Le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit se réunir jeudi pour discuter du différend sur le barrage éthiopien

L'Éthiopie entame le deuxième remplissage du barrage de la Grande Renaissance face au refus du Soudan et de l'Égypte

PHOTO/REUTERS - Le grand barrage éthiopien de la Renaissance

Le conflit concernant le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) continue de s'enliser sans qu'aucun signe de solution ne se dessine à court terme. Le Soudan, l'Égypte et l'Éthiopie sont en conflit depuis plus de dix ans, depuis que cette dernière a commencé la construction du barrage. L'Égypte et le Soudan craignent que leurs ressources en eau ne soient affectées par le remplissage du barrage, tandis que pour l'Éthiopie, cela signifie un revenu de 4,6 milliards de dollars. Le projet pourrait sortir des millions de citoyens de la pauvreté et faire du pays un grand exportateur d'énergie.

Le barrage est actuellement achevé à 80% et devrait être terminé d'ici 2023. Une fois mis en service, le barrage deviendra la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique et la septième du monde, selon les médias locaux. Cependant, le Soudan et l'Égypte n'ont pas une vision aussi positive de la construction de ce barrage et se sont montrés très prudents à tout moment. Le Caire et Khartoum ont tous deux tenté de négocier un accord final sur le remplissage et l'exploitation du barrage, comprenant un mécanisme efficace et contraignant pour résoudre les différends futurs, mais cette proposition n'a pas abouti.

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Le Caire dépend du Nil pour 98% de ses réserves d'eau douce, tandis que Khartoum voit le fonctionnement de ses propres infrastructures menacé. Les deux pays ont porté le différend devant des instances internationales telles que la Ligue arabe, qui a offert un soutien ferme à l'Égypte et au Soudan, et l'ONU, qui doit se réunir jeudi pour discuter du deuxième remplissage du barrage. Le ministre soudanais des Ressources en Eau, Yasser Abbas, a déclaré qu'il espérait que la session du Conseil de Sécurité de l'ONU servirait à "arrêter les mesures unilatérales" de l'Ethiopie concernant le remplissage du barrage en cours d'achèvement dans le Nil Bleu, après l'impasse des négociations.

La session au Conseil de Sécurité de l'ONU intervient dans un contexte de tension accrue, alors que l'Ethiopie a annoncé le début du deuxième remplissage du barrage du Nil, malgré l'échec des trois pays concernés à trouver un accord. Le Ministère égyptien des Ressources en Eau a déclaré que son chef, Mohamed Abdelaty, "a reçu une lettre officielle de son homologue éthiopien indiquant que l'Éthiopie a commencé le processus de remplissage du Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD) pour la deuxième année".

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La première phase du remplissage du barrage a été réalisée en août dernier, et le deuxième cycle devait avoir lieu au milieu de ce mois, de sorte que l'Éthiopie poursuit son calendrier au détriment des relations avec ses pays voisins, l'Égypte et le Soudan. Le Caire avait déjà prévu que, sans accord, cette étape générerait de nombreuses tensions ainsi qu'une "instabilité inimaginable".

En réponse à la notification de l'Éthiopie, l'Égypte a réagi en envoyant une autre lettre officielle au ministre éthiopien des Ressources Hydrauliques et de l'Irrigation, rejetant catégoriquement le remplissage du barrage dans ce qu'elle appelle "une violation explicite et grave de l'accord de déclaration de principes, ainsi qu'une violation des lois et normes internationales régissant les projets construits dans les bassins communs des fleuves internationaux, y compris le Nil".

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Le Ministère égyptien des Affaires Etrangères a également adressé une lettre au président du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour informer l'organe de la situation, trois jours seulement avant la réunion pour discuter du conflit sur le Grand Ethiopian Renaissance Dam. Dans la lettre adressée au Conseil, le Caire souligne son inquiétude face à "ce développement dangereux, qui révèle une fois de plus les mauvaises intentions de l'Éthiopie et son insistance à prendre des mesures unilatérales".

L'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie sont destinés à ne pas s'entendre. C'est pourquoi Le Caire et Khartoum ont tenté de faire appel à l'Union européenne, aux États-Unis et aux Nations unies, ainsi qu'à l'Union africaine, pour une médiation dans le conflit. L'Éthiopie s'est positionnée totalement contre l'implication de ces organes car elle considère que le problème doit être discuté au niveau africain. En outre, l'image de l'Éthiopie a été gravement endommagée au niveau international en raison du conflit au Tigray.

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Face à ce différend, l'Égypte et le Soudan ont uni leurs forces et ont signé ces derniers mois deux accords de coopération militaire, et leurs forces armées ont effectué deux exercices aériens conjoints, envoyant un message clair d'unité et de force au pays éthiopien. Le deuxième remplissage du barrage de la Grande Renaissance pourrait tendre davantage les relations avec Le Caire et Khartoum, qui sont actuellement sur la corde raide, contribuant ainsi à déstabiliser une région déjà instable.

De même, le Soudan et l'Éthiopie ne traversent pas une période faste : en plus de s'opposer au barrage du Nil, ils se disputent une zone frontalière, Al-Fashaga, à laquelle s'ajoute l'arrivée massive de réfugiés éthiopiens du Tigray au Soudan. Un cocktail dangereux qui pourrait exploser plus tôt que prévu.

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