Pékin et Téhéran signent un partenariat stratégique de 25 ans dans les domaines du commerce, de la politique, de la culture et de la sécurité

Chine et Iran : une union qui menace les Etats-Unis

AFP PHOTO / HO / Bureau de l'armée iranienne - Un marin iranien portant les drapeaux nationaux iranien et chinois lors d'une cérémonie à Chabahar dans le golfe d'Oman lors des exercices navals communs Iran-Russie-Chine

Ces dernières années, la Chine est devenue un acteur clé au sein du conseil d'administration du Moyen-Orient. Dans la région, Pékin vise avant tout les entreprises énergétiques. En 2015, la Chine est devenue le plus grand importateur de pétrole, près de la moitié de son approvisionnement provenant de la région du Moyen-Orient.

Mais pas seulement cela. La fuite d'un document a mis en évidence la nouvelle alliance entre la Chine et l'Iran. Les deux pays auraient signé un partenariat stratégique de 25 ans dans les domaines du commerce, de la politique, de la culture et de la sécurité. 

En juillet déjà, le ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avait annoncé que Téhéran était sur le point de signer un accord de partenariat stratégique à long terme avec Pékin, mais les détails n'étaient pas connus. 

El presidente iraní Hassan Rouhani (R) y el presidente chino Xi Jinping (C) revisan a los guardias de honor durante una ceremonia de bienvenida en la Pensión Estatal de Xijiao en Shanghai el 22 de mayo de 2014

La Chine et l'Iran ont tous deux des ambitions mondiales et régionales et entretiennent tous deux de fortes tensions avec les États-Unis, de sorte qu'ils partagent un ennemi commun.  

Selon le New York Times, l'accord prévoit que la Chine investira un total de 400 milliards de dollars dans le secteur bancaire, les transports et le développement de l'Iran, et qu'en retour, Pékin recevra un approvisionnement régulier et amical en pétrole iranien. 

Cet accord s'inscrit dans le cadre de l'initiative « Belt and Road » (BRI, par son acronyme en anglais), que le président chinois Xi Jinping entend étendre son influence économique et stratégique à travers l'Asie et l'Europe. 

Ce mégaprojet a été lancé par Xi Jinping en 2013 et baptisé « Nouvelle route de la soie ».Il traversera plusieurs pays de la région, devenant ainsi une route stratégique exceptionnelle, tant par voie maritime que terrestre, pour relier l'Asie, l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. 

PHOTO/AP - El presidente chino Xi Jinping, izquierda, saluda al presidente iraní Hassan Rouhani en la Cumbre de la Organización de Cooperación de Shangai (OCS) en Qingdao, en la provincia de Shandong, al este de China, el domingo 10 de junio de 2018

Le leader suprême iranien, Ali Khomeini, a donné le feu vert à cet accord de coopération, laissant la place au président Hassan Rohani et au ministre des affaires étrangères pour négocier l'accord.

Un atout pour l'économie 

Cette union bilatérale entre Téhéran et Pékin préoccupe particulièrement Washington, notamment en ce qui concerne l'aspect militaire de l'accord. La plus grande influence du géant asiatique en Asie de l'Est comme en Afrique a remis en cause les intérêts des États-Unis. 

Pour l'Iran, cet accord pourrait signifier le renflouement de son économie, car après les sanctions internationales et les problèmes de liquidité, avoir une garantie d'acheteur de pétrole en plus d'un grand investisseur a servi à calmer les marchés boursiers.  

La politique de « pression maximale » et les sanctions imposées à l'Iran par l'administration Trump ont réussi à étouffer le régime iranien.  Les taux d'inflation et de chômage records ont rendu nécessaire une sortie de crise pour l'économie iranienne. Le déplacement de Téhéran vers Pékin en a été l'une des conséquences et la Chine tire le meilleur parti des tensions entre les États-Unis et la République islamique.

PHOTO/ Oficina de la Presidencia iraní vía AP – El presidente chino Xi Jinping, a los lados, da la mano al Presidente iraní Hassan Rouhani, al margen de la cumbre de la Organización de Cooperación de Shangai en Bishkek, Kirguistán, el viernes 14 de junio de 2019

Les médias iraniens ont déjà commencé leur campagne de propagande pro-Chine et il est courant de lire et d'entendre dire qu'il est dans l'intérêt de la nation iranienne de se ranger du côté de la Chine. Mais malgré les bonnes nouvelles pour l'économie iranienne, la Chine est le grand gagnant de cet accord. 

Au loin de l'Inde  

Après que cet accord entre la Chine et l'Iran ait été rendu public, le journal indien The Hindu a rapporté que Téhéran avait décidé d'exclure l'Inde, alliée historique de la République islamique, d'un méga projet ferroviaire qui devait relier la ville portuaire iranienne de Chabahar à Zahedan, une ville proche de sa frontière avec l'Afghanistan. L'Iran a nié cette information du journal indien et a fait valoir qu'il « n'avait signé aucun accord avec l'Inde concernant le chemin de fer Zahedan-Chabahar ».

Au cours des 20 dernières années, la République islamique a soutenu les projets indiens visant à établir de nouvelles routes commerciales, mais la décision de New Delhi de cesser d'acheter du pétrole iranien et de se plier ainsi aux souhaits de Washington.  

AP/NOEL CELIS - El ministro de Relaciones Exteriores de China, Wang Yi (R), estrecha la mano del Ministro de Relaciones Exteriores de Irán, Mohammad Javad Zarif, durante su reunión en la Casa de Huéspedes del Estado de Diaoyutai en Beijing el 31 de diciembre de 2019

Ce nouveau partenariat affectera sans aucun doute les intérêts de l'Inde vis-à-vis de son principal ennemi, le Pakistan. L'introduction de la Chine dans les projets iraniens va faire saisir à Pékin l'opportunité de relier le port de Chabahar, au sud-est de l'Iran, à Gwadar au Pakistan. 

Ces liens sino-iraniens vont redessiner l'échiquier politique de la région et miner encore plus l'influence des États-Unis dans la région. Le déclin et l'incapacité des États-Unis à façonner la nouvelle réalité au Moyen-Orient ont laissé un vide qui est en train d'être comblé par d'autres puissances comme la Russie, l'Iran, la Turquie et maintenant la Chine. Contrairement aux États-Unis, le géant asiatique a adopté une position apolitique dans ses nouvelles alliances, privilégiant ses avantages économiques et commerciaux plutôt que la présence ou non de la démocratie, ou le respect ou non des droits de l'homme.

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