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La justice israélienne pousse à la signature d'un accord maritime avec le Liban

Selon le médiateur américain Amos Hochstein, les parties signeront l'accord jeudi prochain, cinq jours seulement avant les élections en Israël
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AP/MARC ISRAEL SELLEM  -   Vue aérienne de la plate-forme de fondation du champ de gaz naturel Leviathan en mer Méditerranée, à environ 130 kilomètres (81 miles) à l'ouest de la côte de la ville israélienne de Haïfa

La justice israélienne est en passe de donner son approbation finale à l'accord historique de démarcation maritime signé début octobre par les gouvernements israélien et libanais. La Haute Cour de justice israélienne, la plus haute juridiction du pays après la Cour suprême, a rejeté dimanche "à l'unanimité" les quatre recours déposés pour annuler un texte juridique proposé par le médiateur américain Amos Hochstein, qui fixe la frontière entre les deux pays dans les eaux adjacentes de la Méditerranée orientale.

Le jugement confirme que l'accord n'a pas besoin de passer par la Knesset (parlement) pour être approuvé, mais qu'il ne peut aller de l'avant qu'avec l'approbation de l'exécutif intérimaire dirigé par Yair Lapid, selon un communiqué publié par le tribunal de première instance. Il est inhabituel pour un cabinet intérimaire de faire passer de tels traités, a fortiori en pleine campagne électorale, mais la loi hébraïque autorise des exceptions pour autant qu'il y ait "un besoin public essentiel", comme on peut le faire valoir dans ce scénario.

"La loi israélienne ne requiert normalement pas l'approbation de la Knesset avant de signer et de ratifier des accords internationaux. Cependant, les règles de procédure de la Chambre et du gouvernement exigent qu'ils soient soumis au Parlement deux semaines avant l'approbation finale par l'exécutif", explique Yuval Shany, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, à l'Institut israélien pour la démocratie. Cette exigence peut être levée pour des raisons de confidentialité ou d'urgence, note-t-il.

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PHOTO/DALATI NOHRA vía AP  -   Le premier ministre libanais désigné Najib Mikati, à droite, rencontre l'envoyé américain pour l'énergie Amos Hochstein au palais du gouvernement à Beyrouth, Liban, vendredi 9 septembre 2022

"À première vue, il semble qu'un accord sur la délimitation des frontières maritimes, dont la pertinence principale est économique, soit substantiellement différent des accords majeurs de politique étrangère qui ont été soumis à l'approbation de la Knesset dans le passé", réfléchit Shany. Les cas précédents de démarcations maritimes, convenues avec Chypre en 2010 et la Jordanie en 1996, n'ont pas été soumis à l'approbation du Parlement. Par conséquent, la décision semble saine.

Les quatre appels ont été déposés par le Kohelet Policy Forum, une ONG libérale-conservatrice qui a conseillé les différents cabinets de l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, l'organisation éducative ultra-nationaliste Lavi et le député radical Itamar Ben-Gvir, candidat du parti d'extrême droite Otzma Yehudit (Pouvoir juif), qui se présente en coalition avec le Parti sioniste religieux aux élections du 1er novembre.
 

Le forum politique Kohelet a demandé à la Cour suprême d'envisager l'organisation d'un référendum national avant de donner son feu vert à l'accord. La demande de la plateforme repose sur l'argument juridique selon lequel les eaux d'Israël ont le même statut juridique que les terres. Toutefois, l'accord fait référence à la zone économique exclusive, une zone qui, selon la convention des Nations unies sur le droit de la mer, ne confère pas une souveraineté totale. La base juridique de cette position est incohérente, comme l'a reconnu la juge en chef Esther Hayut, qui a rejeté l'appel.

L'organisation Lavi a décrit l'accord comme "une capitulation devant le Hezbollah qui met en danger la sécurité nationale de l'État d'Israël". Cet argument est répété ad nauseam par le leader actuel de l'opposition, Benjamin Netanyahu, qui cherche à obtenir une majorité parlementaire qui lui permettrait de reprendre le pouvoir après les élections. Le chef visible du parti de droite Likoud a tenté de faire son profit dans les urnes en attaquant durement son rival et actuel chef du gouvernement, Yair Lapid.

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AFP/EMMANUEL DUNAND  -   Le Premier ministre par intérim Yair Lapid

Les sondages indiquent que Netanyahou est proche des 61 sièges qui constituent la majorité à la Knesset, mais il a perdu du terrain ces dernières semaines au profit du troisième et dernier plaignant de l'accord, Itamar Ben-Gvir. Le député d'extrême droite, qui se considère comme l'héritier politique de feu le rabbin Meir Kahane, fondateur du mouvement interdit Kach pour ses positions ouvertement racistes, pourrait obtenir 14 sièges à la Chambre, soit 10 de plus que les travaillistes.

Le soutien de Ben-Gvir devrait être décisif pour obtenir une majorité parlementaire. C'est pourquoi le chef de l'opposition a reconnu dimanche qu'il pourrait "bien sûr" occuper un ministère dans son futur gouvernement, après quelques semaines au cours desquelles il a cherché à prendre ses distances avec l'avocat de profession. D'autre part, la fragmentation du secteur arabe islamiste complique la majorité pour Lapid. La course est encore serrée.

Cependant, le Premier ministre par intérim cherche à accélérer à tout prix l'approbation finale d'un accord conclu la semaine dernière après plus d'une décennie de négociations difficiles. Le diplomate Amos Hochstein, médiateur américain dans le conflit, a déclaré dimanche que les parties signeraient jeudi lors d'une cérémonie qui pourrait avoir lieu dans la ville symbolique libanaise de Naqoura, frontalière d'Israël. C'est le siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.