Quelques jours avant sa visite à Alger, des associations algériennes demandent à Macron d'extrader les militants et opposants exilés dans l'hexagone

Extradiciones y represión: la palanca de Argelia en las negociaciones con Francia

L'agence de presse étatique algérienne a publié un message subliminal à l'intention du gouvernement français, à la veille de la visite officielle du président de la République à Alger. Selon un article d'APS (Algérie Press Service), plusieurs associations civiles algériennes demandent à Macron de mettre fin aux "organisations présentes en France qui incitent à la haine et au terrorisme entre Algériens".

L'APS, sans donner plus de détails sur ces associations civiles, cite le communiqué : "Suite à notre réunion du 22 août 2022 et à l'occasion de la prochaine visite du Président de la France en Algérie, nous demandons au Président de la République française de mettre fin aux associations intrusives, qui agissent sous couvert de démocratie, la défense des droits de l'homme et de la liberté d'expression, profitant de leur présence en France pour diffuser un discours de haine, de violence et d'incitation au terrorisme auprès des Algériens et des institutions de l'État, dans le but de porter atteinte à la stabilité et à la sécurité de l'Algérie, ce qui conduira inévitablement à une détérioration de la situation en Afrique du Nord et dans le bassin méditerranéen".

Pour le média marocain Le 360, il n'y a pas plus simple. Le communiqué fait référence à plusieurs journalistes algériens et à des journalistes qui se réfugient en France pour échapper à la persécution politique du couple Tebboune-Chengriha. Il s'agit notamment du blogueur d'origine algérienne Amir Boukhors, connu sous le nom d'Amir DZ, et des journalistes algériens Hichem Aboud et Abdou Semmar, entre autres.

Comme révélé en octobre 2021 par Abdou Semmar, les trois Algériens figurent sur une liste d'opposants au régime politico-militaire algérien. Cette liste a été transmise par la diplomatie algérienne aux services de sécurité intérieure français, ainsi qu'aux autorités judiciaires de la République. Comme l'a dénoncé Abdou Semmar, directeur d'Algeria Part, le seul objectif de l'Algérie était de favoriser l'extradition d'un maximum de membres de cette liste vers l'Algérie, où nombre d'entre eux ont été reconnus coupables de crimes lors de procès inéquitables et par contumace.

PHOTO/AP - Argelinos se manifiestan en Argel para conmemorar el segundo aniversario del movimiento Hirak

La demande algérienne a coïncidé, peu après son envoi, avec la crise diplomatique entre Paris et Alger sur la question des retours de migrants, des commentaires ministériels et des visas. Dans ce contexte, la France a répondu que le dossier envoyé par le gouvernement Tebboune ne présentait pas de preuves suffisantes pour satisfaire les demandes de l'Algérie.

Toutefois, la réactivation du dialogue entre la France et l'Algérie et les efforts de Macron pour stabiliser la région du Maghreb pourraient amener Paris à faire quelques concessions au gouvernement algérien. En tout cas, la convenance de l'agence de presse étatique algérienne laisse penser que, lors de la visite de Macron, Tebboune et son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, joueront cette carte au moment de faire passer le projet de loi à l'Élysée.

Macron est confronté à un scénario difficile à Alger. Une visite prévue pour durer deux jours et chargée de sujets sensibles partagés par le pays maghrébin et son ancienne puissance coloniale.

Reste à savoir si le président français parviendra à mettre un terme aux hostilités entre l'Algérie et le Maroc sur la table, dans lesquelles l'Espagne est également impliquée. L'Union européenne, dont l'action extérieure est de plus en plus cohérente, devrait être en mesure de collaborer à la réalisation de ces objectifs. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a eu hier un entretien téléphonique avec son homologue algérien. L'Allemagne, ainsi que la Commission européenne, ont été les plus favorables à la relance du projet d'approvisionnement en gaz Midcat. La normalisation des relations entre l'Espagne, le Maroc et l'Algérie donnerait une impulsion considérable à ce projet gazier.

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