La sociedad civil pide rebajar la tensión entre Marruecos y Argelia
Le dernier affrontement politique entre deux rivaux actuels de l'Afrique du Nord, le Maroc et l'Algérie, déclenché par l'annonce par l'Algérie, le 24 août, d'une rupture des relations entre les deux pays, a suscité des tensions diplomatiques et politiques inquiétantes. Face à ce scénario inquiétant, des voix se sont élevées pour demander la fin de la confrontation et l'apaisement de la situation.
Ainsi, une partie de la société civile marocaine et algérienne a appelé à mettre fin à cette escalade de la tension entre les deux nations du Maghreb.
Dans cette optique, environ 250 intellectuels et personnalités ont signé un manifeste dans lequel ils lancent un appel à la raison à l'intention des responsables politiques et de l'opinion publique elle-même.
Malgré les divers différends politiques qui existent entre les deux États (y compris la question très pertinente du Sahara occidental), les signataires du manifeste s'opposent à une telle confrontation frontale entre deux pays voisins d'Afrique du Nord. Ainsi, Fouad Abdelmoumni, économiste marocain et l'un des signataires de cet appel, a reconnu que les sociétés civiles du Maroc et de l'Algérie n'ont pas été à la hauteur, mais a affirmé qu'un premier pas est aujourd'hui franchi vers une mobilisation visant à apaiser la situation : "L'élément essentiel, pour nous, est de briser cette symphonie qui se joue de part et d'autre des frontières, où chacun dénigre l'autre, où chacun diabolise l'autre, et où chacun conduit sa population à la haine de l'autre."
Ce courant d'opinion rejette le militarisme, la confrontation et la division régionale. "Lorsque nous aurons des propositions concrètes, fortes, collectives, cohérentes et convaincantes, nous pourrons mener une grande mobilisation au niveau du Maghreb, pour contrer les pouvoirs qui nous conduisent aujourd'hui à la confrontation. Nous sommes en guerre, et en tout cas à l'énorme gaspillage de nos moyens et de nos ressources", a déclaré Abdelmoumni, dans des propos rapportés par RFI.
Fouad Abdelmoumni a souligné que dans cet appel, les signataires demandent aux sociétés civiles des deux pays d'agir rapidement pour mettre fin à l'escalade des tensions. Il a ajouté que cet acte symbolique sera suivi d'autres pour traiter les questions épineuses qui causent la division entre les deux pays du Maghreb.
Ainsi, un appel a été lancé pour rapprocher les peuples marocain et algérien.
"Nous rejetons la situation actuelle qui pourrait conduire à une confrontation contre nature, une confrontation qui n'est rien d'autre qu'une négation de l'histoire profonde de notre région, qui va à l'encontre des intérêts des deux peuples et de toute la région", indique le manifeste signé par des intellectuels et des militants du Maroc et de l'Algérie, y compris de la Tunisie, et présenté lors d'une conférence de presse qui s'est tenue en personne et virtuellement.
Pour sa part, l'activiste berbère marocain, Ahmed Assid, a proposé d'organiser des réunions entre les élites du Maroc et de l'Algérie pour promouvoir l'entente entre les deux pays. Pour sa part, Bencheikh Madjid, professeur de droit à l'université en Algérie, a dénoncé le fait que les dirigeants des deux pays "ont un esprit de domination dans la région qui nuit aux intérêts des deux peuples". "Cette rupture est une catastrophe, que se passera-t-il si de nouveaux incidents surviennent entre les deux pays", a déploré l'économiste algérien Lakhdari Djaffa, également rapporté par l'agence de presse EFE.
L'Algérie a annoncé le 24 août qu'elle rompait ses relations avec le Maroc après avoir accusé ce dernier de soutenir le mouvement séparatiste kabyle (MAK) et d'être à l'origine des déclarations du ministre israélien des affaires étrangères accusant Alger d'être complice de la République islamique d'Iran, souvent accusée de déstabiliser le Moyen-Orient par sa politique belliqueuse et interventionniste dans d'autres pays.
Il s'agit maintenant de rechercher un point d'entente pour un rapprochement entre le Maroc et l'Algérie. Il pourrait s'agir d'un tournant important, surtout dans la perspective de l'épisode politique majeur qui s'annonce le 8 septembre, lorsque des élections locales, régionales et parlementaires seront organisées dans le royaume alaouite pour la première fois de l'histoire.
