Plusieurs législateurs ont demandé que le vote soit reporté jusqu'à ce que le rapport de l'ONU sur la corruption soit rendu public

La Libye fait face à une journée décisive pour la composition du nouveau gouvernement, sur fond d'allégations de corruption

photo_camera REUTERS/ESAM OMRAN - Le nouveau Premier ministre libyen Abdulhamid Dbeibeh arrive à Syrte, en Libye

La Libye est un pas de plus vers la stabilité politique tant attendue et la fin de la guerre qui saigne le pays africain depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. Contrairement aux souhaits de la population libyenne, la chute de Kadhafi n'a pas apporté la démocratie tant attendue ni l'amélioration de la situation économique que réclamaient les jeunes et moins jeunes qui sont descendus dans les rues de Tripoli et d'autres villes du pays.

La Libye, cependant, a été plongée dans une instabilité qu'aucune des tentatives politiques qui ont suivi dans les années suivantes n'a pu inverser. La lutte pour le partage du pouvoir entre les différentes factions apparues après la chute de Kadhafi, a approfondi la fracture d'un pays, aujourd'hui pratiquement divisé en deux, et avec une région sud qui suit sa propre voie.

Actuellement, le conflit libyen se trouve à un tournant historique, qui pourrait mettre fin à cette étape cruelle de l'histoire de ce pays, qui dure depuis une décennie. Les députés libyens ont commencé à arriver dans la ville côtière de Syrte pour procéder à une session historique de confiance du nouveau gouvernement d'unité nationale (GUN), résultat du mécanisme de réconciliation non élu promu par les Nations unies (ONU) et qui devrait finalement conduire le pays aux élections législatives prévues pour le 24 décembre.

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Fin février, le Premier ministre intérimaire de la Libye, Abdul Hamid Dbeiba, a soumis la composition de son gouvernement au parlement désigné dans l'espoir d'obtenir la confiance des députés. "Conformément à la feuille de route", Dbeiba "a remis ses propositions de portefeuilles ministériels au président du parlement désigné avant la session du 8 mars", selon les déclarations de son cabinet dans un communiqué laconique, sans rendre la liste publique.

La répartition des portefeuilles reste confidentielle et on ne sait rien ou presque sur la composition du nouveau gouvernement, qui a la difficile tâche de remplacer à la fois le gouvernement d'accord national (GNA) de Fayez al-Sarraj et les autorités rivales de l'Est dirigées par Khalifa Haftar. Cette discrétion est considérée comme vitale dans un pays déchiré par des luttes intestines. Dbeiba a déjà soumis sa liste finale de membres du cabinet pour confirmation par le Parlement. Bien que la liste officielle n'ait pas encore été rendue publique, il y a déjà eu de nombreuses fuites affirmant que la liste est composée de 27 ministres, 6 ministres d'État et 2 députés.

Ce vote intervient au milieu d'une importante controverse sur un éventuel cas de corruption et d'achat de votes lors de l'interdialogue, qui a eu lieu un mois après la signature d'un accord de cessez-le-feu entre les parties rivales en octobre, selon un rapport de l'ONU encore confidentiel. 

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Le rapport suggère que la candidature d'Abdul Hamid Dbeiba aurait été achetée par des votes lors de réunions à Tunis. Suite à la fuite du rapport, un groupe de 42 législateurs, à leur arrivée à Syrte pour le vote, a soutenu une déclaration demandant le report de la réunion d'une semaine, alors que le rapport controversé du groupe d'experts doit être publié.

Pour sa part, Dbeiba défend "l'intégrité du processus", et la Mission de soutien des Nations unies en Libye (UNSMIL) rejette le report de ce vote et nie toute irrégularité.

En outre, le nouveau gouvernement devra également faire face au non-respect du quota de femmes convenu par l'UNSMIL, fixé à 30 %, ainsi qu'aux doutes concernant le portefeuille de la défense, car la liste ne précise pas qui sera le ministre de la défense, un poste d'une importance vitale pour unifier le pays et assurer la stabilité.

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De nombreux doutes subsistent quant au nouveau gouvernement, et cette journée devrait être décisive pour unifier le peuple libyen et apporter un nouveau halo de confiance. Avant le 19 mars, Dbeiba doit gagner la confiance du parlement élu pour son gouvernement. En outre, une session parlementaire axée sur le vote de confiance aura lieu aujourd'hui, où l'on discutera de ce qui constitue un quorum légitime et de la majorité nécessaire pour conférer cette confiance.

Si le gouvernement intérimaire de la Libye ne parvient pas à obtenir la confirmation de la Chambre des représentants dans le délai imparti, le vote de confiance sera transmis aux membres du Forum de dialogue politique libyen.

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