20 ans de guerre contre le terrorisme en 20 chiffres

REUTERSDAVE MARTIN - Le brigadier général James Mattis s'entretient avec des Marines américains des 15e et 26e unités expéditionnaires des Marines avant qu'ils ne quittent, dans un convoi de plus de 40 véhicules, une zone de rassemblement pour prendre le contrôle de l'aérodrome de Kandahar, en Afghanistan, le 14 décembre 2001.

Les États-Unis ont envahi l'Afghanistan à la fin de 2001 pour détruire Al-Qaïda, chasser les talibans du pouvoir et reconstruire la nation. Le 30 août 2021, les États-Unis ont achevé le retrait de leurs troupes d'Afghanistan, mettant ainsi un terme incertain à deux décennies de conflit.

Au cours des 11 dernières années, j'ai suivi de près les conflits de l'après-11 septembre pour le projet sur les coûts de la guerre, une initiative qui rassemble plus de 50 universitaires, médecins et experts juridiques et des droits de l'homme afin de rendre compte des coûts et des conséquences humains, économiques, budgétaires et politiques des guerres en Irak et en Afghanistan.

Bien sûr, les chiffres seuls ne pourront jamais donner une image complète de ce qui s'est passé et de ce que cela signifie, mais ils peuvent aider à mettre cette guerre en perspective.

Les 20 chiffres mis en évidence ci-dessous contribuent à raconter l'histoire de la guerre en Afghanistan.

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De 2001 à 2021

Le 18 septembre 2001, la Chambre des représentants des États-Unis a voté par 420 voix contre 1 et le Sénat par 98 voix contre 0 pour autoriser les États-Unis à entrer en guerre, non seulement en Afghanistan, mais dans le cadre d'un engagement à durée indéterminée contre "les responsables des récentes attaques lancées contre les États-Unis". La députée américaine Barbara Lee, de Californie, a émis le seul vote anti-guerre.

En d'autres termes, il a fallu au Congrès américain sept jours après les attentats du 11 septembre pour délibérer et autoriser la guerre.

Avec 7 262 jours entre la première attaque sur l'Afghanistan et le retrait définitif des troupes, on dit que c'est la guerre la plus longue de l'Amérique. Mais ce n'est pas le cas : les États-Unis n'ont pas officiellement mis fin à la guerre de Corée. Et les opérations américaines au Viêt Nam, qui ont débuté au milieu des années 1950 et ont comporté une guerre déclarée de 1965 à 1975, rivalisent également avec l'Afghanistan en termes de longévité.

Le président américain George W. Bush a déclaré aux membres du Congrès, lors d'une séance conjointe le 20 septembre 2001, que la guerre serait mondiale, illimitée et pourrait durer longtemps :

"Notre guerre contre le terrorisme commence avec Al-Qaïda, mais elle ne s'arrête pas là. Elle ne s'arrêtera pas tant que tous les groupes terroristes d'envergure mondiale n'auront pas été trouvés, arrêtés et vaincus (...) Les Américains ne doivent pas s'attendre à une seule bataille, mais à une longue campagne, comme nous n'en avons jamais vue.
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Les États-Unis ont commencé à bombarder l'Afghanistan quelques semaines plus tard. Les talibans se sont rendus à Kandahar le 9 décembre 2001. Les États-Unis ont recommencé à les combattre sérieusement en mars 2002. En avril 2002, le président Bush a promis d'aider à apporter une "paix réelle" en Afghanistan :

"La paix sera obtenue en aidant l'Afghanistan à développer son propre gouvernement stable. La paix sera obtenue en aidant l'Afghanistan à former et à développer sa propre armée nationale. Et la paix sera obtenue grâce à un système éducatif efficace pour les enfants.

La guerre mondiale contre le terrorisme ne se limite pas aux opérations en Irak et en Afghanistan. Les États-Unis mènent désormais des opérations antiterroristes dans 85 pays.

Le coût humain de la guerre

La plupart des Afghans vivant aujourd'hui n'étaient pas nés lorsque la guerre américaine a commencé. L'âge médian en Afghanistan n'est que de 18,4 ans. Si l'on tient compte de la guerre qui a opposé leur pays à l'Union soviétique de 1979 à 1989 et de la guerre civile des années 1990, la plupart des Afghans ont vécu dans un climat de guerre quasi permanente.

Selon le Bureau américain des statistiques du travail, il y a 980 000 vétérans de la guerre d'Afghanistan. Parmi ces hommes et ces femmes, 507 000 ont servi à la fois en Afghanistan et en Irak.

