La France et l'Égypte signent secrètement un nouveau contrat d'armement

La France a conclu mardi trois contrats d'armement avec l'Égypte. Le premier concerne la vente de 30 avions de combat Rafale de Dassault pour un montant de 3,75 milliards d'euros, tandis que les autres accords portent sur les services du fournisseur de missiles MBDA et du distributeur d'équipements Safran Electronics & Defense pour 200 millions d'euros. 

Paris accueille ce mardi la délégation égyptienne chargée de sceller l'accord. Or, les représentants des deux États ont paraphé le document le 26 avril, selon le portail d'information Disclose. L'accord a été gardé secret depuis lors à la demande du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi.

Le ministère égyptien de la défense a annoncé que l'achat serait financé par un prêt qui sera remboursé au cours des dix prochaines années. Paris s'est engagé à accorder un crédit d'environ 85% du montant total au Caire. Le Trésor français réalisera l'opération en partenariat avec le Crédit Agricole, la Société Générale, la BNP et le CIC, malgré le fort endettement de l'Egypte. 

L'Égypte dispose d'une flotte de chasseurs F-16 américains et a signé un accord avec la Russie pour l'achat de 24 SU-35 et de 50 MiG-35, mais les plans d'armement du pays prévoient la recherche de nouveaux fournisseurs et le renforcement des relations militaires avec divers États fabricants d'armes. Bien que le ministère d'État égyptien de la production militaire ait élaboré un plan pour développer ses propres matériaux d'armement.

Ces dernières années, la politique étrangère de l'Égypte a recherché diverses sources d'armement et, par conséquent, elle entretient des relations militaires avec différents pays fabricants d'armes. Toutefois, le ministère d'État égyptien chargé de la production militaire a élaboré un plan intégré pour développer le système de fabrication militaire du pays, d'une valeur de 7,3 milliards de livres égyptiennes.

Dans le domaine de l'armement, les relations entre la France et l'Egypte ont été harmonieuses. Le pays gaulois a été le principal fournisseur d'armes de l'Égypte entre 2013 et 2017. En effet, l'Égypte a été le premier État à acheter les chasseurs Rafale lorsque Dassault a commencé leur production en 2015 avec la commande de 24 appareils. La France a alors garanti 60 % de l'emprunt souscrit par Le Caire pour faire face au coût du contrat.

Parallèlement à la conclusion de cet accord, les députés de l'Assemblée nationale Jacques Maire et Michelle Tabarot, du parti au pouvoir LREM et du parti conservateur Les Républicains, ont poussé une proposition commune visant à établir un contrôle parlementaire plus strict sur les exportations d'armes. La proposition comprend la création d'une commission parlementaire chargée d'examiner la nature des ventes d'armes et le profil de ceux qui en bénéficient. Cependant, le manque de transparence de l'Élysée sur la question reflète la position de Macron. 

Six mois se sont écoulés depuis que le président de la République française, Emanuel Macron, a accueilli son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sisi, à l'Élysée. Les critiques sévères lancées par les groupes de défense des droits de l'homme, les journalistes et les ONG n'ont pas influencé Macron, qui a préparé une grande réception pour al-Sisi. Elle comprenait une cérémonie au monument de l'Hôtel des Invalides et un dîner d'État au Palais de l'Élysée, ainsi que la remise de la Grand-Croix de la Légion d'honneur.

La reconnaissance de Macron envers le dirigeant égyptien a porté ses fruits, puisque le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, a été reçu à la résidence d'Al-Sisi à Paris et, un mois plus tard, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s'est rendu au Caire pour rencontrer son homologue égyptien.

Les raisons qui poussent la France à établir une future relation bilatérale avec l'Egypte sont variées. Tout d'abord, la situation complexe en Libye avec le défi de mettre en œuvre une transition démocratique. Le rôle des deux pays est de faciliter la stabilité et d'expulser toutes les forces étrangères qui interviennent dans le pays, principalement depuis la Turquie. 

Macron veut gagner en présence au Moyen-Orient, il doit donc développer ses relations bilatérales avec les Etats présents dans la région et minimiser l'influence de la Turquie, avec laquelle il a de forts désaccords. L'échange d'accusations avec Erdogan à la suite des attentats islamistes a creusé un fossé entre les deux. 

L'inimitié avec la Turquie est à l'origine de la dernière vente d'armes de la France. La Grèce a acheté 18 avions de combat Rafale pour protéger ses intérêts en Méditerranée orientale, le front ouvert avec l'État ottoman. Le dernier front qui soutient la coopération entre Paris et Le Caire est leur engagement commun dans la lutte contre le terrorisme djihadiste.