Les autorités militaires ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les manifestants pour les empêcher de se diriger vers le palais présidentiel

De nouvelles manifestations au Soudan font au moins 6 morts

PHOTO/ARCHIVO - Manifestations contre le coup d'État militaire, Soudan 

Au moins six personnes ont été tuées au Soudan lors d'une violente répression contre des manifestants qui défilaient contre le gouvernement militaire qui dirige le pays depuis le coup d'État organisé par l'aile militaire dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan en octobre dernier. 

Lors des manifestations dans le centre de Khartoum, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants et utilisé des canons à eau pour tenter de retenir la foule qui se dirigeait vers le palais présidentiel, selon des témoins. 

  Les manifestations à Khartoum, ainsi que dans les villes d'Omdurman et de Bahrin, auraient rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Selon des témoins sur place, il s'agissait des plus grands rassemblements de l'année. Dans la ville d'Omdurman, il a également été fait état de tirs d'armes à feu et de gaz lacrymogènes, ce que l'ONU a dénoncé. 

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Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré qu'il était préoccupé "par l'utilisation continue d'une force excessive par les forces de sécurité gouvernementales au Soudan lorsqu'elles répondent aux protestations, et en particulier par ce que nous avons vu aujourd'hui". 

  Il a souligné qu'"il est impératif que les gens soient autorisés à s'exprimer librement et pacifiquement, et que les forces de sécurité de tout pays doivent être là pour protéger le droit des gens à le faire, et non pour l'entraver". 

Il a ensuite souligné l'importance pour "toutes les parties de parvenir à une solution politique inclusive dès que possible, menant à un retour à l'ordre constitutionnel et à des transitions démocratiques". 

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Ces dernières manifestations ont marqué le troisième anniversaire des manifestations de masse qui ont réussi à renverser l'ancien dictateur, Omar al-Bashir, et ont conduit à une période de transition au cours de laquelle des tentatives ont été faites pour diviser le pouvoir politique entre les factions civiles et militaires, dirigées à l'époque par l'ancien ministre, Abdullah Hamdok. 

Trois ans se sont écoulés depuis le renversement d'Al-Bashir. Depuis lors, le processus politique du Soudan n'a pas été entièrement stable. Dans un premier temps, la nomination de Hamdok au poste de Premier ministre a donné au peuple soudanais l'espoir que, pour la première fois dans l'histoire du pays, des élections démocratiques pourraient être organisées. Cependant, le soulèvement militaire mené par al-Burhan et l'arrestation de plusieurs dirigeants de l'opposition ont contrarié le processus de transition qui pourrait conduire à des élections. 

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Lors de ces nouvelles manifestations, certains manifestants portaient des banderoles demandant que justice soit rendue aux personnes qui avaient été tuées pendant les protestations. D'autres ont continué à protester contre le gouvernement militaire, en scandant "Burhan, Burhan, retournez à la caserne et remettez vos entreprises", une référence aux possessions économiques dont disposerait l'armée soudanaise. 

Pour la première fois depuis l'exécution du coup d'État, au cours des mois de protestations contre le soulèvement militaire, les services téléphoniques et Internet ont été sévèrement coupés. Après la prise du pouvoir par les militaires, des coupures d'électricité ont été imposées pour tenter d'endiguer les manifestations et la dissidence. Les opérateurs de télécommunications ont déclaré à Arab News que les autorités leur avaient ordonné de couper une nouvelle fois les connexions Internet jeudi. 

De même, les appels téléphoniques au Soudan ont été bloqués et les forces de sécurité ont fermé plusieurs ponts reliant le Nil à Khartoum, Omdurman et Bahri, une pratique courante lorsque des manifestations de masse ont lieu dans le pays. Plusieurs manifestations ont également eu lieu dans de nombreux quartiers ces derniers jours.  

  

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Selon les services de santé, un enfant aurait été abattu par les forces de sécurité lors des manifestations. En outre, les quatre décès survenus lors des manifestations d'Omdurman portent à 107 le nombre total de manifestants qui auraient été tués depuis le coup d'État. Ils font également état d'un grand nombre de blessés et de tentatives des autorités de prendre d'assaut les hôpitaux de Khartoum, où des services médicaux étaient fournis à plusieurs manifestants blessés, selon le Comité central des médecins soudanais.

Pour sa part, l'envoyé des Nations unies au Soudan, Volker Perthes, a appelé les autorités soudanaises à respecter leur promesse de protéger le droit de réunion pacifique et a averti que "la violence contre les manifestants ne sera pas tolérée".

À ces déclarations, al-Burhan a répondu que l'armée "attendait avec impatience le jour où un gouvernement élu pourrait prendre le relais". Toutefois, il a réaffirmé que cet objectif ne pouvait être atteint que par un consensus obtenu par les urnes, et non par des manifestations. 

  

  

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