Algérie : début des manœuvres militaires avec la Russie à Bechar
Les manœuvres militaires que l'Algérie et la Russie préparent depuis l'année dernière ont finalement pris fin à Bechar, la 3e région militaire. Selon les médias officiels du gouvernement algérien, les exercices dureront plusieurs semaines et se dérouleront sur la base militaire de Hammaguir. Les exercices ont lieu à seulement 50 km de la frontière avec le Maroc.
Le moment de l'annonce et de la confirmation des exercices, au cours des mois de 2022, a coïncidé avec les visites dans la région du secrétaire d'État américain Anthony Blinken, ce qui inscrit ces exercices dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la division entre la Russie et l'Occident.
La Russie maintient une forte politique de pénétration en Afrique, qu'elle poursuit avec un certain succès dans de nombreux pays du Sahel et d'Afrique occidentale. Grâce à son meilleur allié dans la région, l'Algérie, Moscou atteint ses objectifs. Selon les communications officielles, les exercices impliqueront une centaine de troupes russes en uniforme et un nombre similaire de soldats algériens.
Ce ne sont pas les premiers exercices conjoints algéro-russes de cette année. On notera en particulier les exercices russes Vostok 2022, l'un des plus grands exercices organisés par Moscou, pour lequel il invite habituellement tous ses alliés. Dans cette dernière édition, qui simule une défense et une attaque côtière dans un scénario pacifique, la participation de l'Algérie était une nouveauté.
Le rapprochement militaire entre la Russie et l'Algérie est notable depuis quelques semaines. Après avoir appris que l'Algérie allait augmenter son budget militaire de 130 % d'ici 2023, des sources spécialisées évoquent un accord de coopération militaire de 12 milliards de dollars entre les deux pays. Peu après que cette information a été rendue publique, le responsable russe des exportations d'armes et de la coopération militaro-technique, Dimitry Shugayev, s'est rendu à Alger la semaine dernière pour rencontrer le chef d'état-major de la défense, Saïd Chengriha, ainsi qu'une importante délégation de militaires et de diplomates.
Malgré le profil de Chougaïev en tant que chef du Service fédéral de coopération militaro-technique et sa spécialisation dans l'exportation de produits industriels militaires russes, les médias officiels algériens ont présenté la visite de Chougaïev comme la dernière étape de la préparation des détails des exercices militaires à Béchar.
Selon la déclaration, les exercices impliqueront des éléments des célèbres brigades "motostrelki", l'infanterie mécanisée du Caucase russe. Le motostrelki est l'une des épines dorsales des forces armées russes et utilise couramment des véhicules BMP, que l'Algérie a également intégrés dans ses forces armées. Les exercices pourraient porter sur la coopération entre les forces des deux pays dans l'utilisation et la tactique de ces véhicules, qui combinent le fantassin à pied et le véhicule blindé.
L'augmentation du budget de la défense en 2023 pourrait signifier un saut qualitatif dans les moyens dont dispose l'armée algérienne. D'après ce qui a été vu lors du grand défilé militaire organisé pour le 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, les forces armées algériennes ont besoin d'une série de mises à niveau de leur équipement.
En particulier, dans le cadre de ces manœuvres, ils pourront travailler avec des versions plus modernes du très répandu BMP, le véhicule de combat d'infanterie le plus répandu dans les armées aux vestiges soviétiques. L'Algérie dispose d'un certain nombre de BMP-1 et de BMP-2, dont certains ont été mis à niveau à un standard plus récent pour être équipés du missile antichar Kornet. L'Algérie devrait bientôt recevoir un lot de BMP-3.
