La Libye proche de l'unification de ses forces armées
Lors d'une réunion sans précédent à Tripoli, le Comité militaire libyen 5+5 a évoqué la possibilité de nommer un chef des forces armées, unifiant ainsi les deux armées. Comme le note le communiqué conjoint, la réunion s'est concentrée sur "la nécessité de nommer un chef d'état-major pour l'institution militaire et, en particulier, d'engager des mesures pour unifier l'institution", comme le rapporte Asharq.
Le sommet de deux jours était dirigé par les chefs militaires des deux factions belligérantes : le lieutenant-général Abdel Razzaq Al-Nadori, chef d'état-major des forces du maréchal Khalifa Haftar, et le lieutenant-général Muhammad Al-Haddad, chef d'état-major des forces militaires du Gouvernement d'unité nationale (GUN). Comme le rapportent les médias arabes, la rencontre a été rendue possible suite à une invitation d'Al-Haddadi à Al-Nadori dans la capitale.
Le Comité militaire libyen 5+5, espace de dialogue entre les belligérants, s'est également engagé à préserver le cessez-le-feu déclaré en octobre 2020 et soutenu par les Nations unies. En outre, les deux parties ont convenu du "rejet total du retour aux combats, de la renonciation à la violence et du soutien à l'État civil", selon le Libya Herald.
Le journal libyen indique également que, lors de la réunion, les deux administrations ont reconnu "les efforts de la commission" et se sont engagées à poursuivre ce qui a été mis en œuvre précédemment, ainsi que la formation d'une commission parallèle pour "suivre le dossier des détenus et des personnes disparues" et "faire avancer le programme de réconciliation nationale et le retour des personnes déplacées de tout le pays dans leurs foyers".
De la même manière que le retour des citoyens libyens qui ont dû fuir les multiples conflits a été abordé, le Comité militaire libyen 5+5 a discuté du départ des mercenaires du pays, ainsi que d'autres combattants étrangers. Ils ont également convenu d'élaborer un plan pour lancer des patrouilles frontalières afin de protéger les frontières, de prévenir l'immigration illégale, le crime organisé et le terrorisme, selon le communiqué.
"Je suis encouragée par le résultat de la réunion entre le général Haddad et le général Al-Nadori", a écrit sur Twitter Stephanie Williams, envoyée de l'ONU en Libye. "Son esprit de compromis est un modèle pour la classe politique", a-t-elle ajouté. Entre-temps, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (UNSMIL) a salué "ce dialogue important". L'UNSMIL "continue également à soutenir les pourparlers de sécurité, en particulier par le biais du Comité militaire conjoint".
L'ambassade des États-Unis dans ce pays d'Afrique du Nord a salué "les progrès réalisés sur la voie de la sécurité en Libye vers une institution militaire unifiée".
Au milieu des réunions du Comité militaire 5+5 de Libye, le champ pétrolier d'El Feel, dans le sud du pays, a repris sa production et ses exportations. El Feel a suspendu ses activités après que plusieurs factions tribales ont forcé sa fermeture en avril dernier pour demander la démission du Premier ministre et du GNU de Tripoli, Abdul Hamid Dbeibé, rapporte EFE.
La reprise du champ coïncide avec le récent remplacement controversé du président de la National Oil Corp (NOC), la société qui gère le secteur pétrolier et gazier du pays. Farhat Bengdara remplacera Mustafa Sanalla après huit ans à la tête de la société libyenne.
Peu après l'annonce du gouvernement Dbeibé, Sanalla a rejeté la décision et a affirmé que le mandat du premier ministre avait expiré. La Libye compte actuellement deux Premiers ministres : Dbeibé à Tripoli et Fathi Bashagha, nommé par la Chambre des représentants à Tobrouk, dans l'est du pays.
