Des créateurs de contenu comme la jeune Rim Ajakkaf ont réussi à briser les stéréotypes sur les vêtements de seconde main

En Marruecos, la ropa del mercadillo es más tendencia que nunca

photo_camera AFP/FADEL SENNA - Touristes faisant du shopping dans le vieux quartier de la ville marocaine de Marrakech

Les vêtements du marché aux puces sont de plus en plus populaires parmi les jeunes au Maroc, où des créateurs de contenu comme la jeune Rim Ajakkaf ont réussi à briser les stéréotypes sur les vêtements de seconde main en inspirant des styles plus élégants et plus modernes. 

Rim, une créatrice de contenu de 32 ans qui a étudié le design, collabore avec plusieurs marques et adore les vêtements de seconde main depuis son enfance. 

Une passion qui l'a poussée il y a trois ans, en pleine pandémie, à ouvrir des comptes sur Tik Tok et Instagram, où elle compte près d'un demi-million de followers. 

Depuis son appartement à Casablanca, elle partage des tutoriels sur les styles modernes avec des vêtements de seconde main. Selon elle, les jeunes ont désormais une meilleure perception des vêtements de seconde main. 

"Au Maroc, le vintage devient de plus en plus tendance. Les gens acceptent mieux l'idée et sont devenus plus favorables à ce type de vêtements, notamment en raison de leur dimension écologique", explique-t-elle dans une interview accordée à EFE. 

Le marché aux puces : une thérapie 

L'achat de vieux vêtements n'est pas un phénomène nouveau dans le pays du Maghreb. Dans les marchés populaires, il y a toujours eu des boutiques de vente de vieux vêtements, bien qu'ils soient généralement vendus en plein air sous des tentes. 

Communément appelés "joutiya" ou "l'bal" en dialecte marocain, ils sont fréquentés par des personnes de tous âges et de toutes classes sociales qui passent des heures à chercher parmi des piles de vêtements, de chaussures et de sacs des vêtements de marque à des prix commençant à 5 dirhams (40 centimes d'euro). 

"Il faut y passer toute la journée, on peut chercher beaucoup et trouver peu, mais on peut aussi trouver des produits uniques. 'L'bal' est comme une thérapie !", dit-elle en souriant tout en exhibant sa découverte préférée : une veste en cuir qui ne lui a coûté que 10 dirhams (80 centimes).  

Depuis son enfance, Rim a l'habitude de visiter tous les marchés aux puces des villes où elle et ses parents passent l'été et de collectionner des pièces "originales". 

"On me demandait comment j'avais acquis mon style, mais il m'était difficile de dire que c'était grâce aux vêtements des marchés aux puces. C'était mal vu, on disait que c'était du linge sale, qu'il y avait des maladies, que c'était des vêtements de pauvres, etc. Je n'avais pas envie de me justifier et j'évitais de répondre", dit-elle.

Mais tout a changé lorsque, enfermée, Rim s'est lancée dans les médias sociaux, publiant des tutoriels avec des "looks" modernes créés avec des vêtements de seconde main et a commencé à parler ouvertement du sujet. 

Mercadillo Marruecos

Dans mes premières vidéos, j'utilisais le mot "vintage", mais un jour, fatiguée de me taire, j'en ai fait une sur les vêtements que j'avais trouvés dans un marché aux puces de la ville de Mohamedia", explique-t-elle. 

Cette confession, ajoute-t-elle, a ensuite divisé ses adeptes en opposants et partisans, et ces derniers ont été soulagés lorsqu'elle a parlé ouvertement des vêtements qu'elle avait l'habitude d'appeler "friperie" ou "vintage", au lieu de dire "l'bal" parce que cela semblait péjoratif et stigmatisant. 

"J'ai été surprise que mes connaissances commencent à me demander des précisions sur les marchés que je fréquente", se réjouit-elle. 

L'bal se lance dans les réseaux 

La perception de la friperie a changé et ces vêtements sont passés des marchés aux puces aux plateformes numériques avec l'apparition ces dernières années dans le pays maghrébin de pages de vente de fripes sur les réseaux sociaux. 

Rim y achète aussi, mais à un prix plus élevé qu'au souk populaire. Grâce à ces plateformes, elle a trouvé certains de ses sacs préférés, comme le "lady Dior" ou le "jackie" de Gucci, à des prix avantageux. 

Dans sa chambre, on peut voir de longues rangées de chemises de tailles et de couleurs différentes, des vestes, des manteaux, des pantalons, des robes ; ainsi que de vieilles casquettes et des bérets suspendus ou sur une étagère, des livres de mode spécialisés, des dizaines de chaussures et des parfums de différentes marques. 

C'est aussi l'endroit où elle se présente devant son appareil photo pour publier ses tutoriels. Elle compte aujourd'hui plus de 370 000 followers sur Tik Tok et 99 000 sur Instagram. 

Avec sa "banque" de vêtements, elle se rend à des fêtes en combinant, par exemple, un long trench en cuir verni brillant provenant d'un marché aux puces avec des collants Fendi, ou bien elle réalise des vidéos pour des marques avec lesquelles elle collabore vêtue d'une jupe d'occasion et de chaussures à semelles florales semblables au personnage de Louisa Clark dans "Me Before You", qui lui ont coûté environ trois euros. 

"Le vintage, c'est comme la haute couture. Vous ne le portez que pour vous, ce qui vous donne une personnalité vestimentaire, car vous ne portez jamais la même chose que tout le monde. Au marché aux puces, on développe son propre style et on donne une nouvelle vie à ces vêtements".

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