Depuis plusieurs mois, les bases d'un rapprochement ont commencé à être posées. Depuis lors, Ankara et Jérusalem ont approfondi leur coopération en matière d'économie, de commerce et de sécurité

Israël et la Turquie rétablissent leurs relations diplomatiques

PHOTO/AFP - Combinaison d'images du président turc Recep Tayyip Erdogan et du Premier ministre israélien Yair Lapid

Le Premier ministre israélien Yair Lapid et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont convenu de renommer les ambassadeurs et les consuls dans les deux pays, rétablissant ainsi les relations diplomatiques. Selon Lapid, ce développement contribuera à approfondir les liens économiques, commerciaux et culturels entre les deux peuples, et renforcera également la "stabilité régionale".

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a qualifié cette décision d'"étape positive" lors d'une conférence de presse à Ankara. "La procédure officielle de nomination de l'ambassadeur commencera après que nous aurons présenté un décret à notre président", a déclaré le diplomate turc, selon le journal Hurriyet. 

En 2018, la Turquie a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv après la mort de 60 Palestiniens lors de manifestations à la frontière de Gaza contre l'ouverture de l'ambassade américaine à Jérusalem. Par la suite, Israël a également rappelé son ambassadeur à Ankara.

Le président israélien Isaac Herzog a salué cette étape importante, qui "favorisera les relations économiques, le tourisme et l'amitié entre les peuples israélien et turc", comme il l'a écrit sur Twitter. Herzog, comme Lapid, a fait référence à la région, déclarant que "les relations de bon voisinage et l'esprit de partenariat au Moyen-Orient sont importants pour nous tous". "Les membres de toutes les religions - musulmans, juifs et chrétiens - peuvent et doivent vivre ensemble en paix", a-t-il ajouté.

C'est précisément le dirigeant israélien qui est devenu l'un des protagonistes de cette nouvelle étape dans les relations entre les deux pays. Sa visite à Ankara en mars - la première d'un président israélien au cours des 14 dernières années - a commencé à jeter les bases d'un dégel des relations bilatérales. 

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Après cette visite, qui, selon Erdogan, a marqué "un tournant" dans les relations entre Ankara et Jérusalem, Cavusoglu s'est rendu en Israël en mai. Le chef de la diplomatie turque a accepté de travailler avec Lapid, alors ministre des Affaires étrangères, sur un nouveau traité d'aviation civile. Cet accord, signé en juillet dernier, permet aux compagnies aériennes israéliennes de reprendre leurs activités en Turquie.

Outre la coopération économique et commerciale, Israël et la Turquie collaborent également sur des questions de sécurité. Ce partenariat s'est intensifié en juin après que les services de renseignement turcs et israéliens ont découvert des projets iraniens d'enlèvement de citoyens israéliens en Turquie. En conséquence, le Service de renseignement turc (MIT) et les forces de sécurité ont arrêté 10 Iraniens soupçonnés de préparer des attentats contre des Israéliens à Istanbul.

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Les autorités israéliennes et turques ont salué cette coopération. "La vie de citoyens israéliens a été sauvée grâce à la coopération sécuritaire et diplomatique entre Israël et la Turquie", a déclaré Lapid à Ankara.

La cause palestinienne, clé des relations israélo-turques 

Malgré ce rapprochement et ce partenariat dans plusieurs domaines, la Turquie ne veut pas se dissocier de la cause palestinienne, principale cause des différends entre Ankara et Jérusalem ces dernières années. Le ministre turc des Affaires étrangères a assuré que la normalisation des relations avec Israël "aurait un impact positif sur la résolution pacifique du conflit israélo-palestinien". 

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Néanmoins, cette confrontation de longue date continue de conditionner les relations israélo-turques. Lors de la dernière opération des Forces de défense israéliennes (FDI) à Gaza contre le Jihad islamique, Erdogan a pris une position ferme et claire contre les attaques israéliennes et s'est rangé aux côtés du peuple palestinien et de "ses frères de Gaza". Le président turc a accusé l'État juif de "tuer des enfants et des bébés" et a affirmé que la mosquée d'Al-Aqsa constituait sa "ligne rouge", rapporte Hurriyet. 

Erdogan a également fait référence aux relations actuelles avec Israël, affirmant que le retour à la "normalité" sert à "défendre les droits de nos frères et sœurs palestiniens", rapporte le quotidien turc.

Cavusoglu a fait une déclaration similaire après avoir annoncé le rétablissement des relations diplomatiques. "Nous n'abandonnerons pas la cause palestinienne", a-t-il déclaré. Le ministre a également souligné qu'il est "important que nos messages soient transmis directement par l'ambassadeur".

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La Turquie, bien qu'étant l'un des premiers pays musulmans à établir des relations avec l'État juif, a eu de nombreux désaccords avec Israël ces dernières années. Nombre de ces différends sont précisément liés à la question palestinienne, comme l'incident de mai 2010 au large de Gaza.

Le navire turc "Mavi Marmara", qui devait apporter de l'aide humanitaire à l'enclave palestinienne, a été attaqué par la marine israélienne. Les troupes israéliennes ont tué plusieurs militants turcs pro-palestiniens, provoquant une profonde rupture dans les relations entre Jérusalem et Ankara. 

Una excavadora retira los escombros de un edificio destruido por un ataque aéreo israelí en la última ronda de combates entre Israel y los militantes palestinos, en Rafah, en el sur de la Franja de Gaza, el 14 de agosto de 2022 AFP/ SAID KHATIB

Aujourd'hui, cependant, les deux pays cherchent à renforcer et à établir des relations au niveau régional. Israël, par le biais des accords d'Abraham, développe des liens étroits avec les Émirats arabes unis, le Maroc et Bahreïn, tout en tendant la main à l'Arabie saoudite. La Turquie, pour sa part, a amélioré ses liens avec l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.