La menace du terrorisme djihadiste plane sur l'Afghanistan et la région du Sahel

La pandémie provoquée par le COVID-19 a redessiné le paysage géopolitique mondial. L'impact de cette crise sanitaire a eu un effet direct sur l'économie et le tourisme, mais aussi sur l'évolution des organisations terroristes djihadistes. C'est ce qu'indique le rapport semestriel sur l'activité djihadiste pour 2020 préparé par l'Observatoire international pour l'étude du terrorisme, qui a été publié lundi.  

Les groupes djihadistes ont profité de l'instabilité et de l'inégalité provoquées par cette crise pour transformer leur dynamique d'action et accroître leur influence dans certains territoires où, jusqu'à présent, leur présence était minime, voire inexistante. Les mesures adoptées par les gouvernements de différents États pour réduire la propagation de cet agent pathogène ont créé un terrain propice à l'expansion de ces groupes terroristes, qui a été favorisée par la concentration des efforts des troupes locales sur l'endiguement de la pandémie et par le retrait en temps voulu des soldats destinés aux missions internationales, comme le souligne ce rapport.  

La France et le Royaume-Uni - avertit ce document - ont été témoins de la transformation que ces processus de radicalisation ont subie, car ils ont subi des actions terroristes perpétrées par des individus qui ont agi de manière autonome. En Espagne, en revanche, les opérations de police antiterroristes n'ont pas cessé d'avoir lieu malgré le fait qu'une grande partie du pays était confinée. Les Mossos d'Esquadra, par exemple, ont arrêté deux Algériens âgés de 41 et 43 ans à Barcelone en juillet dernier dans le cadre d'une opération contre le terrorisme djihadiste. Les personnes arrêtées s'apprêtaient à commettre un attentat, selon des sources d'enquête consultées par El Periódico de Cataluña.  

L'Observatoire international pour l'étude du terrorisme estime qu'une nouvelle ère a commencé avec la défaite militaire de Daech car, depuis lors, le mouvement djihadiste mondial s'est de plus en plus décentralisé, comme le montre « l'alqaedisation de Daech lui-même », ont-ils averti.  Ainsi, le rapport indique que la tendance à la décentralisation qui avait déjà été marquée en 2019 s'est accentuée au cours des derniers mois, en raison de l'augmentation du protagonisme de ses groupes affiliés et de ses franchises régionales, tels que l'État islamique du Grand Sahara (EIGS), l'État islamique d'Afrique de l'Ouest (ISWAP) ou l'État islamique d'Afrique centrale (ISCAP), établis dans différentes zones géographiques. 

L'analyse semestrielle préparée par l'OIET avertit également que « l'influence de Daech sur les mouvements insurgés locaux a fini par donner un coup de fouet aux approches les plus radicales », notamment au courant idéologique du salafisme djihadiste qui se répand tranquillement dans des pays comme la République démocratique du Congo ou le Mozambique.  

Au cours des six derniers mois, 4 826 personnes ont perdu la vie dans le monde entier à cause du terrorisme djihadiste dans au moins 30 pays.  Les organisations terroristes ont vu dans le coronavirus une occasion d'accroître leur influence, comme cela s'est produit, par exemple, en Afghanistan où les talibans se sont positionnés comme « le seul acteur qui se soucie du bien-être des citoyens », indique cet article. Un phénomène similaire se produit en Afrique de l'Ouest, où les organisations djihadistes ont profité de l'occasion pour s'étendre à de nouveaux territoires.  L'OIET s'est montré préoccupé par l'augmentation des attaques de ce type, qui sont passées de 757 au premier semestre 2019 à 1 013 ce semestre. Selon ce document, les régions les plus touchées ont été l'Afghanistan et le Sahel, l'une des régions les plus touchées au monde par le phénomène terroriste. Toutefois, on constate également une diminution considérable du nombre de victimes, le nombre de décès étant inférieur à 5 000.  

Selon le rapport semestriel préparé par l'OIET, la Syrie et l'Irak sont les pays où la violence a été le plus réduite, contrairement au Sahel occidental où les données sont - selon l'organisation – « très alarmantes ». Les conclusions de ce document soulignent que parmi « les dix pays qui comptent le plus grand nombre de décès, huit d'entre eux appartiennent à la moitié sud du continent africain, tous concentrés dans la région du Sahel occidental, la R.D. du Congo et le Mozambique ». 

Le rapport indique que « la région du Sahel s'est établie comme l'un des principaux foyers de terrorisme dans le monde ». Le coronavirus a créé le scénario parfait pour que les groupes armés puissent gagner en puissance et accroître leur influence dans la région. « Ces organisations ont fait preuve de solides capacités opérationnelles et de renseignement qui leur permettent de mener des attaques à grande échelle contre des installations militaires et des colonies civiles », ont-ils déclaré. Selon ce document, cette situation fait que ces organisations poursuivent leur expansion territoriale vers le sud ou l'ouest, comme nous l'avons vu ces derniers mois, avec la multiplication des attaques dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali et même le Niger.  

Ce scénario d'instabilité doit également tenir compte de l'augmentation des tensions politiques, sociales et économiques qui, bien qu'elles existent déjà, se sont intensifiées à la suite de cette crise sanitaire. L'OIET a expliqué que ces facteurs ont une relation très directe avec le phénomène terroriste, puisque « les groupes armés profitent de la méfiance et du mécontentement des citoyens envers les autorités, se présentant comme une alternative aux gouvernements et offrant des opportunités économiques et des services de base que ces derniers ne fournissent pas dans certaines régions éloignées, obtenant ainsi le soutien de la population ». 

Dans ce contexte, le rôle joué par les gouvernements du Golfe de Guinée dans la lutte contre ce phénomène est essentiel pour faire face à la menace terroriste. Toutefois, il convient de noter que des pays comme le Ghana et le Togo n'ont enregistré aucun attentat, bien qu'il y ait une présence d'organisations terroristes, en provenance du Burkina Faso. « Il est vital que les autorités regagnent la confiance de la population et se battent pour éradiquer les zones de marginalisation où l'État n'est pratiquement pas présent, ce qui génère un sentiment d'abandon généralisé au sein de la société locale », ont-ils souligné.  

L'OIET a également souligné la nécessité de mettre fin à « l'absence d'impunité des armées nationales ».  Le rapport conclut que ces dynamiques nous permettent de prédire que dans un avenir proche, l'Afghanistan et le Sahel engloberont les principaux épicentres d'activité et a averti que Daech attend le bon moment pour réapparaître en Syrie et en Irak.  Enfin, ils ont demandé à l'Europe d'analyser ce qui se passe à l'intérieur des prisons, des lieux qu'ils ont qualifiés de « centres importants de radicalisation », sans laisser de côté les combattants qui, pour une raison ou une autre, veulent retourner dans leur pays d'origine.