Au moins 76 personnes ont été tuées en Iran par les forces de sécurité lors des manifestations qui ont débuté il y a dix jours, selon l'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo.
À ce jour, Téhéran a reconnu 41 morts et 1 186 détenus dans le cadre des troubles déclenchés après l'arrestation, le 13 janvier, puis la mort dans un poste de police de Mahsa Amini, 22 ans, qui aurait été accusée de porter le mauvais foulard, obligatoire dans les lieux publics en Iran pour les femmes ayant dépassé la puberté.
Selon les informations obtenues par l'ONG, six femmes et quatre enfants figurent parmi les morts et la plupart des familles ont été "contraintes" d'enterrer leurs morts la nuit, ont subi des "pressions" pour ne pas organiser de funérailles publiques et ont été "menacées de poursuites" si elles diffusaient la nouvelle.
"Des vidéos et des certificats de décès obtenus par Iran Human Rights confirment que des balles réelles sont tirées directement sur les manifestants", indique un communiqué.
L'ONG norvégienne et iranienne a également dénoncé le recours à la torture et aux mauvais traitements contre les détenus pour leur extorquer de "faux aveux télévisés" et appelle à une "action conjointe urgente de la communauté internationale".
🇮🇷 | LO ÚLTIMO: Así agredió la policia del régimen iraní a una valiente mujer que se quitó el velo y con las manos arriba se acercó a las efectivos policiales quienes la atacaron brutalmente. #MahsaAmini pic.twitter.com/r7hXlSd494
— Alerta Mundial (@AIertaMundiaI) September 26, 2022
"Le monde doit défendre les revendications du peuple iranien pour ses droits fondamentaux", a déclaré le directeur de l'organisation, Mahmood Amiry-Moghaddam.
Le président iranien Ebrahim Raisi a déclaré il y a cinq jours, lors de sa visite à New York pour s'adresser à l'Assemblée générale des Nations unies, que les manifestations de mécontentement étaient "normales" mais ne devaient pas être confondues avec le "hooliganisme".
Fondée en 2005 et enregistrée en Norvège depuis 2009, Iran Human Rights (IHRNGO) prétend être composée de personnes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran et compte des membres aux États-Unis, au Canada, au Japon et dans plusieurs pays européens.
Les Nations unies ont confirmé mardi que les forces de sécurité iraniennes ont parfois utilisé des balles réelles contre des participants à des manifestations antigouvernementales. "Ils ont parfois répondu par des tirs à balles réelles", a déclaré aujourd'hui à Genève Ravina Shamdasani, porte-parole du Bureau des droits de l'homme des Nations unies.
L'ONU a dénoncé le fait que, parallèlement à la réponse violente aux manifestations, les communications filaires et sans fil sont continuellement coupées, ainsi que l'accès à Internet et aux différents réseaux sociaux, une tactique courante des régimes autoritaires pour empêcher l'organisation des citoyens et la diffusion des plaintes.
To the terror of onlookers, #Iran state security forces shooting at protesters (in Rasht earlier today). #IranProtests #MahsaAmini #مهسا_امینی #IranRevolution #OpIran pic.twitter.com/5mUoaMBPM0
— IranHumanRights.org (@ICHRI) September 23, 2022
"Nous sommes troublés par les remarques désobligeantes de certains dirigeants et par l'usage apparemment disproportionné et inutile de la force contre les manifestants", a déclaré Shamdasani.
Selon le Bureau des droits de l'homme, les personnes arrêtées comprennent des défenseurs des droits de l'homme, des avocats, des militants sociaux et une vingtaine de journalistes.
Elle a également dénoncé l'impunité dont continuent de bénéficier les responsables de la mort de manifestants et d'autres violations des droits de l'homme, tant dans le cadre des manifestations actuelles que de celles qui ont eu lieu en novembre 2019, en juillet 2021 et en mai dernier.
Shamdasani a regretté de ne pas pouvoir fournir plus de détails sur ces violations car le gouvernement perse n'autorise pas les observateurs de son agence à entrer dans le pays. Ses informations proviennent donc d'organisations locales auxquelles elle fait confiance pour leur travail scrupuleux.
Le gouvernement iranien, dirigé par le président Ebrahim Raisi, n'a pas répondu aux communications du Bureau des droits de l'homme lui demandant de mettre fin aux violences et de respecter le droit des citoyens de se réunir et de manifester pacifiquement.