Le Premier ministre israélien discutera de la "menace régionale" posée par l'Iran avec le président américain

Bennet effectue sa première visite officielle à Washington dans un contexte de tensions régionales accrues

photo_camera PHOTO/ARCHIVO - Bennett effectue sa première visite officielle à Washington dans un contexte de fortes tensions régionales

La visite du Premier ministre israélien Naftali Bennet aux États-Unis intervient à un moment difficile pour les deux pays. Washington est pleinement engagé dans l'évacuation de ses ressortissants en Afghanistan, suite à la chute de Kaboul aux mains des Talibans le 15 août. Israël, pour sa part, affronte la rencontre avec le président américain Joe Biden au milieu de violents conflits régionaux avec l'Iran et d'une recrudescence des hostilités avec la bande de Gaza.

Malgré cette situation compliquée, la réunion de haut niveau entre les deux pays est en bonne voie. M. Bennet a quitté l'aéroport Ben Gourion pour Washington avec pour principal objectif de dissuader les États-Unis de poursuivre les discussions sur un retour au pacte nucléaire iranien. "Il y a une nouvelle administration aux États-Unis et un nouveau gouvernement en Israël et j'apporte avec moi un nouvel esprit de coopération de Jérusalem", a souligné M. Bennet, quelques minutes avant de s'envoler pour les États-Unis.

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Dans une déclaration publiée par le bureau du Premier ministre avant son départ, M. Bennett a confirmé que la principale priorité de sa conversation avec M. Biden serait l'Iran, "en particulier le bond effectué ces deux ou trois dernières années dans le programme nucléaire iranien". Selon le média israélien Haaretz, une source diplomatique a déclaré que M. Bennett présenterait au président américain une "stratégie ordonnée" pour faire face à la menace posée par Téhéran.

"Il n'y a aucun intérêt à revenir sur l'accord nucléaire [de 2015]. L'Iran est maintenant au point le plus avancé de son programme nucléaire, du moins en termes d'enrichissement [de l'uranium]. Le rythme de l'enrichissement depuis 2018 est vertigineux et inquiétant", a expliqué la source. Israël s'attaquera également à la "menace régionale" posée par Téhéran "au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen et à Gaza, par voie maritime, aérienne et terrestre". Naftali Bennet a exprimé son opposition totale à un retour des États-Unis sur le Plan d'action global conjoint (JCPOA), qui limite le programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions économiques sur le pays perse. 

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L'ancien président américain Donald Trump a décidé unilatéralement d'abandonner l'accord sur le nucléaire iranien en 2018 et a réimposé des sanctions à la République islamique. Une décision largement applaudie par Israël, qui était ouvertement opposé à l'accord nucléaire. Avec l'arrivée de la nouvelle administration Biden, les États-Unis ont rouvert la voie à la récupération du pacte et six cycles de négociations ont eu lieu entre les différents pays membres du pacte et Téhéran. En outre, des contacts informels ont eu lieu entre les délégations américaine et iranienne.

Les pourparlers sont actuellement au point mort, avec l'espoir qu'ils reprendront à la mi-septembre. La formation d'un nouveau gouvernement en Iran et l'arrivée d'un nouveau président ultra-conservateur, Ebrahim Raisi, ont provoqué la méfiance des puissances occidentales qui s'attendent à ce que les négociations deviennent plus compliquées que sous l'administration précédente. De son côté, Téhéran a déjà déclaré qu'il ne reprendrait pas les pourparlers sur le pacte nucléaire tant que le nouveau président n'aurait pas formé un cabinet, mais a assuré que le nouveau gouvernement poursuivrait les efforts des pourparlers de Vienne. 

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Outre l'Iran, qui sera le principal sujet de la rencontre entre le premier ministre israélien et le président américain, d'autres questions telles que le conflit palestinien et le coronavirus occuperont également une place importante lors de la réunion. Sur la question palestinienne, peu de progrès sont attendus. L'administration Biden a préconisé une solution à deux États, tandis que Bennet n'est pas favorable à cette idée. Étant donné que le consensus sur le statut d'État palestinien est pratiquement impossible au sein du gouvernement israélien, Biden ne devrait pas faire pression sur Bennett pour qu'il fasse des concessions majeures aux Palestiniens lors de sa première visite à l'étranger.

Un autre point de discorde entre Bennett et Biden pourrait être les colonies de peuplement dans les Territoires palestiniens occupés. L'administration Biden s'est opposée à l'expansion des colonies juives sur les terres occupées. Jusqu'à présent, Bennet, qui a plaidé en faveur de l'annexion de certaines parties de la Cisjordanie, n'a pas été trop silencieux, et afin de ne pas créer de dissonance avant sa visite imminente à Washington, l'approbation de 2 200 nouveaux logements pour colons, prévue la semaine dernière, a été reportée.

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M. Bennet doit rencontrer aujourd'hui de hauts responsables de l'administration démocrate, notamment le secrétaire d'État Antony Blinken et le secrétaire à la défense Lloyd Austin. Entre-temps, la rencontre avec Joe Biden aura lieu demain à la Maison Blanche, leur premier face-à-face, dans un contexte de tensions accrues avec la bande de Gaza, trois mois après l'escalade de 11 jours entre Israël et le Hamas, le gouvernement de facto de l'enclave, qui a abouti à la mort de 265 Palestiniens et de 13 Israéliens.

Les négociations indirectes entre le gouvernement israélien et le Mouvement de la Résistance en vue de parvenir à un accord pour la reconstruction de la bande de Gaza ont été rompues la semaine dernière. En raison du blocus imposé à l'enclave et du manque d'aide, les partisans du Hamas ont lancé des ballons incendiaires dans le sud d'Israël et organisé des manifestations à la frontière, faisant craindre une recrudescence des violences.

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