La MOE souligne les risques auxquels la Colombie est confrontée à l'approche des élections

La Mission d'Observation Electorale (MOE) a présenté vendredi les résultats de son troisième rapport d'observation des élections colombiennes, dans lequel elle a mis en évidence les risques et les préoccupations auxquels sont confrontées les élections présidentielles qui se tiendront en Colombie cette année.

Parmi les points les plus critiques du rapport, l'organisation a mis en évidence quatre dangers auxquels le pays doit faire face : les niveaux élevés de violence, le financement des campagnes, le contrôle du logiciel utilisé pour compter les votes et le changement des bulletins de vote. Ces facteurs "peuvent avoir un impact sur la transparence, la sécurité, la liberté et l'égalité d'accès au vote lors des élections législatives et présidentielles", selon le rapport de la MOE.
 

Escalade de la violence

La MOE a noté des préoccupations concernant la difficulté pour les candidats de se déplacer librement dans certains territoires, et concernant les personnes déplacées par le conflit armé dans certaines régions du pays. Elle a souligné dans son rapport les difficultés posées par "l'escalade de la violence par les différents acteurs armés illégaux dans différentes régions du pays qui, bien que dans la plupart des cas elle n'ait pas été causée par les élections, a un impact sur le processus électoral".

Cette situation a déjà affecté certains candidats aux élections, comme Francia Márquez, qui a fait part sur ses réseaux sociaux des problèmes rencontrés lors de ses déplacements pour la campagne : "Pendant deux jours, nous avons traversé Timbiquí et Guapi. J'aurais aimé me rendre dans d'autres territoires du Pacifique, mais la violence nous en a empêchés", a-t-elle déclaré sur Twitter.

Au cours du mois de janvier, 37 actes violents à l'encontre de responsables politiques et sociaux ont été enregistrés, soit une augmentation de 27,6% par rapport à la même période en 2018 où 29 ont été enregistrés.

" En 2022, il y a eu 8 menaces contre des candidats au Congrès, une attaque contre un candidat à la Circonscription spéciale de paix transitoire (CITREP) de Magdalena - Guajira - Cesar ; une menace contre un candidat leader de la CITREP de Tolima Sud et une menace contre un pré-candidat à la présidence ", selon les données de la MOE.

Financement des campagnes électorales

Ce point affecte particulièrement les candidats des Circonscriptions Spéciales de Paix Transitoire (CITREP), qui "n'ont pas reçu les fonds d'avance pour financer leurs campagnes électorales", limitant ainsi leurs campagnes politiques, indique le rapport de la MOE.

Une autre limite pour les candidats de CITREP est le nombre d'obstacles qu'ils rencontrent lors de l'ouverture de comptes bancaires, dit Alejandra Barrios, directrice de la MOE.

Contrôle du logiciel

Les élections présidentielles et législatives de 2022 en Colombie seront les premières du pays à utiliser un logiciel d'État pour examiner les votes émis par le Conseil national électoral.

Cependant, la MOE remet en question ce système puisque le comptage des votes au niveau territorial continuera d'être la propriété de sociétés privées. "Cela revient à séparer le développement du contrôle en deux contrats qui se concentrent sur différentes étapes du processus de contrôle", ajoute le rapport.

L'organisme a insisté sur la nécessité de l'existence de garanties pour l'audit et le contrôle des organisations politiques non seulement dans le logiciel d'état, mais aussi d'inclure la possibilité de le développer dans les scrutins zonaux, locaux, municipaux, de district et départementaux.

Dans le cadre de ses allégations et rapports, la MOE a demandé au Registre national de l'état civil (RNEC) la possibilité d'être considéré pour exercer ses fonctions d'observateur.

Bulletins de vote

En 2022, une modification a été apportée à la présentation des bulletins de vote, afin de faciliter leur marquage au moment du vote. Bien que les modifications soient positives, la MOE souligne que "la conception des cartes électorales et du mécanisme de livraison pourrait entraîner un excès de cartes non marquées ou de votes déposés dans les urnes", ce qui pourrait générer un problème lors du décompte des voix et du contrôle ultérieur.

Pour cette raison, la MOE a demandé à la RNEC de coordonner une table ronde technique avec la participation des organisations politiques et de la MOE, dans le but de connaître en détail le processus de remise des bulletins de vote et le recomptage qui sera effectué par les jurys de vote. 
Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.