L'OTAN réaffirme son intention d'agir si la situation à la frontière se détériore

Échec de la tentative de l'UE de désamorcer la crise de la scolarité en Serbie-Kosovo

REUTERS/JOHN THYS - Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell

Le président de la Serbie, Aleksandar Vučić, et le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, se sont rencontrés à deux reprises cette semaine à Bruxelles. Pour la première fois depuis plus d'un an, les dirigeants des Balkans se sont rendus dans la capitale européenne à la demande de l'Union européenne pour tenter de mettre un terme à la crise dite des frais de scolarité, due à des tensions frontalières. Cependant, le premier contact n'a pas porté ses fruits. Il n'y a toujours pas d'accord sur la résolution d'un litige juridique qui, sauf nouveau report, entrera en vigueur dans moins de deux semaines. 

La énième flambée de la crise des Balkans a commencé début août, lorsque les autorités du Kosovo ont décidé de délivrer des documents d'identité valables pour une période de 30 jours à tous les citoyens serbes traversant la frontière. En contrepartie, ils ont dû remettre leurs documents serbes. Cette mesure concerne les quelque 60 000 Serbes du Kosovo qui ne possèdent pas de documents d'identité locaux. Ils ne reconnaissent pas l'indépendance de l'État kosovar, une ancienne province serbe à majorité albanaise. 

Les autorités de Pristina ont également prévu d'exiger le remplacement des plaques d'immatriculation délivrées par les Serbes par des plaques kosovares. Mais ces mesures, prises en réciprocité avec Belgrade, ont suscité la colère de la population serbe du nord du Kosovo, qui voit dans ces détails une reconnaissance de son indépendance. L'enclave de Mitrovica, l'une des villes ethniquement divisées et à forte population serbe, a été le principal foyer de mécontentement.

KFOR NATO

En représailles, des dizaines de camions-citernes et d'engins lourds ont bloqué les postes frontières de Brnjak et de Jarinje, ainsi que celui de Merdare, dans le nord du Kosovo. L'escalade des tensions a déclenché la sonnette d'alarme de la KFOR (Force de paix au Kosovo), la mission de l'OTAN dans la région, qui se tenait prête à agir en cas de menace pour la sécurité. Les casques bleus étaient chargés de vérifier que le retour à la normale le long de la frontière était bien appliqué. Il n'y a pas eu de perturbations au-delà des habituels affrontements entre manifestants et policiers. 

Les pressions diplomatiques de Washington et de Bruxelles ont convaincu le premier ministre kosovar de reporter l'entrée en vigueur des mesures. Kurti a prolongé le délai à 30 jours, jusqu'au 1er septembre. Il a fixé un compte à rebours d'un mois pour résoudre le différend, et a fixé une date pour rencontrer le dirigeant serbe à Bruxelles. 

"Bien que la situation sur le terrain se soit améliorée, il incombe à toutes les parties, en particulier aux responsables de Belgrade et de Pristina, d'empêcher une nouvelle escalade", a déclaré mercredi le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, réaffirmant l'engagement de l'Alliance à agir si nécessaire. Le diplomate norvégien a profité de l'occasion pour rencontrer séparément Vučić et Kurti à Bruxelles, avant leur réunion dans les locaux de l'UE. 

Aleksandr Vucic

Un contingent de plus de 3 700 soldats de l'OTAN est déployé au Kosovo. Elle est chargée de maintenir la sécurité, bien qu'elle ne soit pas la première force de sécurité à intervenir en cas de conflit, mais un dernier recours. L'implication de l'organisation transatlantique dans la région a été marquée en 1999 par son intervention en Serbie pour stopper l'offensive contre les Albanais du Kosovo qui luttent pour leur autonomie. Aujourd'hui, sa présence se limite à intervenir en cas de grave détérioration de la sécurité. 

Après la réunion au siège de l'OTAN, M. Kurti a fait savoir qu'il attendait de la KFOR qu'elle empêche à tout prix "la réapparition de tels blocages, qui entravent la liberté de circulation, mais aussi la sécurité de nos forces de police et de nos citoyens". Vučić, pour sa part, espère que le contingent de l'Alliance atlantique contribuera à "préserver la paix et la stabilité"

Albin Kurti

Les espoirs placés dans la KFOR par le président serbe et le premier ministre kosovar sont similaires, mais leur diagnostic de la situation est radicalement opposé. Vučić, surnommé le Poutine serbe en raison de ses liens avec le Kremlin et de la dépendance économique de la Serbie à l'égard de la Russie, et Kurti, un exactiviste pan-albanais charismatique et anti-establishment, ont des points de vue opposés sur les problèmes de la région. L'une accuse Pristina de maltraiter la minorité serbe ; l'autre accuse Belgrade de harceler continuellement sa souveraineté. La réconciliation semble compliquée. 

Le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a tenté jeudi de rapprocher les parties. Il n'a pas réussi. Après une série de réunions trilatérales, Belgrade et Pristina se sont révélées incapables de trouver une solution mutuellement acceptable à la crise de la scolarité. 

Le chef de la diplomatie européenne a réparti la responsabilité d'une éventuelle escalade entre ses interlocuteurs, mais un canal de communication reste ouvert : Miroslav Lajčák, le diplomate slovaque qui a été président de l'Assemblée générale des Nations unies et qui est aujourd'hui l'envoyé spécial de l'UE pour le dialogue Serbie-Kosovo, prendra les rênes des pourparlers avant la date limite fixée par Kurti. 

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