Le commissaire européen aux affaires économiques, Paolo Gentiloni, assure que l'exécutif européen n'envisage pas de nouvelles sanctions contre la Russie dans le secteur du gaz

La Commission européenne reconnaît que le blocus du gaz russe n'est pas sur la table

photo_camera PHOTO/European Commission - Le commissaire européen Paolo Gentiloni au milieu de son discours au Forum économique de Bruxelles, le 16 mai 2022

La Commission européenne (CE) n'exclut pas de prendre des sanctions contre la Russie en raison de la guerre en Ukraine, mais n'envisage pas pour l'instant de bloquer le gaz russe, selon le commissaire européen aux affaires économiques, Paolo Gentiloni, pour qui, même si le conflit ne sera pas gagné avec des sanctions, le six-pack de la CE aura "un effet dévastateur sur l'économie et le pouvoir russes".

"La position officielle de la CE est qu'il n'y a aucune sanction sur la table. Mais à ce jour, nous ne parlons pas d'un blocus au gaz. La question est de frapper la Russie, mais sans trop nous blesser", déclare M. Gentiloni dans une interview publiée samedi par le quotidien italien La Stampa.

Gentiloni explique que "la guerre a un coût. Mais attention : personne n'a pensé la gagner avec des sanctions, car (le président russe Vladimir) Poutine ne sera prêt à s'en sortir qu'avec une négociation qui lui permettra de ne pas avoir à dire qu'il a été vaincu".

"Les six paquets lancés par la Commission auront en tout cas un effet dévastateur sur l'économie et le pouvoir russes, leur efficacité ne fait aucun doute", ajoute-t-il.

Malgré le fait que le front européen soit uni dans la guerre pour l'Ukraine et contre la Russie, Gentiloni est agacé par les difficultés à atteindre un consensus sur certaines mesures, faisant référence à la position du Premier ministre hongrois Viktor Orban lors du dernier Conseil européen.

"La prise de décision à Bruxelles est très difficile, et il était embarrassant de voir comment tout a été ralenti parce que l'un des 27 s'est levé et a dit qu'une décision prise par la réunion des chefs d'État et de gouvernement n'était pas assez bonne", a-t-il déclaré.

Pour Gentiloni, "nous devons changer les règles, (le Premier ministre italien Mario) Draghi et (le président français Emmanuel) Macron ont été clairs à ce sujet, et j'espère que Berlin se saisira également de la question". 

"Mais ne cherchons pas d'alibis, car même avec les instruments dont elle dispose, l'Europe fait sa part du travail de manière importante : interdiction du charbon, embargo progressif sur le pétrole, banques russes hors de Swift, initiatives contre la banque centrale de Moscou, avoirs gelés aux oligarques pour 12 milliards d'euros, dont presque 2 milliards en Italie. La Russie se dirige vers un défaut technique et connaîtra une baisse de 10 % de son PIB", a-t-il ajouté.

Interrogé sur un salaire minimum européen, en plein débat en Italie pour approuver un salaire minimum national, qui n'existe pas encore, M. Gentiloni l'a jugé nécessaire compte tenu de la perte de pouvoir d'achat des salaires.

"Il y a une directive-cadre de la Commission, nous ne sommes pas allés plus loin car de nombreux pays se retiennent : les Scandinaves parce qu'ils l'appliquent déjà par le biais de la négociation collective, ceux de l'Est parce qu'ils craignent qu'elle ne soit pas soutenue", a-t-il déclaré. 

Concernant l'augmentation des inégalités suite aux crises de ces dernières années, la pandémie et la guerre, Gentiloni a déclaré que "la directive pour la reconnaissance des droits des travailleurs sur les plateformes numériques est d'une grande importance".

"La Commission avait suggéré une taxe sur les bénéfices extraordinaires des entreprises du secteur de l'énergie, que l'Italie s'est empressée de mettre en œuvre, et nous voulons arriver à l'impôt minimum pour éviter les fuites vers les paradis fiscaux. Nous avons également besoin d'une taxation extraordinaire pour les grandes multinationales qui sont sorties victorieuses des crises de ces dernières années", conclut-il.

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