Les manifestations en Colombie s'intensifient et les ONG dénoncent la mort de plus de 30 personnes 

La tension monte dans les rues en Colombie 

photo_camera AFP/LUIS ROBAYO - Des Colombiens se rassemblent autour de bougies et de mots sur le trottoir qui disent "pour nos morts" lors d'une veillée le 5 mai 2021 à Cali, en Colombie, en l'honneur des manifestants qui sont morts lors des protestations contre le gouvernement du président Ivan Duque.

Ce deuxième jour de la grève nationale a été marqué par des protestations qui n'ont pas eu recours à la violence dans certaines parties du pays, entre manifestations, cacerolazos et sit-in sur les voies publiques ; elles ont été organisées pour rejeter l'usage de la violence par l'Escadron mobile anti-émeutes (ESMAD). Après le retrait par le président Duque de la proposition de réforme fiscale au Congrès colombien, suivi de la démission du ministre des finances, les journées de protestation se poursuivent. L'ONG Temblores a dénoncé mercredi la mort de 37 personnes, tandis qu'une autre ONG comme Indepaz conclut que 31 personnes sont mortes jusqu'à présent dans les manifestations. La Colombie vit son huitième jour de protestations et le deuxième pour la convocation nationale.

Colombianos residentes en Panamá se manifiestan contra el gobierno del presidente Iván Duque frente a la embajada de Colombia en Ciudad de Panamá, el 5 de mayo de 2021 AFP/LUIS ACOSTA

Les manifestants appelés par le Comité national de grève sont venus protester contre la réforme fiscale, qui a déjà été abrogée, et la violence exercée par les forces de sécurité de l'État, qui ont été critiquées par les organisations internationales et les ONG de défense des droits de l'homme. Des affrontements entre l'ESMAD et des manifestants ont eu lieu dans des villes telles que Medellin, Bucaramanga, Ibague, Bogota et Cali. Dans la capitale, des manifestations ont eu lieu devant le siège législatif, les forces de l'ordre ont utilisé des bombes lacrymogènes et des citernes d'eau contre les manifestants sur la Plaza Bolivar, on a également signalé des attaques à coups de pierres de la part des manifestants en direction de la police, ainsi que des incendies dans 15 Commandos d'Attention Immédiate (CAI), où l'un d'entre eux comptait 10 policiers et où il y a eu 5 blessés. Le maire de Bogota, Claudia Lopez, a posté sur Twitter : "Par rapport à hier, aujourd'hui nous avons eu une journée moins traumatisante. Hier, plus de 200 blessés, aujourd'hui 29 (23 civils et 6 policiers). Dans tous les cas, il devrait être égal à zéro. Nous continuerons à œuvrer pour que le dialogue et la sérénité règnent. Demain, Transmilenio fonctionnera selon son horaire habituel".

 Datos sobre abusos policiales durante las protestas en Colombia, publicados por la ONG Temblores, y cifras oficiales hasta el 5 de mayo AFP/AFP

Pendant les manifestations à Bogota, il y a plusieurs versions de qui est derrière les attaques contre les institutions de l'État, car il a été démontré qu'il y a une ligne entre les protestations pacifiques et les actes de vandalisme. Le journal colombien El Tiempo a eu accès à un rapport présenté par les services de renseignement colombiens, qui montre qu'au moins quatre réseaux criminels ont perpétré des actes de terrorisme et de vandalisme, puisque selon le rapport, ils ont attaqué de manière "synchronisée et organisée" les policiers situés dans le CAI. "Nous devrions aussi commencer à travailler comme des loups solitaires, les attraper en train de manger, de se reposer, de faire le plein (en référence aux policiers). Attaquez-les même avec des armes tranchantes et fuyez, entrée par sortie", tel est le message diffusé par WhatsApp par les organisations et groupes qui seraient à l'origine de cette attaque. Ces groupes, selon le rapport, sont financés par l'ELN (Armée de libération nationale) et les dissidents des FARC. Le président de l'Équateur, Lenin Moreno, a déclaré lors du forum de l'Institut interaméricain pour la démocratie que "les services de renseignement équatoriens ont détecté l'ingérence flagrante du dictateur Maduro, des mains sanglantes et corrompues de ce dictateur, dans ce qui se passe actuellement en Colombie". Le rapport des services de renseignement colombiens montre que les profils des personnes impliquées dans ces organisations sont des jeunes âgés de 17 à 24 ans, pour la plupart sans emploi, de nationalité colombienne et vénézuélienne.

Un manifestante es detenido por la policía antidisturbios durante una protesta contra el gobierno del presidente Iván Duque en la plaza de Bolívar de Bogotá el 5 de mayo de 2021 AFP/ JUAN BARRETO

Les données des ONG indiquent que depuis le début des protestations, il y a eu 37 décès, selon elles "victimes d'homicides", 1 708 cas de violence de la part des forces de sécurité ont également été signalés, 110 cas de coups de feu et 10 rapports de violence sexuelle. Le collectif Internet "Anonymous" a décidé de pirater les pages en ligne de l'armée, du Sénat et de la présidence de la Colombie, en signe de solidarité avec le peuple colombien. Ce collectif a publié les emails et les mots de passe de 168 membres des forces armées de Colombie.

Coordinateur pour l'Amérique latine : José Antonio Sierra.

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