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En pleine guerre en Ukraine, Lavrov se rend à Alger pour réaffirmer l'alliance russo-algérienne

L'Algérie est un partenaire clé de Moscou dans la région. Cependant, elle doit également maintenir les accords énergétiques avec l'Europe
AFP/ MAXIM SHEMETOV  -   El ministro de Asuntos Exteriores ruso, Sergei Lavrov, asiste a una rueda de prensa conjunta con su homólogo turco tras sus conversaciones en Moscú el 16 de marzo de 2022

AFP/ MAXIM SHEMETOV  -   Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, à Moscou, le 16 mars 2022.

Après l'invasion de l'Ukraine, la Russie cherche à renforcer ses relations avec ses alliés stratégiques, ainsi qu'à obtenir un nouveau soutien du bloc formé par les États-Unis et l'Union européenne. À cette fin, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, s'est rendu en Algérie pour rencontrer son homologue, Ramtane Lamamra, et le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Outre le maintien du partenariat avec Alger et la réaffirmation des alliances dans le contexte actuel, Lavrov abordera avec les autorités algériennes la situation en Libye, au Sahel, au Sahara et en Syrie, ainsi que la crise russo-ukrainienne, le terrorisme et l'évolution de la situation pétrolière mondiale, selon le média algérien L'Expression. Cette visite a été annoncée le 5 avril à Moscou, lorsque le ministre algérien s'est rendu dans la capitale russe dans le cadre d'une mission de la Ligue arabe. "J'espère me rendre en Algérie dans un avenir proche", a déclaré Lavrov à l'époque. La dernière fois que le diplomate russe s'est rendu dans le pays d'Afrique du Nord remonte à 2019

AFP/ODD ANDERSEN  -   Ministro de Asuntos Exteriores de la República de Argelia
AFP/ODD ANDERSEN - Ministre des Affaires étrangères de la République d'Algérie

L'Algérie, l'un des principaux partenaires de la Russie en Afrique du Nord, s'est abstenue lors du vote aux Nations unies condamnant l'invasion de l'Ukraine. De même, elle a voté contre la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, ce qui en fait le seul pays du Maghreb à soutenir la Russie à cet égard. Cependant, Lamamra a également été en contact avec son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba. Les deux ministres se sont entretenus au téléphone "dans le cadre des efforts de l'Algérie pour trouver une solution politique à la crise", rapporte L'Expression.

Malgré le conflit en Ukraine, Alger cherche à maintenir sa relation historique avec Moscou, l'un de ses principaux fournisseurs d'armes. Les liens entre les deux nations se sont tissés avant même que l'Algérie n'obtienne son indépendance de la France. Selon le journaliste politique algérien Akram Kharief cité par New Defense Order Strategy, en 1959, pendant la guerre d'indépendance, Moscou a formé des centaines de jeunes officiers de l'Armée de libération nationale. Une fois l'autodétermination acquise, Alger et Moscou ont développé leur coopération dans différents domaines, non seulement dans le domaine militaire, mais aussi dans l'éducation, la culture et le commerce

PHOTO/REUTERS  -   Una foto de archivo muestra soldados argelinos haciendo guardia en la planta de gas de Tiguentourine en In Amenas, a 1600 km al sureste de Argel
PHOTO/REUTERS - Une photo d'archive montre des soldats algériens montant la garde sur le site gazier de Tiguentourine à In Amenas, à 1600 km au sud-est d'Alger.

La visite de Lavrov en Algérie intervient dans un contexte de guerre en Ukraine et de tensions croissantes entre Moscou et l'OTAN. Le ministre russe arrive également dans le pays un mois après que les deux nations ont effectué des manœuvres militaires à la frontière avec le Maroc. En avril, Tebboune et le président russe Vladimir Poutine se sont également téléphonés pour marquer le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques. Au cours de la conversation, les présidents ont "exprimé leur satisfaction quant au développement de la coopération bilatérale dans tous les domaines", rapporte Alquds Alarabi.

Selon la présidence algérienne, Tebboune et Poutine "ont échangé leurs points de vue sur la situation internationale, à la lumière des développements de la terrible situation en Palestine occupée, notamment la violation du caractère sacré des lieux saints de l'Islam à Jérusalem, ainsi que de la crise en Ukraine".

AFP/ RYAD KRAMDI - El presidente argelino Abdelmadjid Tebboune
AFP/ RYAD KRAMDI - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

Cependant, l'Algérie doit également veiller à ses relations avec certains pays européens avec lesquels elle a des accords énergétiques. En ce sens, comme le souligne Al-Arab, la visite de Lavrov " mettra davantage de pression sur l'Algérie, qui se trouve dans un dilemme entre son engagement envers son alliance traditionnelle avec la Russie et son besoin de revenus provenant des exportations de gaz vers l'Europe ". Le quotidien arabe suggère au ministre russe de demander à Alger "une position plus claire", allant jusqu'à l'inciter à annuler ses engagements énergétiques envers l'Europe. 

