L'autopardon survole sa dernière étape

L'épineux horizon judiciaire de Trump après son départ de la Maison Blanche

AFP/LA MAISON BLANCHE/TIA DUFOUR - Le président américain Donald Trump dans la salle de conférence du Walter Reed National Military Medical Center à Bethesda, Maryland

Le 20 janvier 2021, Joe Biden deviendra le nouveau président des États-Unis. Ensuite, et avec effet immédiat, le mandat de Donald Trump prendra fin. Déjà sans les galons présidentiels et sans la béquille du ministère de la Justice, il devra faire face seul aux éventuels fronts judiciaires qui pourraient se présenter, dont certains sont déjà ouverts.

Trump a utilisé le titre de président comme une sorte d'armure, légale et morale, pour répondre à toute sorte de critique. Dès son arrivée dans le Bureau ovale, le magnat new-yorkais a dénoncé une "chasse aux sorcières" à laquelle ont participé des agences fédérales, des opposants politiques, des gouvernements étrangers et des femmes qu'il aurait fait passer.

Plusieurs des fronts judiciaires déjà ouverts se trouvent à New York, où l'avocat Michael Cohen a même plaidé coupable d'avoir violé les règles de la campagne en reconnaissant avoir payé 130 000 dollars à l'actrice Stormy Daniels pour ne pas divulguer publiquement une affaire impliquant Trump. Les documents du tribunal citent comme conspirateur "l'individu 1" qui était un "candidat retenu pour la présidence" des États-Unis.

Le ministère public examine également les éventuels crimes liés à l'organisation Trump, le conglomérat commercial fondé par l'actuel président et soupçonné de falsification de documents, de fraude fiscale ou de fraude à l'assurance. Contrairement à l'affaire ouverte en raison de la relation présumée avec Stormy Daniels, il s'agit d'une affaire qui pourrait être portée dans le domaine du crime fédéral, selon NBC News.

Cohen, qui est passé d'allié à ennemi du magnat après sa chute, a également accusé Trump de manipuler ses comptes professionnels afin de présenter des données qui lui garantiraient des prêts et lui permettraient de payer le moins d'impôts possible. Trump s'est publiquement vanté de cette ingénierie.

Le président a évité de rendre ses déclarations publiques, bien que le New York Times ait publié, après une enquête approfondie, que M. Trump n'a pas payé d'impôts fédéraux pendant un grand nombre d'années et que, lorsqu'il l'a fait, il a à peine contribué à hauteur de 750 dollars aux caisses publiques. Trump a contesté la publication de ces documents devant les tribunaux, et la décision finale devrait être prise par la Cour suprême.

Pendant ce temps, le procureur général de New York, Letitia James, enquête sur quatre projets immobiliers de la Trump Organization et sur leur tentative ratée d'acheter l'équipe de rugby des Buffalo Bills. Les enquêtes dans cette affaire sont civiles, et non pénales, mais il n'est pas exclu qu'elles soient renvoyées à d'autres procureurs si des preuves apparaissent.

Les femmes contre l'atout

Si le monde des affaires peut fournir plus qu'un casse-tête au civil, le personnel peut en faire autant. Ces dernières années, plusieurs femmes ont accusé le président d'incidents sexuels, ce qu'il a toujours nié, se moquant même publiquement des victimes présumées.

Le temps qui s'est écoulé depuis les événements allégués et les difficultés à défendre l'affaire devant un juge ont conduit plusieurs femmes à utiliser les médias comme haut-parleur au lieu des tribunaux. Cependant, certains ont porté plainte, comme le chroniqueur E. Jean Carroll, qui en 2019 a accusé Trump de l'avoir maltraitée dans un salon d'essayage d'un magasin il y a plus de 20 ans.

Dans cette affaire, Carroll a poursuivi Trump pour diffamation, après que le président ait déclaré que le chroniqueur n'était pas son type et ait remis en question sa version du livre. Trump a chargé le ministère de la Justice de sa défense, qu'un juge a annulée en octobre par une décision symbolique qui établissait une ligne claire entre les responsabilités potentielles du magnat et sa position actuelle.

Une affaire est également ouverte à l'initiative d'une ancienne concurrente de "The Apprentice", Summer Zervos, qui, début 2017, a intenté un procès en diffamation contre Trump, qu'elle avait précédemment accusé de lui avoir touché les seins et de l'avoir embrassée sans sa permission. Le président a d'abord accepté de témoigner, mais ses avocats ont demandé un report de la comparution et celle-ci ne devrait pas avoir lieu avant 2021 au moins.

Donald Trump, presidente de Estados Unidos
La possibilité d'une grâce

Face à l'horizon convulsif, Trump pourrait opter pour une grâce préventive, une option qui a été soulevée ces derniers mois par plusieurs experts juridiques mais qui ne doit pas survivre au tribunal. En tout état de cause, en tant que président, il ne pouvait bénéficier d'une immunité qu'au niveau fédéral, laissant ouverte, par exemple, la procédure en cours à New York au niveau de l'État.

M. Trump, qui a gracié en début de semaine l'ancien conseiller Michael Flynn, aurait commencé à interroger plusieurs conseillers en 2017 sur la viabilité d'une "auto-indulgence", selon des sources citées par CNN. Le président n'a pas non plus esquivé la question en public : "Comme de nombreux experts juridiques me l'ont assuré, j'ai tout à fait le droit de me pardonner, mais pourquoi le ferais-je si je n'ai rien fait de mal", a-t-il déclaré sur Twitter en juillet 2018.

L'argument le plus clair en ce sens a été avancé par le ministère de la Justice en août 1974, quatre jours avant la démission de Richard Nixon. À l'époque, il a été déclaré que "selon le principe fondamental selon lequel nul ne peut être juge dans son propre cas, le président ne peut se gracier lui-même.

Cette doctrine est restée dans l'arène politique pour l'instant, puisque personne ne l'a portée devant les tribunaux, et elle n'a pas empêché Nixon de recevoir la fameuse grâce, bien qu'elle ait dû être signée par son successeur à la Maison Blanche, Gerald Ford, et non par lui.

En outre, le document de 1974 ouvrirait la porte à un autre scénario en rappelant que le vingt-cinquième amendement à la Constitution stipule qu'en cas d'incapacité temporaire du dirigeant du pays, il appartient à son "numéro deux" de prendre les rênes du pays et "il peut gracier le président". Une fois cette grâce accordée, le président "peut démissionner ou reprendre ses fonctions.

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