Erdogan lance un mandat d'arrêt contre un chef de la mafia turque
Le chef de la mafia turque Sedat Peker a publié de nouvelles vidéos impliquant certains députés du parti AKP d'Erdogan au sein de son réseau criminel, menaçant de ternir l'image d'un gouvernement déjà aux prises avec des problèmes économiques et une nouvelle épidémie de COVID-19. Le mandat d'arrêt a été émis à la suite d'une demande du bureau du procureur d'Ankara.
Le chef d'une bande criminelle condamnée, Sedat Peker, qui est très suivi sur les médias sociaux, a publié la semaine dernière la sixième d'une série de vidéos YouTube impliquant le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu. Peker a été condamné à 14 ans de prison en 2007 pour des crimes mafieux. Il vit actuellement à Dubaï, aux Émirats arabes unis, car ce pays n'a pas conclu de traité d'extradition avec Ankara. Depuis quelques semaines, des millions de Turcs sont rivés à leur écran pour voir un patron du crime raconter des histoires de trafic de drogue international, d'assassinats et de liens troubles entre des hommes politiques et la mafia turque.
Le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu a déposé une plainte pénale contre Peker la semaine dernière. Le président Recep Tayyip Erdogan a soutenu le ministre de l'intérieur, s'est engagé à juger Peker et a promis de lutter contre le crime organisé. Il a insisté sur le fait qu'il ne laissera pas les mafieux menacer "l'atmosphère de paix et de sécurité dans le pays". Mais certains pensent que si le président veut convaincre sa base électorale, il doit s'exprimer davantage, sinon ces accusations pourraient nuire au soutien de son parti.
La police turque a arrêté le frère de Sedat Peker, Alilla Peker, et un garde du corps dans une villa près de la ville côtière égéenne de Fethiye le week-end dernier et a saisi un pistolet sans permis, rapporte l'agence turque Anadolu. Après que l'arrestation d'Atilla Peker ait été connue, Sedat a réagi sur Twitter : "Pourquoi n'arrêtez-vous pas Korkut Eken et Mehmet Agar, mais seulement mon frère ?".
Le truand a affirmé dans une vidéo qu'il avait lui-même envoyé Atilla et Korkut en 1996 pour tuer le journaliste chypriote turc Kutlu Adali au nom du ministre de la Justice de l'époque, Mehmet Agar, bien que le crime ait ensuite été délégué à un groupe local. Il a également profité de l'occasion pour préciser que la nouvelle route de la cocaïne colombienne ne passerait pas par la République dominicaine mais par le Panama, rectifiant ce qu'il avait dit dans une vidéo le même jour et présentant ses excuses au gouvernement et au peuple dominicains pour cette "erreur".
D'autre part, l'ancien Premier ministre Binali Yildirim a rejeté les accusations de Peker liant son fils Erkan, propriétaire d'une compagnie maritime, au trafic de cocaïne colombien. Il a déclaré que son fils s'est rendu au Venezuela en décembre, et non en janvier, et que la raison de son voyage était de distribuer du matériel sanitaire tel que des masques et des kits de test. "Personne ne peut nous relier au trafic de drogue."
