L'Arabie saoudite, la France et les États-Unis, réunis en marge de la réunion de l'ONU, ont exhorté le Liban à trouver un nouveau président, à former un gouvernement et à mettre en œuvre des réformes afin de recevoir l'aide du FMI

La communauté internationale exhorte le Liban à former un gouvernement et à mettre en œuvre des réformes

AFP/JOSEPH EID - Un drapeau libanais flotte le long d'un pont près du port de Beyrouth, la capitale du Liban, tandis que des silos à grains endommagés sont visibles à l'arrière-plan, devant le lieu de l'explosion

Le passé politique de la République libanaise la précède. L'instabilité déclenchée par la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah - et qui a finalement fait tomber un pays qui se remettait encore d'une guerre civile de 15 ans - n'a pas cessé d'avoir un effet sur la scène libanaise, même aujourd'hui. Cela a été mis en évidence par le retard de 13 mois dans la formation du gouvernement de Najib Mikati en 2021, suite à la démission d'Hassan Diab et de l'ensemble de son cabinet à la suite de l'explosion du port de Beyrouth, et semble se manifester à nouveau dans la paralysie politique actuelle. 

Ce sont ces craintes d'un vide gouvernemental prolongé qui ont conduit les représentants de l'Arabie saoudite, de la France et des États-Unis, réunis en marge de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, à publier une déclaration commune exhortant Beyrouth à former une nouvelle équipe gouvernementale. 

"Il est essentiel d'élire un président qui puisse unir le peuple libanais et travailler avec les acteurs régionaux et internationaux pour surmonter la crise actuelle", indique le communiqué. "Nous appelons à la formation d'un gouvernement capable de mettre en œuvre les réformes structurelles et économiques qui sont nécessaires de toute urgence pour faire face aux crises politique et économique du Liban, en particulier les réformes nécessaires pour parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international [FMI]". 

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Un appel international dans lequel l'Accord de Taëf - ou "Document d'entente nationale libanaise" - est devenu d'une importance capitale. À des fins de politique intérieure, et bien qu'il s'agisse d'une ligne rouge qu'aucun Libanais n'est prêt à franchir, il apparaît dans la pratique comme une complication supplémentaire au rapprochement politique ; tandis qu'à des fins extérieures, il est reconnu comme la garantie de l'unité nationale et de la paix civile dans le pays. "Nous affirmons la nécessité pour le gouvernement libanais [...] de s'engager à respecter l'accord de Taëf", indique la déclaration conjointe saoudo-franco-américaine. 

L'accord de Taiz, formalisé en 1989 dans la ville saoudienne du même nom, a servi à mettre fin à la guerre civile qui a ravagé le Liban entre 1975 et 1990, et a établi une formule de partage du pouvoir national sous forme de quotas entre les trois principaux groupes religieux qui régissaient la vie politique du pays : les chrétiens (qui occuperaient le poste de président), les musulmans sunnites (le poste de premier ministre) et les musulmans chiites. 

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Outre l'urgence de mettre en place le nouveau cabinet exécutif de Mikati - paralysé par des divergences politiques depuis juin dernier - l'appel international est également arrivé en plein compte à rebours de l'expiration du mandat présidentiel du maronite Michel Aoun, le 31 octobre prochain. Six ans après son investiture en 2016. Les partis chrétiens se sont donc inquiétés de trouver un successeur et de ne pas répéter l'épisode qui a laissé le Liban sans président pendant 29 ans, juste avant l'élection d'Aoun.  

Le délai pour trouver un nouveau président a commencé il y a près d'un mois, le 1er septembre 2022, mais les attentes sont faibles quant à la possibilité qu'un des candidats obtienne le soutien nécessaire des législateurs (soutien des deux tiers au premier tour de scrutin, ou majorité absolue aux tours de scrutin successifs). 

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Une instabilité insoutenable

La principale raison pour laquelle l'Arabie saoudite, les États-Unis et la France ont exhorté Beyrouth à mettre en œuvre des réformes structurelles et économiques est la grave crise dans laquelle le pays arabe est embourbé depuis 2019. Le pire de son histoire. Selon la Banque mondiale, l'une des trois pires au monde depuis le milieu du 19e siècle. Le PIB libanais s'est contracté de plus de 40 % au cours des trois dernières années, l'inflation reste à trois chiffres, les réserves de change continuent de diminuer et le taux de change est tombé cette semaine à plus de 38 000 livres libanaises pour un dollar américain. 

Le Fonds monétaire international a déjà accepté d'accorder une aide financière visant à atténuer les effets de l'effondrement économique et à sauver le pays, mais il le fera en échange de réformes que le système politique libanais semble avoir condamné à la "stagnation perpétuelle". "Malgré l'urgence d'agir pour remédier à la profonde crise économique et sociale du Liban, les progrès dans la mise en œuvre des réformes convenues en avril restent très lents", ont déclaré les représentants du FMI à l'issue d'une visite de trois jours à Beyrouth.

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Les réformes requises reposent sur cinq axes principaux : la mise en œuvre de réformes budgétaires, de mesures de lutte contre la corruption, de mesures de lutte contre le blanchiment d'argent, et la restructuration du secteur financier et de la dette publique extérieure. 

Et tandis que les banques à l'intérieur du pays annoncent leur fermeture pour une durée indéterminée en raison du "manque de sécurité" jusqu'à nouvel ordre, à l'extérieur, le Liban continue d'attendre un accord sur les frontières maritimes avec Israël. Une question qui pourrait faciliter l'arrivée de la stabilité dans le petit territoire de la péninsule arabique.

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