Les groupes favorables à Ankara en Syrie poursuivent leurs préparatifs pour soutenir les troupes turques lors de l'incursion. Les FDS dénoncent les récents bombardements qui ont fait deux morts

Coordination entre les milices kurdes et les forces gouvernementales syriennes pour faire face à la nouvelle opération militaire turque

photo_camera AFP/BAKR ALKASEM - Le 1er juin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré la menace d'une offensive militaire dans le nord de la Syrie, qui viserait selon lui les "terroristes" kurdes.

Le gouvernement syrien de Bachar el-Assad et les milices kurdes du nord du pays ont convenu d'établir un plan de défense commun face aux menaces turques d'une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie. Fin mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé une incursion dans la région dans le but de créer des zones de sécurité de 30 kilomètres pour "combattre les menaces terroristes dans ces régions".

Depuis 2016, Ankara a lancé plusieurs opérations dans la région - Bouclier de l'Euphrate (2016), Rameau d'olivier (2018) et Bouclier du printemps (2020) - visant à vaincre les groupes militaires kurdes tels que les Unités de protection du peuple (YPG) ou les Unités de protection des femmes (YPJ) liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considérées comme des organisations terroristes par la Turquie.

AFP/OMAR HAJ KADOUR  -   Soldados turcos están de pie ante la gente que se manifiesta mientras aseguran un tramo de la autopista M4, que une las provincias sirias septentrionales de Alepo y Latakia, Siria

Nouri Mahmoud, porte-parole des YPG, une milice alliée des États-Unis, a déclaré qu'ils "travaillent avec les responsables syriens pour élaborer un plan de défense afin de faire face à toute agression turque", rapporte Asharq Al-Awsat. Selon Mahmoud, il y a eu des "développements positifs".

Le porte-parole a également assuré qu'ils sont en "contact permanent" avec la coalition internationale contre Daesh et la Russie. "Nous attendons d'eux qu'ils jouent un rôle efficace pour préserver la stabilité et protéger les civils dans le nord-est de la Syrie", a ajouté Mahmoud.

​  AFP/DELIL SOULEIMAN - Un vehículo blindado estadounidense pasa por delante de una valla publicitaria de las Unidades de Protección de las Mujeres (YPJ) kurdas sirias, en la ciudad nororiental siria de Qahtaniyah, en la frontera con Turquía, el 31 de octubre de 2019  ​

Farhad Shami, chef du centre médiatique des Forces démocratiques syriennes (FDS), a qualifié le dialogue avec Damas d'"accord militaire pour repousser toute éventuelle invasion turque". Dans des propos rapportés par le journal arabe, Shami a déclaré que 550 troupes gouvernementales étaient arrivées en début de semaine dans les régions tenues par les FDS, notamment à Ain Issa, au nord de Raqqa. "Les troupes combattront aux côtés des FDS si la Turquie maintient sa menace d'envahir la zone", a ajouté Shami.

Près de cette ville, Shami a dénoncé un bombardement brutal des forces pro-turques qui a coûté la vie à deux civils. "L'occupation turque et ses mercenaires attaquent délibérément et presque quotidiennement des zones soutenues par un accord de cessez-le-feu pour vider leur population", a écrit Shami sur Twitter.

PHOTO/AP - Miembros de las Fuerzas Democráticas Sirias son fotografiados en la ciudad de Hasakeh, en el norte de Siria, el 24 de enero de 2022

L'armée syrienne, quant à elle, renforce ses positions militaires face à une éventuelle incursion turque. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a signalé l'arrivée de dizaines d'armes lourdes, de chars et d'un convoi militaire de plus de 50 véhicules dans les régions du nord du pays, comme Manbiy.

En juin dernier, les FDS ont annoncé qu'elles se coordonneraient avec les forces gouvernementales syriennes pour empêcher toute invasion turque et protéger le territoire. Il a même été suggéré une possible coordination entre les milices kurdes et chiites soutenues par l'Iran

​  AFP/BAKR ALKASEM - Combatientes sirios respaldados por Turquía se reúnen en sus cuarteles en la ciudad de al-Bab, en la provincia de Alepo, antes de dirigirse a Manbij, en el norte de Siria, el 1 de junio de 2022  ​

Comme l'a révélé une source militaire haut placée des FDS à Mohammed Hardan d'Al Monitor, "l'Iran cherche à protéger les villes à majorité chiite de Nubl et d'Al-Zahraa, qui sont situées près de zones contrôlées par l'opposition soutenue par la Turquie". Ces villes seraient en danger si les troupes turques prenaient le contrôle de nouvelles zones après le lancement de l'opération militaire d'Ankara.

" Les YPG sont obligés de coopérer avec Damas et ses alliés, que ce soit l'Iran, la Russie ou le Hezbollah. Ils pensent tous qu'une incursion turque pourrait devenir permanente, menaçant l'intégrité territoriale de la Syrie et le nettoyage ethnique des Kurdes", explique à Al-Monitor Joshua Landis, expert du Moyen-Orient et de la Syrie. Landis souligne également que les Kurdes du nord de la Syrie préfèrent le gouvernement de Damas à celui d'Ankara. "Assad ne peut pas gouverner le nord de la Syrie sans les Kurdes et les Kurdes ne peuvent pas se protéger sans travailler avec Damas", ajoute-t-il. 

AFP/BAKR ALKASEM  -   Combatientes apoyados por Turquía en Siria

Alors que les différentes factions syriennes se coordonnent en vue de l'opération militaire turque imminente, les forces de l'Armée nationale syrienne (ANS) soutenues par Ankara poursuivent leurs préparatifs pour soutenir les troupes turques "contre les groupes terroristes dans le nord de la Syrie", rapporte le journal progouvernemental turc Daily Sabah. "Il y a des milliers de combattants prêts à rejoindre l'armée turque", a déclaré à Reuters Abdul Salam Abdul Razak, un commandant de l'opposition syrienne.

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