Le plan d'autonomie pour le Sahara occidental est "la base la plus sérieuse et la plus réaliste". C'est ce qu'a déclaré le président espagnol, Pedro Sánchez, dans une lettre adressée au roi du Maroc, Mohamed VI, mettant ainsi fin à un conflit diplomatique avec le Maroc qui est entré dans son dixième mois. La lettre, publiée par Rabat, a mis en évidence l'une des questions clés du conflit entre les deux royaumes : la position de l'Espagne sur le Sahara occidental.
Avec cette lettre, l'Espagne a fait un pas historique dans cette résolution, appuyant ainsi la proposition d'autonomie défendue par Rabat et soutenue par d'autres pays comme les États-Unis et les Émirats arabes unis. Cette position est désormais ouvertement rejointe par la France, qui voit dans l'autonomie marocaine une alternative permettant de mettre un terme au conflit du Sahara occidental.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara occidental est "une base" sur laquelle des "discussions sérieuses et crédibles" peuvent être construites. Il a toutefois évité d'évaluer le revirement politique du gouvernement espagnol sur cette disposition, se limitant à énoncer sa position.
Ainsi, le ministère français des Affaires étrangères a maintenu que la position française sur la proposition marocaine "est constante", et qu'il faut parvenir à "une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable". La France, alliée du Maroc, répète que c'est la base sur laquelle les négociations peuvent commencer.

Par ailleurs, selon une porte-parole diplomatique, l'Elysée est favorable à de "bonnes relations" entre les pays européens et leurs "voisins" en Méditerranée. La porte-parole a également été interrogée sur la crise qui a éclaté entre l'Espagne et l'Algérie à la suite de la nouvelle position de Madrid. Selon ses déclarations, elle prône la résolution de ce nouveau clivage par un dialogue dans lequel les "intérêts communs" sont défendus.
Dans ce revirement de la politique étrangère espagnole, on ne sait pas si l'Espagne a informé Alger, c'est pourquoi on craint maintenant que l'Algérie approuve une hausse des prix du gaz pour l'Espagne ou décide de couper son approvisionnement, comme elle l'a déjà fait avec le Maroc. Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a déclaré à l'issue d'une réunion avec ses homologues européens que " la diplomatie exige la discrétion " et que " les communications entre l'Espagne et le Maroc sont bilatérales. En exclusivité".

Ces nouvelles déclarations d'Albares se sont heurtées de front à celles publiées un jour après l'annonce. Celles-ci, comme le rapporte EFE, indiquent que "Alger a été préalablement informée", selon des sources gouvernementales. "Pour l'Espagne, l'Algérie est un partenaire stratégique, prioritaire et fiable, avec lequel nous entendons maintenir une position privilégiée", ont-ils conclu.
D'autre part, la Commission européenne s'est montrée favorable à la nouvelle position de l'Espagne. C'est ce qu'a démontré la porte-parole des Affaires étrangères, Nabila Massrali, qui a souligné que "l'Union européenne se félicite de toute évolution positive entre ses États membres et le Maroc dans leur relation bilatérale, ce qui ne peut être que bénéfique pour la mise en œuvre de l'accord d'association euro-marocain dans son ensemble".

L'Allemagne a également continué à réitérer son soutien à la souveraineté du Maroc. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a déclaré que le plan d'autonomie présenté en 2007 "est un effort sérieux et crédible" et qu'il constitue une bonne base pour un règlement de ce conflit régional.
Toutefois, cette décision diffère sensiblement de la position de l'ONU. Après avoir pris connaissance de la nouvelle disposition espagnole, l'organisation l'a rejetée et défend l'idée que "le conflit doit être résolu dans le cadre d'un processus politique conformément à ses directives". Ils rappellent que la solution doit s'inscrire "dans le cadre d'un engagement total des parties au processus politique facilité par l'ONU", c'est-à-dire la résolution 2602, qui "maintient son engagement d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, fondée sur le compromis, qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes de la Charte des Nations Unies".