nous voulons des solutions et nous les voulons maintenant. Mais de telles formules existent rarement, pas même pour cette crise. Les mesures prises par l'Union européenne dans la crise du COVID sont fondamentales. Ils sont le fruit d'un effort collectif. D'un esprit réformateur qui bat fort au cœur du projet européen. Et face aux nouveaux défis que cette pandémie et ses conséquences à long terme ne manqueront pas de nous apporter, il est essentiel que l'Union européenne conserve la capacité de se réformer et d'innover en permanence pour être utile et aller de l'avant, ce qui est finalement la clé de la réussite de ce projet unique au monde. 

Gonzalo de Mendoza Asensi, licencié en droit, maître en politique internationale, secrétaire général de Citizens Pro Europe et fonctionnaire de l'Union européenne.

(Cet article ne représente que l'opinion personnelle de l'auteur).