La réponse coordonnée du Koweït au COVID-19
Plusieurs des hôpitaux des États du Golfe disposaient déjà d'unités de triage spécialisées dans les maladies respiratoires, avec des systèmes de ventilation conçus pour éviter que les travailleurs de la santé ne soient infectés. Profitant de cet avantage, le Koweït a mis en place des mesures de précaution strictes après que les premiers cas de COVID-19 aient été signalés fin février.
Tous les vols sans cargaison à destination et en provenance du Koweït ont été suspendus à partir du 13 mars, ce qui en fait le premier État du Golfe à immobiliser au sol tous les vols de passagers. Les mosquées et les espaces publics tels que les parcs et les plages ont également été fermés à cette date, tandis qu'un couvre-feu a été imposé dans tout le pays le 22 mars. Les écoles et les universités ont également été suspendues, repoussant la date fixée pour leur réouverture au plus tôt au 4 août. Toutes les institutions publiques seront fermées au moins jusqu'au 25 avril.
Entre-temps, l'hôtel cinq étoiles Al Kout Beach et la station balnéaire Al Khiran ont été rouverts en tant que centres de quarantaine, et le Centre international d'exposition Mishref est utilisé comme hôpital de campagne et centre de dépistage. Ces réponses coordonnées visent à stopper la propagation de la pandémie : le Koweït a enregistré son premier décès dû au COVID-19 le 4 avril.
Parallèlement aux efforts visant à accroître la résilience du secteur des soins de santé, la Banque centrale du Koweït (CBK) a pris des mesures pour atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie. Le 16 mars, la CBK a réduit son taux d'intérêt de référence de 100 points de base pour le ramener à 1,5 %. La banque a également demandé aux prêteurs de reporter les remboursements des prêts aux entreprises particulièrement touchées par la crise. Par la suite, le 2 avril, la CBK a annoncé qu'elle lançait un important plan de relance.
Visant à soutenir les secteurs clés et les petites et moyennes entreprises (PME), le paquet a modifié les règlements et les outils de politique macroprudentielle, et a mis à disposition 16,5 milliards de dollars pour des prêts supplémentaires par les banques locales. La CBK a également réduit les exigences en matière d'adéquation des fonds propres de 2,5 % et a abaissé la pondération des risques pour les PME de 75 % à 25 %.
« Le plan de relance récemment annoncé fournira une défense très solide et efficace contre les dommages à court terme causés par le coronavirus », a déclaré à OBG Alok Chugh, partenaire du gouvernement et responsable du secteur public de la région MENA chez Ernst &Young. « Les PME ont été au centre de la vision de la CBK, et la réduction de la pondération du risque de crédit de 75 % à 25 % a permis aux banques d'augmenter considérablement leurs prêts aux PME et donc de leur apporter un soutien très efficace pendant cette crise ».
La CBK a souligné qu'elle était bien placée pour mettre en œuvre des mesures importantes : après la crise économique mondiale de 2008, la banque a mis en œuvre des politiques de protection qui ont permis de disposer d'une base de capital solide et de réserves substantielles. Toutefois, fin mars, l'agence de notation Moody's a révisé à la baisse la note Aa2 du Koweït, compte tenu de la baisse importante des recettes publiques.
En outre, Standard & Poor's a abaissé la note de crédit souverain à long terme du Koweït de « AA » à « AA- ». L'agence de notation a cité à la fois la chute mondiale des prix du pétrole et le rythme relativement lent de la réforme fiscale dans le pays. Il a également noté que la pandémie avait mis en évidence l'absence d'une loi sur la dette souveraine au Koweït.
Dans un développement très attendu, la société américaine MSCI avait entrepris de faire passer le Koweït de la catégorie « marché frontalier » à la catégorie « marché émergent » en mai de cette année. Toutefois, si la bourse koweïtienne remplit toujours tous les critères, en raison du COVID-19, cette opération a été reportée au mois de novembre.
Un autre événement important qui a été reporté est l'acquisition de la Ahli United Bank of Bahrain par la Maison des finances du Koweït. La fusion a finalement été approuvée en avril, mais elle aura maintenant lieu en décembre de cette année.
Plus généralement, et malgré la perturbation du commerce et des voyages mondiaux, le COVID-19 a donné au Koweït l'occasion de renforcer ses liens internationaux. À la mi-mars, le Koweït a annoncé qu'il apporterait une aide financière à ses voisins régionaux, l'Irak, la Palestine et l'Iran, dans leurs réponses au virus. Parallèlement, le Koweït a fait don de 40 millions de dollars à l'Organisation mondiale de la santé pour soutenir ses efforts de lutte contre la pandémie. Puis, le 7 avril, l'ambassadeur chinois Li Minggang a rencontré Abdullah Al Afasi, le sous-secrétaire du ministère du commerce et de l'industrie du Koweït, pour discuter de la coopération entre les deux nations sur le COVID-19, et de la manière dont le Koweït pourrait obtenir des fournitures médicales de la Chine.
Quatre jours plus tard, à la suite d'une conversation entre le Premier ministre indien Narendra Modi et son homologue koweïtien Cheikh Sabah Al Khaled Al Hamad Al Sabah, une équipe de réponse rapide de 15 médecins et professionnels de la santé a été envoyée d'Inde dans l'État du Golfe. L'équipe devrait rester deux semaines, pour soutenir les tests et les traitements et former le personnel.
