M. Raisi a choisi plusieurs fonctionnaires sanctionnés par les États-Unis comme ministres, tandis que le choix du nouveau chef des affaires étrangères suscite des doutes quant aux négociations de Vienne

Des listes de sanctions de Washington au gouvernement de Téhéran

Presidencia iraní/AFP - Le président iranien Ebrahim Raisi présidant une réunion du cabinet à Téhéran, le 8 août 2021

Le nouveau président iranien, Ebrahim Raisi, a présenté la liste de son futur cabinet ministériel. Les choix du clerc conservateur ont suscité la méfiance des pays occidentaux en raison des opinions radicales des politiciens choisis. Parmi ces ministres, on trouve par exemple Hossein Amir-Abdollahian, qui a été choisi pour remplacer Javad Zarif à la tête du ministère des affaires étrangères. Amir-Abdollahian est un diplomate conservateur aux perspectives anti-occidentales, proche des Gardiens de la révolution et du groupe chiite libanais Hezbollah. "Amir-Abdollahian est un diplomate à la ligne dure... Si le ministère des Affaires étrangères reste en charge du dossier nucléaire iranien, il est évident que Téhéran adoptera une ligne très dure dans les négociations", a déclaré à Reuters un négociateur nucléaire iranien.

Les négociations de Vienne en vue d'un retour à l'accord nucléaire sont dans un état d'incertitude en raison de la récente nomination d'Amir-Abdollahian au poste de ministre. Le sixième cycle de négociations a eu lieu le 20 juin, mais les parties concernées n'ont pas encore fixé de nouvelle date pour la prochaine réunion. "Il y aura des changements, car nous verrons le limogeage de tous les fonctionnaires associés à Hassan Rohani et, en contrepartie, nous verrons la nomination de dirigeants pro-conservateurs et pro-gardes révolutionnaires", a déclaré Nigar Mortazavi, expert en études iraniennes, à Asharq News.

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L'élection d'Amir-Abdollahian montre également à quel point la politique régionale sera importante pour le nouveau gouvernement iranien. Le diplomate a été ambassadeur à Bahreïn, a été vice-ministre des Affaires étrangères pour les affaires arabes et africaines entre 2011 et 2016, et a été chef de mission adjoint à l'ambassade d'Iran à Bagdad de 1997 à 2001. En plus de ses postes de direction, il a également été secrétaire général de la Conférence internationale de soutien à l'Intifada palestinienne.

Ministres sanctionnés par les États-Unis

Le choix de certains ministres commence à dessiner les futures relations de M. Raisi avec Washington. Le président iranien a choisi un certain nombre de personnalités approuvées par les États-Unis pour occuper des postes clés tels que la défense et l'intérieur. Parmi les noms les plus connus figure celui du général de brigade Mohammad Reza Qurai Ashtiani, qui a été sanctionné par l'administration Trump en janvier 2020. M. Ashtiani a été accusé, avec huit autres responsables iraniens, d'avoir participé à des attaques de missiles contre les forces américaines en Irak. L'ancien secrétaire d'État Mike Pompeo a qualifié les personnes sanctionnées de "responsables de la violence du régime dans leur pays et à l'étranger".

En novembre dernier, l'agence de presse iranienne Tasnim a cité M. Ashtiani, qui a déclaré que les forces armées iraniennes étaient "prêtes à faire face à toute menace". En outre, en février 2020, le général a noté que la force militaire du pays était "plus grande que jamais".

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Le nouveau ministre de l'intérieur, Ahmed Wahidi, est également visé par des sanctions américaines et européennes. En outre, l'ancien ministre de la défense a obtenu en 2007 un mandat d'arrêt d'Interpol pour sa possible implication dans l'attentat à la bombe contre l'Association mutuelle israélo-argentine (AMIA) en 1994. Malgré ces accusations, l'Iran a toujours nié toute implication dans l'attentat contre le centre juif de Buenos Aires, qui a fait 85 morts.

Le ministre désigné du pétrole, Javad Owji, figure également sur la liste des personnes sanctionnées par Washington. M. Owji possède une grande expérience, puisqu'il a été vice-ministre du pétrole et directeur général de la National Iranian Gas Company.

Ezzatallah Dargami a été nommé à la tête du ministère iranien du patrimoine, de la culture et du tourisme. Comme dans le cas précédent, les États-Unis ont imposé des sanctions à M. Dargami pour avoir "obtenu par la force des aveux de détenus politiques".

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Bien que le ministre de l'économie Ehsan Khandozi ne soit pas visé par les sanctions américaines, il a condamné les mesures prises par Washington à l'encontre de personnalités américaines. "Les États-Unis ont mis en place une guerre économique appelée sanctions, si nous voulons réussir dans cette guerre, nous devons la voir comme eux, comme une vraie guerre. Nous devons former un comité de guerre appelé "anti-sanctions" au sein de l'Assemblée consultative islamique", a déclaré M. Khandozi. Le nouveau ministre, universitaire en économie et membre du Parlement, devra faire face à la profonde crise économique qui touche le pays.

Le cabinet, qui ne comprend aucune femme, devra être approuvé par le parlement national. Toutefois, comme l'explique Hassan Hashemian, expert des affaires iraniennes, à Asharq News, le Guide suprême Ali Khamenei donnera son approbation à l'exécutif. "Khamenei cherche, à travers la formation de ce gouvernement, à envoyer le message que son pays est attaché au fondamentalisme et aux principes bien connus du régime iranien", explique M. Hashemian. 

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