Biden et Poutine auront une conversation téléphonique pour discuter des "prochains engagements diplomatiques"
Les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine s'entretiendront pour la deuxième fois en moins d'un mois. Cela a été annoncé par les autorités des deux puissances suite à une demande du président russe, selon des sources américaines. L'appel téléphonique est prévu à 23h30, heure de Moscou. Au cours de la conversation, "une série de questions seront abordées, notamment les engagements diplomatiques à venir avec la Russie", a déclaré Emily Horne, porte-parole de la sécurité nationale, dans un communiqué.
"L'administration Biden continue de mener des discussions diplomatiques approfondies avec nos alliés et partenaires européens, en consultant et en coordonnant une approche commune en réponse au renforcement militaire de la Russie à la frontière ukrainienne", a déclaré Horne dans le communiqué. Des sources de la Maison Blanche ont déclaré à CNN que le président Biden avait accepté la demande de Poutine parce qu'il estime que "lorsqu'il s'agit de la Russie, rien ne peut remplacer le dialogue direct de dirigeant à dirigeant".
Au cours de l'appel, le président américain exprimera à nouveau sa préoccupation concernant la présence de troupes russes à la frontière ukrainienne. En effet, lors d'une récente conversation entre le secrétaire d'État Antony Blinken et le président ukrainien Volodimir Zelensky, Blinken a réitéré le soutien "inébranlable" de Washington à "l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine face au renforcement militaire de la Russie".
L'Ukraine a été le principal sujet de la réunion virtuelle des deux dirigeants au début du mois, tandis que Biden menaçait de représailles économiques et autres si la Russie attaquait l'Ukraine. Poutine, pour sa part, a prévenu que son pays réagirait si "ses lignes rouges" étaient franchies, faisant référence aux exercices militaires de l'OTAN en Europe de l'Est. Le ton entre Washington et Moscou ne devrait pas changer lors des prochaines discussions, alors que les troupes russes près de la frontière ukrainienne continuent d'inquiéter l'Occident. Cette semaine, Josep Borrell, haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, a réaffirmé le soutien de l'UE à la "souveraineté et à l'intégrité territoriale" de l'Ukraine.
Au cours de cet appel téléphonique, Biden et Poutine mettront une nouvelle fois sur la table leurs exigences concernant la crise ukrainienne ; en outre, cette conversation sera le prélude à la réunion que tous deux tiendront le 10 janvier à Genève, ville où ils se sont rencontrés en juin dernier. "Au cours des discussions, nous nous efforcerons d'obtenir du côté américain des garanties juridiques fermes pour la sécurité de la Russie, à savoir aucune avancée de l'OTAN vers l'est et aucun déploiement de systèmes d'armes menaçant la Russie près des frontières de notre pays", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d'une conférence de presse.
Vladimir Poutine a également rencontré cette semaine son allié biélorusse Alexandre Loukachenko, avec lequel il a convenu de "poursuivre la coopération dans la construction d'avions", a rapporté l'agence de presse russe TASS. "Nous avons des usines civiles et militaires dans le secteur de la construction aéronautique, nous pouvons faire beaucoup pour la coopération, notamment parce que (ces projets) sont demandés par l'industrie aéronautique russe", a déclaré le président biélorusse. Poutine et Loukachenko ont également convenu d'organiser des exercices militaires conjoints au début de 2022. Lors de la rencontre, le président biélorusse a également remercié Moscou pour son aide dans le secteur économique suite aux sanctions imposées à Minsk par Bruxelles pour "l'escalade des graves violations des droits de l'homme en Biélorussie et la répression violente de la société civile, de l'opposition démocratique et des journalistes", selon le Conseil de l'Union européenne.
En pleine tension entre l'OTAN et la Russie au sujet de l'Ukraine, Vladimir Poutine a annoncé que la société Gazprom avait déjà rempli le gazoduc controversé Nord Stream 2. Le président russe a souligné que "Nord Stream est prêt à fonctionner" et que maintenant "tout dépend" de l'Europe, plus précisément de l'Allemagne, qui a suspendu le processus de certification jusqu'à ce que le projet réponde à toutes les exigences nécessaires. Poutine a fait référence à la grave crise énergétique à laquelle l'Europe est confrontée, "contribuera à résoudre le problème de la stabilisation des prix sur le marché européen", a-t-il expliqué. "Je rappelle que nous parlons de 55 milliards de mètres cubes par an", a-t-il ajouté.
Nord Stream 2 est controversé depuis sa construction. L'Ukraine, alliée de Bruxelles, serait la principale perdante si le gazoduc était mis en œuvre, car le câble ne passe pas par son territoire et Kiev perdrait des millions d'euros en frais de transit. D'autres pays, comme la Pologne et les États-Unis, se sont également opposés au gazoduc, estimant que Nord Stream 2 entraînerait un niveau élevé de dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Toutefois, la majeure partie du gaz qui atteint actuellement l'Europe provient déjà du monopole d'État russe Gazprom, bien qu'il passe par d'autres gazoducs : Yamal-Europe, qui traverse le Belarus et la Pologne, ou UPU, qui traverse l'Ukraine.
