À la veille du voyage des ministres russes Lavrov et Shoigu en Turquie, et malgré le rejet par l'Ukraine des termes du pacte, Ankara annonce qu'un accord sur la reprise des exportations ukrainiennes de céréales et de blé est proche

Ankara affirme être en train de finaliser un accord avec Kiev et Moscou sur le marché ukrainien des céréales

AFP/DANIEL MIHAILESCU - Des travailleurs prélèvent des échantillons de maïs sur un navire chargé au quai 80 du port de Constanta, sur la mer Noire, le 3 mai 2022

La menace de pénurie de céréales résultant de l'invasion de l'Ukraine par la Russie est devenue, avec l'insécurité et la hausse des prix de l'énergie, l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés non seulement l'Union européenne, mais aussi une grande partie de la communauté internationale. Toutefois, cette question pourrait bientôt être résolue si le plan, élaboré par les Nations unies et parrainé par la Turquie, aboutit avec l'accord de la Russie et de l'Ukraine. 

Selon Hulusi Akar, le ministre de la défense ottoman, qui s'est adressé aux médias turcs lundi soir - dans des propos frappés d'embargo jusqu'à mardi - les autorités d'Ankara se rapprochent d'un plan visant à rétablir les exportations maritimes de céréales et de blé ukrainiens, même si le conflit se poursuit dans une partie du pays. "Nous faisons des efforts pour conclure cela le plus tôt possible".

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"De nombreux progrès ont été réalisés sur cette question", même si "le travail se poursuit encore sur les questions de planification technique", a ajouté le ministre, faisant référence au déminage des ports d'Odessa et d'autres régions de la côte ukrainienne, ainsi qu'aux autorisations d'inspecter les cargaisons des navires par la Russie, ce qui a suscité de fortes réticences du côté ukrainien. 

Le préaccord négocié principalement entre Ankara et Moscou désignerait la Turquie comme responsable du dédouanement des ports de la mer Noire et de l'escorte des navires ukrainiens transportant des céréales et des denrées alimentaires dans le corridor sécurisé, qui, à ce jour, ne s'applique qu'aux ports d'Odessa. Une fois dans les eaux neutres, les cargos ukrainiens seraient fouillés par des unités russes et, "au-delà du Bosphore, escortés par des navires de guerre russes pour assurer leur passage en toute sécurité et éviter les provocations", ont expliqué des sources du Kremlin au quotidien Izvestia. 

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Selon l'une des neuf conversations téléphoniques entre Poutine et Erdogan au cours des derniers mois, le chef du Kremlin avait déjà exprimé sa volonté de "faciliter le transit maritime sans entrave des marchandises", notamment "l'exportation de céréales à partir des ports ukrainiens". Sans toutefois préciser à aucun moment s'il faisait uniquement référence aux ports sous contrôle russe, comme ceux de Berdiansk, Kherson et Mariupol, ou également à ceux contrôlés par Kiev, comme Odessa. 

Cette proposition, jusqu'à présent la seule acceptée par le président russe Vladimir Poutine, a été élaborée en coopération avec l'ONU - dans le but d'éviter une crise alimentaire mondiale - et devrait être ratifiée en milieu de semaine, lorsque les ministres turcs des affaires étrangères et de la défense - Mevlut Çavuşoğlu et Hulusi Akar - recevront leurs homologues russes, Sergei Lavrov et Sergei Shoigu, respectivement, à Ankara. 

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"Les ministres échangeront leurs points de vue sur la crise ukrainienne et les perspectives de reprise des négociations de paix russo-ukrainiennes", a indiqué un communiqué de la diplomatie russe, évitant de donner des détails sur l'éventuel accord sur le grain. Les autorités turques ont toutefois conclu la réunion, et espèrent le faire, en annonçant un accord qui garantirait les exportations de céréales et d'autres denrées alimentaires en provenance d'Ukraine.  

Ainsi, entre le 8 et le 9 juin, la Turquie sera à nouveau le théâtre d'éventuelles avancées vers une résolution du conflit russo-ukrainien, comme ce fut le cas le 10 mars avec la rencontre entre Dmitro Kuleba et Sergei Lavrov à Antalya. Dans cette ligne, la Turquie continuera à se consolider comme médiateur dans la guerre, qui, au-delà d'assumer son rôle dans les "mécanismes d'observation" du corridor, pourrait aspirer à l'établissement éventuel d'un centre de contrôle et de coordination des cargaisons à Istanbul. 

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Un pré-accord que Kiev ne reconnaît pas

Toutefois, les relations manifestement étroites entre Ankara et Moscou, ainsi que la possibilité pour les forces russes de surveiller le contenu des cargos ukrainiens (censés empêcher le trafic d'armes) et de les escorter dans des eaux neutres, ont suscité une forte opposition de la part des négociateurs et des autorités de Kiev. Comme le rapporte l'agence de presse Bloomberg, des sources présentes lors des négociations ont déclaré que l'Ukraine rejette le contenu du préaccord, car elle craint également qu'en neutralisant les défenses côtières d'Odessa, Moscou n'en profite pour renforcer ses attaques contre la ville portuaire. 

"Poutine dit qu'il n'utilisera pas les routes commerciales pour attaquer Odessa, mais il a également assuré qu'il ne prévoyait pas d'envahir notre pays. Ses paroles ne valent rien", a publié le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kuleba, sur son compte Twitter officiel.

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