La religion comme arme d'union et de coexistence entre les cultures

L'ambassade des Émirats arabes unis à Madrid, en collaboration avec Casa Árabe, a accueilli une rencontre où la religion et la culture ont été les protagonistes d'une journée au cours de laquelle on a rendu hommage au concept de " dialogue interreligieux " comme outil de promotion de la paix.

Dans un contexte de plus en plus polarisé, où les religions ont marqué le cours de divers événements historiques, l'extrémisme et la radicalisation ont affecté le développement culturel et politique de différents États. En utilisant la foi de la population, les groupes extrémistes et les discours de haine ont semé le trouble dans différentes sociétés où la séparation a prévalu sur l'union sociale. En ce sens, l'événement se veut une porte par laquelle commencer à jeter des ponts entre les différentes religions pour faire du monde un endroit meilleur, où règnent l'interculturalité et la coexistence. 

Ainsi, la réunion a débuté par un mot de bienvenue du directeur général de la Casa Árabe, Pedro Martínez-Avial, qui a souligné la nécessité d'organiser ce type d'événement, car " cet événement favorise l'interculturalisme et la coexistence " dans un environnement où nous devons essayer de promouvoir " le respect et la tolérance " afin de " susciter le dialogue religieux ".

Après la réception, le directeur a présenté l'ambassadeur des Émirats arabes unis, Majid al-Suwaidi, qui a souligné que "la coexistence fait de nous des personnes meilleures". Dans ce sens, l'ambassadeur a affirmé qu'il espère pouvoir continuer à "marcher main dans la main avec nos alliés et amis" et à promouvoir le "dialogue". 

Parallèlement, le diplomate a souligné que "la tolérance sera toujours une composante fondamentale de l'identité des Émirats arabes unis, dont la structure est basée sur la promotion mutuelle de la compréhension culturelle". À titre d'exemple, Majid al-Suwaidi a souligné la mise en œuvre du projet "The House of the Abrahamic Family" à Abu Dhabi, une construction qui abrite les trois temples des trois religions monothéistes sur la même esplanade.

Après son discours, le président de la Fondation pour une culture de la paix, Federico Mayor, est intervenu en ligne pour ajouter que "grâce à la diplomatie, il est possible de résoudre les conflits" et a critiqué la culture de la guerre après avoir affirmé qu'"il est intolérable que des millions de dollars soient investis dans des armes alors qu'il y a des gens qui ne peuvent pas manger". "Tous les êtres humains sont égaux, nous n'allons pas résoudre les conflits avec des armes, nous devons les résoudre avec des mots et un dialogue", a-t-il souligné.

Federico Mayor a poursuivi en affirmant que "dans la promotion de la culture de la paix, nous devons regarder les autres et les comprendre car ils peuvent avoir raison, malgré leurs différences (...) nous pouvons tous partager et vivre ensemble" dans une société où "tous les êtres humains sont égaux en dignité". 

Federico Mayor a également parlé de l'Agenda 2030 dans lequel il a proposé la nécessité de changer la façon dont le monde est structuré. En ce sens, il a affirmé qu'"il n'est pas possible que les pays les plus riches soient ceux qui donnent les instructions" et a appelé à l'établissement d'une "nouvelle politique" dans laquelle le vote pondéré est soutenu et le veto est rejeté, tout en pariant sur le pouvoir de la parole "pour construire des solutions". Pour conclure, le président a souligné qu'"il y a un devoir de s'exprimer dans un présent où beaucoup de choses doivent être changées.

Ensuite, l'ambassadeur en mission spéciale pour la médiation et le dialogue interculturel, Ramón Blecua, a affirmé que "la définition des récits culturels est transcendante pour l'avenir (...) il n'y a aucune possibilité que la haine ou le racisme s'enracine dans une société cosmopolite".

En ce sens, il a rassemblé l'esprit de Mossoul, une enclave dans laquelle, avant les offensives djihadistes, des histoires pluralistes ont coexisté et où la coexistence entre les cultures et les religions du Moyen-Orient a pu se développer. De même, l'ambassadeur a donné l'exemple de l'Espagne comme un pays qui a eu, et continue de maintenir, un "rôle pertinent dans une culture de la multiplicité dans laquelle il y a eu une énorme fertilisation culturelle du temps qui a eu une importante résonance symbolique".

D'autre part, la sous-directrice générale de la liberté religieuse du ministère de la Présidence, Mercedes Murillo, a déclaré que "le défi est de trouver des moyens de vivre ensemble dans la différence" et de faire "un exercice d'égalité dans la liberté de conscience" dans lequel "les différences ne sont pas perçues comme une menace" puisqu'il existe "une résilience sociale face à la haine".

Enfin, le nonce apostolique du Saint-Siège en Espagne, Mgr Bernardito Cleopas Auza, a affirmé que la tolérance "est fondamentale pour la paix et la coexistence" et qu'elle est favorisée par "un plus grand dialogue avec toutes les religions et cultures, dans lequel il n'y a aucune ambiguïté". Le Nonce a mentionné le Pape François comme une figure de référence qui a essayé de construire des ponts afin de maintenir la paix, malgré les différences. Dans cette ligne, il a nommé les trois éléments qui, selon le Pape, sont nécessaires à la construction de la paix et de la coexistence. Dans ce sens, "il faut se respecter soi-même et respecter les autres", en plus d'avoir "assez de courage pour accepter les différences" et "suivre un chemin de droiture".

En outre, le représentant diplomatique a souligné que "le bien de chacun réside dans le bien de tous" et qu'il est donc nécessaire que "nous entrions ensemble comme une famille dans une arche", faisant ainsi une comparaison avec le passage biblique de l'Arche de Noé.

Ainsi, la religion tente de se réinvestir dans un nouveau concept qui englobe la société de manière égale dans un exercice où la spiritualité et la foi sont les protagonistes qui ouvrent la voie à l'égalité et à la compréhension entre les cultures pour construire un monde meilleur et plus solidaire.