Le Maroc a été l'un des pays invités au sommet du G5-Sahel au Tchad

¿Y si Marruecos se involucrara más en el Sahel?

photo_camera PHOTO/MAEC - Le Premier ministre marocain Saad Eddine El Othmani (à gauche) avec son homologue du Burkina Faso et du Ghana lors du sommet du G5-Sahel à N'Djamena, au Tchad

Le sommet du G5-Sahel qui s'est tenu cette semaine à N'Djamena, la capitale tchadienne, a vu la participation de plusieurs pays de la région qui sont tout aussi engagés dans la lutte contre le terrorisme. La représentation de certains d'entre eux a été plus discrète, mais d'autres, comme le Maroc, le Ghana ou le Soudan, ont envoyé leurs dirigeants politiques.

Le Maroc était représenté par son Premier ministre, Saad Eddine El Othmani, qui a remercié le président de la Mauritanie, Ould Ghazouani, et le président du Tchad, Idriss Déby, via Twitter, pour leurs invitations. Leur présence confirmerait l'intérêt du Maroc pour la stabilité et la sécurité de la région, ce qui pourrait finir par avoir des répercussions sur son propre territoire, bien qu'il ne partage pas de frontière avec les pays les plus touchés du Sahel.

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C'est la première fois que le Maroc participe à ce sommet, on peut donc supposer qu'il sera plus impliqué dans ce domaine. Othmani, dans son discours, a exprimé le rôle que son pays peut contribuer au développement régional, en particulier dans le domaine de la sécurité. Othmani a souligné qu'il "s'attaquerait avec les pays de la région aux dangers qui menacent leur avenir", et s'est également engagé à soutenir les institutions que le G5-Sahel maintient à Nouakchott, et à contribuer à la formation des officiers des pays du G5-Sahel dans les académies marocaines.

Plusieurs raisons pourraient inciter le Maroc à s'impliquer plus activement dans le Sahel, notamment dans le domaine militaire. D'une part, le lien possible entre le Front Polisario et les groupes terroristes du Sahel, compte tenu de la présence du premier dans la région de l'Algérie limitrophe de la Mauritanie et du Mali, et du second également dans la partie nord du Mali. Le second pourrait avoir trait à la France. 

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Paris a annoncé au début de cette année, après plusieurs opérations contre le djihadisme et la mort de cinq soldats français dans plusieurs attaques, qu'il envisage un retrait progressif du Sahel, au moins des 600 soldats avec lesquels il a prolongé l'opération Barkhane en janvier 2020. Cependant, la situation délicate que les pays traversent encore rend nécessaire de reporter cette décision pour un certain temps, car elle pourrait ruiner 8 ans de lutte contre le terrorisme. Néanmoins, cette solution est sur la table, et Paris pourrait négocier avec les pays de la région, notamment le Maroc, dont la stabilité et les capacités sont bien supérieures à celles des pays du Sahel, pour que ce rôle, que la France joue actuellement presque seule, soit partagé par d'autres pays de la région, ce qui pourrait provoquer moins de rejet social.

Le Maroc gagnerait ainsi une présence diplomatique et militaire dans une région où l'Algérie a également son mot à dire. En fait, l'Algérie a également participé au sommet, bien qu'avec des autorités de rang inférieur. L'approche d'Alger par rapport à la situation au Sahel diffère de celle de Paris, et le Maroc peut donc avoir un avantage à cet égard. L'Algérie considère que le problème doit être abordé dans une perspective plus large, non seulement en mettant l'accent sur l'aspect militaire, mais aussi en s'attaquant aux problèmes sous-jacents qui sont à l'origine de cette violence.

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La France reporte sa sortie

L'une des questions les plus attendues du sommet était de savoir si un retrait des forces françaises serait finalement annoncé, même si ce n'est que partiellement, ou s'il serait reporté. Bien que Florence Parly, ministre de la défense, et Emmanuel Macron, président français, aient tous deux annoncé que les 600 soldats avec lesquels il avait été décidé d'étendre Barkhane lors du dernier sommet de Pau seraient bientôt retirés, cette décision a été suspendue pour le moment. On craint dans la région que cette décision ne soit marquée par un intérêt politique en vue des prochaines élections présidentielles auxquelles Macron devra faire face en 2022.

Bien que la décision ait été reportée, le président français a fait allusion à ses objectifs pour l'avenir de la présence militaire française dans la région. Les derniers mouvements ont laissé entendre que le retrait français irait de pair avec une augmentation de la présence de ses partenaires européens sur le terrain, ce qui, avec l'élargissement de l'EUTM-Mali et l'intérêt éventuel d'autres pays comme le Maroc, compenserait la diminution des troupes françaises.

Macron a indiqué que le scénario qu'ils gèrent est celui d'une Task Force Takuba d'environ 2 000 hommes de divers pays européens, dont 500 Français. Cependant, ce chiffre est encore loin d'être atteint puisque, à l'heure actuelle, les troupes européennes sont à peine 250, sans compter les Français de Barkhane. Actuellement, l'Estonie en fournit 40, la République tchèque 60 et la Suède récemment incorporée 150 autres, bien que le pays nordique pourrait augmenter ce chiffre de 100 soldats supplémentaires. L'Italie devrait bientôt rejoindre les 200 soldats supplémentaires, et d'autres pays comme la Grèce, les Pays-Bas, l'Ukraine, la Hongrie et la Serbie ont exprimé leur intérêt, mais rien n'est encore finalisé.

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