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À la mi-août 2021, 20 722 membres de l'armée américaine avaient été blessés au combat en Afghanistan, sans compter les 18 blessés de l'attentat perpétré par ISIS-K devant l'aéroport de Kaboul le 26 août 2021.

Parmi les anciens combattants qui ont été blessés et mutilés dans les guerres de l'après-11 septembre, beaucoup ont perdu plus d'un membre. Entre 40 et 60 % d'entre eux ont également subi une lésion cérébrale.

En fait, grâce aux progrès de la traumatologie, plus de 90 % des soldats afghans et irakiens blessés sur le champ de bataille ont survécu. De nombreux blessés graves ont survécu à des blessures qui, par le passé, auraient pu les tuer.

Au total, 2 455 membres des services américains sont morts dans la guerre en Afghanistan. Ce chiffre inclut les 13 soldats américains qui ont péri aux mains de l'ISIS-K lors de l'attaque de l'aéroport de Kaboul le 26 août 2021.

Le nombre de morts américains dans le cadre de l'opération "Liberté immuable" comprend également 130 militaires qui ont trouvé la mort dans des lieux autres que l'Afghanistan, notamment à Guantanamo Bay (Cuba), à Djibouti, en Érythrée, en Éthiopie, en Jordanie, au Kenya, au Kirghizstan, au Pakistan, aux Philippines, aux Seychelles, au Soudan, au Tadjikistan, en Turquie, en Ouzbékistan et au Yémen.

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Les États-Unis ont versé 100 000 dollars de "gratifications de décès" aux familles de chaque membre des forces armées tué dans la guerre en Afghanistan, pour un total de 245,5 milliards de dollars.

Plus de 46 000 civils ont été tués par toutes les parties au conflit afghan. Ils ont été tués directement par des bombes, des balles, des explosions et des incendies. Des milliers d'autres ont été blessés, selon la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan.

Et si le nombre d'Afghans quittant le pays a augmenté ces dernières semaines, plus de 2,2 millions d'Afghans déplacés vivaient en Iran et au Pakistan à la fin de 2020. L'Agence des Nations unies pour les réfugiés a indiqué fin août 2021 que, depuis le début de cette année, plus de 558 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays, ayant fui leur foyer pour échapper à la violence.

Selon les Nations unies, en 2021, environ un tiers de la population restée en Afghanistan souffrira de malnutrition. Près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.

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Le bilan comprend également les centaines de civils pakistanais tués dans plus de 400 frappes de drones américaines depuis 2004. Ces frappes ont eu lieu alors que les États-Unis cherchaient à tuer les dirigeants des talibans et d'Al-Qaïda qui avaient fui et s'étaient réfugiés dans cette région à la fin de 2001, après l'invasion américaine de l'Afghanistan. Des civils pakistanais ont également été tués lors de tirs croisés au cours des combats entre les militants et l'armée pakistanaise.

Le coût financier

En ce qui concerne le budget fédéral, le Congrès a alloué un peu plus de 1 000 milliards de dollars au ministère de la défense pour la guerre en Afghanistan. Mais globalement, la guerre en Afghanistan a coûté bien plus que cela. Si l'on inclut les dépenses du département de la défense, plus de 2 300 milliards de dollars ont été dépensés jusqu'à présent, y compris les augmentations du budget militaire de base du Pentagone dues aux combats, les dépenses du département d'État pour reconstruire et démocratiser l'Afghanistan et former ses militaires, les intérêts sur les prêts destinés à payer la guerre et les dépenses pour les anciens combattants dans le cadre du système des Anciens combattants.

Jusqu'à présent, le coût total de l'invalidité et des soins de santé des anciens combattants après le 11 septembre s'élève à environ 465 milliards de dollars jusqu'à l'année fiscale 2022. Et cela n'inclut pas les coûts futurs de tous les handicaps et soins médicaux des anciens combattants de l'après-11 septembre, qui, selon Linda Bilmes, universitaire de l'université Harvard, devraient ajouter environ 2 000 milliards de dollars au coût global des soins aux anciens combattants des guerres d'Irak et d'Afghanistan d'ici à 2050.

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La guerre en Afghanistan, comme beaucoup d'autres avant elle, a commencé par des évaluations optimistes d'une victoire rapide et la promesse d'une reconstruction à la fin de la guerre. Malgré l'avertissement de Bush selon lequel la campagne serait longue, peu de gens pensaient à l'époque qu'elle durerait des décennies. Mais 20 ans plus tard, les États-Unis comptent toujours leurs pertes.

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