Les dirigeants ont tenu une réunion en tête-à-tête pendant 45 minutes, à propos de laquelle ils se sont montrés optimistes lors d'une conférence de presse

Biden et Erdogan se rapprochent au sommet de l'OTAN

AFP/BRENDAN SMIALOWSKI - Le président turc Recep Tayyip Erdogan, à gauche, et le président américain Joe Biden, à droite, participent à une réunion bilatérale en marge du sommet de l'OTAN

Le président américain Joe Biden et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont tenu une réunion bilatérale mercredi à l'occasion du sommet annuel de l'OTAN à Bruxelles. La rencontre était le premier contact entre les deux dirigeants depuis que Biden a pris ses fonctions, et a permis de jauger les relations entre Washington et Ankara après des mois de tension.

La réunion promettait d'être la première épreuve du feu pour Biden avant de rencontrer Poutine, cependant, l'atmosphère était à la cordialité maximale entre les délégations, selon les personnes présentes. Erdogan a tenté de calmer les esprits avant la réunion en demandant à la presse de laisser les frictions de côté et de parler "de ce que nous pouvons faire ensemble".

Atalayar_Encuentro Joe Biden y Erdogan OTAN

Les dirigeants se sont rencontrés seuls pendant 45 minutes, suivis d'une réunion conjointe entre les délégations américaine et turque qui a duré plus d'une heure. Au cours de la réunion, les parties ont discuté des défis communs auxquels les deux pays sont confrontés au niveau régional et des points de désaccord qui ont entravé leurs relations bilatérales.

Biden et Erdogan se sont montrés optimistes à ce sujet, mais ils n'ont pas révélé de progrès concrets sur une quelconque question.

"Nous renforcerons notre coopération avec Biden conformément à ces objectifs dans la période à venir. Dans les relations entre la Turquie et les États-Unis, nous pensons qu'il n'y a pas de problème qui ne puisse être résolu, au contraire, nos domaines de coopération montrent une perspective plus large et plus riche que les problèmes", a déclaré Erdogan après la réunion.

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Pour sa part, le président Biden a assuré que Washington et Ankara réaliseront de "réels progrès" à l'avenir, et a qualifié la rencontre avec le président turc de "positive et productive." "Nous avons eu des discussions détaillées sur la façon de procéder sur une série de questions. Nos pays ont de grands agendas et nos équipes vont poursuivre nos discussions", a-t-il ajouté.

Le dernier face à face entre Biden et Erdogan a eu lieu en 2016 en Turquie. Le vice-président de l'administration Obama de l'époque s'est rendu à Ankara pour démentir les accusations qui incriminent les États-Unis dans la tentative de soulèvement contre le gouvernement turc.

"Le président Biden connaît très bien Erdogan", a reconnu le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan. "Les deux hommes ont passé beaucoup de temps ensemble, et tous deux sont, je pense, impatients de (...) vraiment avoir une occasion professionnelle de revoir l'étendue de leur relation", a révélé le conseiller à cet égard.

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En tout cas, l'histoire des accusations croisées entre les deux dirigeants est longue. En mai, le président turc a reproché au démocrate d'avoir "du sang sur les mains" après avoir soutenu Israël sur les armes, tandis que Biden a qualifié le dirigeant turc d'"autocrate" pendant la campagne présidentielle et a dénoncé ses détentions arbitraires.

En outre, les relations entre les États-Unis et la Turquie sont difficiles depuis le départ de l'ancien président Trump. Le démocrate a adopté un traitement plus combatif envers Erdogan, en grande partie à cause du retour au multilatéralisme proposé par son administration.

Le point culminant des tensions entre Washington et Ankara s'est matérialisé en avril, lorsque Biden est devenu le premier président américain à reconnaître les massacres d'Arméniens pendant le déclin de l'Empire ottoman comme un génocide. Erdogan, quant à lui, a évité de réagir pour ne pas mettre en danger l'état déjà précaire de son régime.

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Le président turc a atténué sa rhétorique anti-occidentale, car Ankara s'est engagé sur la voie de la pacification. Ces derniers mois, Erdogan a déployé une stratégie de rapprochement avec ses rivaux en matière de politique étrangère dans le but de renforcer son rôle à la tête de la Turquie, qui est en proie à une crise interne pressante résultant de la crise économique, sociale et politique.

Pour Ankara, le principal point d'achoppement est le soutien américain aux combattants kurdes en Syrie, considérés par la Turquie comme des "terroristes", selon le ministre turc de la défense Hulusi Akar. L'affaire judiciaire contre la banque d'État turque Halkbank à New York, accusée d'avoir violé les sanctions contre l'Iran, est un autre sujet de préoccupation pour le président ottoman.

Par ailleurs, le refus des autorités américaines d'extrader le religieux turc Fethullah Gülen, résidant aux États-Unis et accusé d'avoir dirigé le coup d'État de 2016, est également l'une des revendications d'Ankara.

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Entre-temps, parmi les plaintes de Washington et de ses partenaires occidentaux figurent l'achat du système antimissile russe s-400 par la Turquie, une décision qui a conduit à l'imposition de sanctions contre Ankara et au retrait du programme américain de chasseurs F-35.

Toutefois, les points les plus litigieux des relations bilatérales entre Ankara et les autres puissances occidentales résident dans l'implication de la Turquie dans les conflits en Syrie et en Libye, ainsi que dans le différend sur les hydrocarbures en Méditerranée orientale avec la Grèce.

La Turquie a été mêlée à des controverses au sein de l'OTAN, une organisation dans laquelle elle joue un rôle majeur en entretenant la deuxième plus grande armée.

Rencontre avec Macron

Avant la rencontre avec Biden, le président turc a eu une série d'entretiens avec d'autres dirigeants. Parmi eux, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique Boris Johnson et, finalement, le président français Emmanuel Macron, une nomination non moins controversée.

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L'objectif était de discuter des questions qui ont tendu les relations entre Ankara et Paris ces derniers mois, notamment après la mise en cause par Erdogan de la santé mentale de Macron en octobre. Les deux hommes ont discuté de la situation en Libye et en Syrie, selon l'Elysée. Macron a été particulièrement sévère à l'égard de la Turquie qui a "renié ses engagements" en renforçant sa présence militaire en Libye et en faisant venir des combattants armés de Syrie.

Le premier contact s'est avéré fructueux. "Le président Erdogan a confirmé lors de notre entretien son souhait que les mercenaires étrangers, les milices étrangères, opérant sur le sol libyen, partent le plus rapidement possible", a annoncé Macron lors de la conférence de presse qui a suivi.

"Nous avons accepté de travailler sur ce retrait. Cela ne dépend pas seulement de nous deux. Mais je peux vous dire que le président Erdogan a confirmé lors de notre entretien son souhait que les mercenaires étrangers, les milices étrangères, qui opèrent sur le sol libyen partent le plus rapidement possible", a développé le président français à l'issue d'un sommet des dirigeants de l'OTAN à Bruxelles.
 

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