Dans une lettre adressée au Haut Représentant Borrell, ils demandent à la Commission de prendre des mesures pour tenir l'État algérien responsable de la répression des manifestants

13 députés européens prennent position contre la persécution du Hirak en Algérie

"Nous demandons au Haut Représentant de prendre les mesures diplomatiques nécessaires pour tenir l'Algérie responsable de ces violations des droits de l'homme et de veiller à ce que la clause relative aux droits de l'homme des accords soit appliquée en vigueur", peut-on lire dans la lettre signée par 13 députés européens de différents partis et adressée au Haut Représentant Josep Borrell.

Elle fait référence à la persécution par l'État algérien des manifestants du mouvement dit du Hirak à partir de 2019, lorsque les rues d'Algérie étaient inondées de protestations pour une amélioration de la qualité de vie et la fin d'un système politique considéré comme corrompu et dépassé. 

Les députés ont exprimé leur inquiétude quant à la situation d'au moins 266 membres du mouvement Hirak qui restent emprisonnés, dont plusieurs militants des droits des femmes. La protestation adressée au Haut représentant Borrell intervient quelques semaines après la visite de la commissaire européenne à l'énergie, Kadri Simson, dans la ville algérienne d'Oran. Au cours de sa visite en Algérie, Simson a eu des entretiens avec des responsables algériens de l'énergie, à l'issue desquels elle a déclaré que l'Union européenne compte sur l'Algérie comme un partenaire majeur et fiable pour la fourniture de gaz et d'hydrocarbures. 

REUTERS/RAMZI BOUDINA  -   Manifestantes portan pancartas y banderas durante una protesta en la que se exige la destitución de la élite gobernante y el enjuiciamiento de antiguos funcionarios vinculados al ex presidente Abdelaziz Bouteflika

La visite de Simson visait à sécuriser de nouvelles voies d'approvisionnement pour l'économie énergétique européenne en difficulté, qui traverse ses moments les plus difficiles à la suite de la guerre en Ukraine et cherche sans relâche des alternatives à la Russie. Des États membres comme l'Italie et la France ont déjà élargi leurs relations avec l'Algérie sur le dossier du gaz. Entre-temps, l'État gouverné par le duo Tebboune-Chengriha a vu ses recettes augmenter à pas de géant grâce à la situation du marché de l'énergie. 

La première exigence des députés européens signataires est l'application de la clause relative aux droits de l'homme contenue dans l'accord d'association UE-Algérie, le principal traité qui constitue l'épine dorsale des relations entre l'UE-27 et l'Algérie depuis 2005. En effet, l'article 2 du traité stipule que "le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'homme, tels qu'énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel du présent accord". 

AP/JEAN-FRANCOIS BADIAS  -   Legisladores europeos se reúnen para votar en el Parlamento Europeo, el miércoles 6 de julio de 2022 en Estrasburgo, este de Francia

En novembre 2020, l'Union européenne a adopté une résolution exprimant son inquiétude quant au manque de respect des droits de l'homme en Algérie par les autorités et en particulier en ce qui concerne le dossier du Hirak. Selon les rapports d'Amnesty International cités par les députés soussignés, les manifestants du Hirak ont été arrêtés arbitrairement alors qu'ils participaient à des manifestations pacifiques. L'ONG affirme également qu'un certain nombre de personnes associées au mouvement ont été soumises à des actes de torture et à des mauvais traitements dans les commissariats de police et les locaux du gouvernement algérien, et qu'elles ont fait l'objet d'enquêtes disproportionnées et d'intrusions dans leur vie privée.

La plupart des députés européens soussignés sont membres des commissions des droits de l'homme et des affaires étrangères. Parmi eux, l'ancienne secrétaire d'État à la coopération internationale du dernier gouvernement Zapatero, María Soraya Rodríguez, ancienne députée européenne de Ciudadanos/Renew Europe. La présidente de la Commission des droits de l'homme, la socialiste belge María Arena, et la vice-présidente du groupe Renouveau européen, Frédérique Ries, ont également signé.
 

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