La violence continue de s'intensifier en Afghanistan malgré l'accord conclu entre les États-Unis et les Talibans

Au moins 8 morts et 54 blessés dans un attentat à la voiture piégée en Afghanistan

photo_camera PHOTO/REUTERS - Un agent de sécurité afghan monte la garde sur le site d'une explosion à Kaboul, en Afghanistan, le 15 décembre 2020.

Huit personnes ont été tuées et au moins 47 autres blessées, principalement des femmes et des enfants, dans l'explosion d'une voiture chargée d'explosifs près d'un poste de police dans l'ouest de l'Afghanistan dans la nuit de vendredi à samedi, selon des responsables.

La puissante explosion a eu lieu vendredi soir à 21h20 (14h50 GMT vendredi) dans le 14e district de police, PD-14, dans une zone peuplée de civils, a déclaré à Efe un responsable de l'armée dans la province, requérant l'anonymat. La plupart des victimes de ces attaques ciblées sont des civils, notamment des militants des droits de l'homme, des intellectuels et des journalistes.

Le bilan de l'explosion dans la ville de Herat est de huit morts et 47 blessés. "Parmi les morts, il y a un membre des forces de sécurité et sept civils : deux hommes, deux femmes et trois enfants", a déclaré à l'AFP Jailani Farhad, porte-parole du gouverneur de Herat. Au moins 20 femmes et huit enfants ont été blessés, ainsi que huit membres des forces afghanes, a-t-il précisé. Des dizaines de maisons et de magasins ont été endommagés, a déclaré Farhad.

Transeúntes en el lugar de un atentado con vehículo bomba en Herat, Afganistán, el 13 de marzo de 2021. Foto REUTERS/Jalil Ahmad

Rafiq Sherzai, porte-parole de l'hôpital de Herat, a confirmé le nombre de victimes. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Tariq Arian, a confirmé le bilan des victimes et a déclaré à l'EFe qu'à ce jour, ils ont reçu huit morts et 47 blessés. Parmi les morts figurent un policier et sept civils, dont trois enfants, deux femmes et deux hommes. "Malheureusement, dans cette attaque, les terroristes talibans ont pris pour cible des civils", a-t-il ajouté sans donner plus de détails.

"Les blessés ont été évacués vers l'hôpital de Herat et reçoivent un traitement d'urgence (...) Cinq patients blessés sont dans un état critique et nos médecins tentent de leur sauver la vie", a déclaré Sherzai .

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Tariq Arian, a confirmé le même bilan dans un communiqué, mais a augmenté le nombre de blessés de 47 à 54. Selon M. Arian, au moins 14 maisons civiles ont été détruites dans l'explosion, qu'il a attribuée aux talibans.

Les Talibans, pour leur part, n'ont ni nié ni confirmé leur responsabilité dans cette attaque. Bien que les talibans aient commis moins d'attentats à la voiture piégée dans les zones urbaines depuis la signature de l'accord de paix avec les États-Unis en février dernier à Doha, le groupe a poursuivi ces attaques dans les zones rurales et à la périphérie des villes. Dans l'accord de Doha, les combattants ont promis de réduire considérablement la violence, en particulier leurs attaques dans les zones urbaines. Cependant, les insurgés continuent de pratiquer des attaques violentes dans le pays, notamment sous la forme d'assassinats ciblés dans les zones urbaines.

Bien que Herat, l'une des plus grandes villes du pays, reste sous le contrôle du gouvernement, elle est entourée de zones rurales où les combats font rage entre les forces afghanes et les talibans. L'attaque de vendredi n'a pour l'instant pas été revendiquée. Dans le cadre du processus de paix lancé l'année dernière, les talibans se sont engagés à ne plus mener d'attaques à grande échelle dans les centres urbains. Cependant, les grandes villes sont frappées depuis plusieurs mois par une vague d'assassinats ciblés de journalistes, de juges, de médecins, de personnalités politiques et religieuses et de défenseurs des droits. Les autorités afghanes et américaines ont imputé la responsabilité de ces meurtres aux talibans.

L'attaque d'Herat survient moins d'une semaine avant les pourparlers de Moscou entre les autorités afghanes et les insurgés, auxquels participent plusieurs délégations internationales. De son côté, la Turquie a annoncé vendredi qu'elle accueillerait des pourparlers de paix interafghans à Istanbul en avril.
 

REUTERS/JONATHAN ERNST  -   El presidente de Afganistán, Ashraf Ghani (izquierda), y el jefe del Ejecutivo afgano, Abdullah Abdullah (derecha)
Condamnation de l'ONU 

Le président afghan Ashraf Ghani a imputé l'attaque de vendredi soir aux talibans, déclarant qu'ils "poursuivent leur guerre et leur violence illégitime contre notre peuple" et "ont une fois de plus démontré qu'ils n'ont aucune intention de parvenir à une solution pacifique aux crises actuelles". Parallèlement, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné vendredi "dans les termes les plus forts le nombre alarmant d'attaques visant délibérément des civils en Afghanistan". Les membres du Conseil ont également "fortement encouragé les parties aux négociations (interafghanes) à prendre des mesures de confiance, y compris la réduction de la violence."

Malgré les pourparlers de paix entre Kaboul et les talibans qui ont débuté à Doha en septembre, la violence n'a fait qu'augmenter. En vertu de l'accord entre les États-Unis et les talibans signé sous l'administration du président américain Donald Trump en février 2020, les États-Unis se sont engagés à retirer toutes leurs troupes d'Afghanistan d'ici le 1er mai. Ce départ inquiète le gouvernement afghan, mais le président américain actuel, Joe Biden, n'a pas encore confirmé si l'échéance sera respectée.

Washington a récemment présenté aux autorités afghanes et aux talibans un projet d'accord de paix qui prévoit la création d'un "nouveau gouvernement inclusif", selon une lettre du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken révélée par les médias afghans. La Russie s'est prononcée vendredi en faveur de la formation d'une "administration" intérimaire incluant les talibans pour diriger l'Afghanistan.

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