Nostalgie, solitude et mémoire dans le quatrième roman du franco-marocain Najib Arfaoui

Más allá del simple recuerdo

Pixabay - Tánger, Marruecos

L'écriture est souvent une passion secrète. Tout être humain, une fois qu'il a appris à le faire, éprouve le besoin de mettre par écrit ses sensations, ses sentiments, ses angoisses et ses désirs, généralement sur papier, quel que soit le format. Notes, journaux intimes, pages sinueuses, hommes et femmes gardent précieusement petits et grands secrets. Le Franco-Marocain Najib Arfaoui (Tanger, 1943) n'échappe pas à cette impulsion. Résidant en France depuis 1965, où sa carrière s'est toujours déroulée derrière le comptoir ou dans les bureaux d'une banque, il a construit ses récits sur la base de ses expériences d'enfance et de jeunesse, passées pour la plupart à Tanger et à Tétouan.

Ce n'est que lorsqu'il se libère de ce qu'il croit être les contraintes d'un travail qu'il juge scrupuleusement confidentiel, c'est-à-dire lorsqu'il atteint l'objectif de la retraite, qu'il commence à publier ses romans. Il a fait irruption sur la scène en 2017 avec "Tingis Café", suivi de "Vers cette rive inconnue" (2019) et de "La fille de Dar Baroud" (2020), tous en langue originale française, ainsi que de son quatrième roman, "Au-delà du simple souvenir" (Ed. L'Harmattan, 2021. 200 pages). À cette occasion, Arfaoui s'aventure à examiner - qui ne l'a pas fait ? - un volumineux album photo. Il s'attarde notamment sur un vieil instantané de sa classe, d'où jaillissent les souvenirs au point de découvrir et de faire remonter à la surface le côté sombre de sa propre existence.

Palacio real en Tetuán

C'est le risque de tout examen de sa propre vie, qui, dans le cas d'Arfaoui, prend tout son sens à un moment où il vit une solitude intense. Une seule image suffit à déclencher le processus cérébral qui fait remonter à la surface tant d'expériences et de vérités qu'il a toujours voulu rejeter, y compris les préjugés sordides qui ont conditionné son comportement et son inadaptation à la vie elle-même.

Le roman traverse une période fondamentale dans un Maroc convulsif qui atteindra sa pleine indépendance en 1956, et dans lequel ses anciens camarades de classe, ainsi que lui-même, bien sûr, seront déchirés entre de très graves doutes politiques, sociaux et, en somme, vitaux. La vieille photographie l'oblige à revisiter son passé, à enquêter sur ce que sont devenus ces camarades de classe, amis et moins camarades, reconstituant en même temps le puzzle de sa propre vie. Il finira par y intégrer la pièce qui lui manquait pour le compléter, et que personne n'avait jamais osé lui donner, tant le secret à dévoiler était difficile et ardu.

Comme tant de jeunes Marocains, éduqués dans le souvenir de la splendide histoire de la nation arabe, il réfléchit aux raisons pour lesquelles "le Maroc, comme tous les pays d'Islam, a hiberné si longtemps, tandis que l'Occident, alternant échecs et victoires, construisait patiemment les conditions de l'émancipation individuelle et collective".

libro-pedro-gonzález

Il reconnaît que l'Egypte de Taha Housein a doté sa génération d'un petit espoir capable de résister à la poussée du fondamentalisme obscurantiste, dont les Frères musulmans ont été le fer de lance. Il regrette "d'avoir cherché en vain les héros de notre histoire récente qui auraient pu prendre le relais de la renaissance arabe".

Il note que le Maroc s'est doté d'une monarchie constitutionnelle qui a facilité la libéralisation non seulement de l'économie, mais aussi des esprits. "Un État fondé sur l'état de droit est né alors que la réconciliation nationale était en cours. Le Maroc s'ouvrait au monde et devenait un pays attractif.  Il y retourne pour dépoussiérer ce qui bat au delà de ses souvenirs.      
 

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