PHOTO/REUTERS - Sede de la empresa estatal de energía Sonatrach en Argel
PHOTO/REUTERS - Siège de la compagnie nationale d'énergie Sonatrach à Alger.

L'Algérie a récemment conclu un accord avec l'Italie selon lequel elle pourrait également "fournir à l'Europe des quantités supplémentaires de gaz en cas de réduction des exportations russes", comme l'a déclaré Tawfiq Hakkar, président-directeur général de Sonatrach Oil Company, cité par Al-Arab. Cependant, le chef de la compagnie pétrolière algérienne, dans de précédentes déclarations au service de presse algérien, a déclaré que l'Algérie ne peut pas actuellement être un fournisseur alternatif de gaz russe pour les partenaires européens. Pourtant, comme l'affirme Al-Arab, l'Algérie veut profiter de la crise ukrainienne pour obtenir des revenus supplémentaires pour le trésor public. 

PHOTO/ Presidencia argelina vía AP  -   El primer ministro italiano, Mario Draghi, ha asegurado un acuerdo para aumentar las importaciones de gas natural a través de un gasoducto mediterráneo desde Argelia, lo que supone el último impulso de un país de la Unión Europea para reducir la dependencia de la energía rusa tras su invasión de Ucrania
PHOTO/ Présidence algérienne via AP - Le Premier ministre italien Mario Draghi a conclu un accord pour augmenter les importations de gaz naturel via un gazoduc méditerranéen en provenance d'Algérie, la dernière initiative en date d'un pays de l'Union européenne pour réduire sa dépendance à l'égard de l'énergie russe après l'invasion de l'Ukraine.
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La Russie en Afrique du Nord

Avant Alger, Lavrov avait déjà cherché le soutien d'autres capitales, comme New Delhi et Pékin, où il avait annoncé "un nouvel ordre mondial multipolaire, juste et démocratique". L'Asie est une région clé pour la Russie en termes économiques et commerciaux. Les sanctions imposées par l'Occident, ainsi que l'embargo sur le pétrole russe envisagé à Bruxelles, ont amené la Russie à diversifier ses exportations, en renforçant et en créant des routes vers l'Asie.

Cependant, l'Afrique du Nord est également une zone clé pour la Russie, d'autant plus que Moscou cherche à gagner en influence dans la région du Sahel au détriment d'autres pays européens comme la France. Ces dernières années, la Russie a renforcé sa présence au Maghreb dans des pays comme la Libye en soutenant le maréchal Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne (ANL).

PHOTO/ Servicio de Prensa del Ministerio de Relaciones Exteriores de Rusia vía AP  -   El Ministro de Relaciones Exteriores de Rusia, Sergey Lavrov, con el presidente del parlamento de Libia, Aguila Saleh, durante sus conversaciones en Moscú, Rusia, el martes 24 de noviembre de 2020
PHOTO/ Service de presse du ministère russe des Affaires étrangères via AP - Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, avec le président du parlement libyen, Aguila Saleh, à Moscou, le 24 novembre 2020.

L'Égypte, qui depuis le début du conflit en Ukraine a tenté de maintenir une position neutre pour protéger ses intérêts, est un autre point pertinent pour Moscou. "La Russie considère l'Égypte comme un partenaire stratégique au Moyen-Orient. Les deux pays souhaitent préserver et consolider leurs liens", explique à Al Monitor Soraya al-Farra, professeure de sciences politiques à l'université de Moscou.

AFP PHOTO / Russian Foreign Ministry  El ministro de Asuntos Exteriores de Rusia, Sergei Lavrov, y el presidente de Egipto, Abdel Fattah al-Sisi, en El Cairo el 12 de abril de 2021
AFP PHOTO / Russian Foreign Ministry - Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sisi, au Caire, le 12 avril 2021.

Fin avril, une délégation russe s'est rendue dans le pays pour inspecter les travaux de la centrale nucléaire d'El Dabaa, un projet résultant d'un accord signé en 2015 entre Rosatom State Atomic Energy Corporation et Le Caire. La guerre en Ukraine n'a pas freiné la coopération énergétique entre l'Égypte et la Russie, démontrant que les deux pays "travaillent ensemble pour accélérer la mise en œuvre du projet indépendamment des circonstances politiques actuelles", comme le souligne Ali Abdel Nabi, ancien directeur adjoint de l'Autorité égyptienne des centrales nucléaires (NPPA), à Al Monitor.

Pour la Russie, cette visite dans la ville côtière égyptienne est aussi un message au monde que sa coopération économique avec les pays amis se poursuit, déclare au site Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire. "C'est aussi un message aux États-Unis qui affirme le partenariat entre l'Égypte et la Russie", ajoute-t-il.