Le déclin de la violence entre 2016 et 2021 est évident, lié à la défaite d'Al-Qaïda et de l'État islamique à l'échelle régionale

La Tunisie doit changer sa politique antiterroriste pour éviter les effets pervers

Atalayar_Túnez Operacion Antiterrorista

Le think tank "International Crisis Group" (ICG) a averti aujourd'hui qu'une partie des mesures antiterroristes mises en œuvre par l'État tunisien depuis 2013 ont un effet "pervers" sur la cohésion sociale et la confiance de la population dans les institutions, ce qui pourrait conduire à une augmentation de la violence djihadiste si le contexte économique et social continue de se détériorer.

Dans son dernier rapport intitulé "Le déclin du djihadisme en Tunisie ?", l'organisation recommande la promulgation d'une nouvelle loi sur l'état d'urgence, la loi antiterroriste et le code de procédure pénale. Elle a également recommandé d'améliorer les conditions de détention et de mettre en place un système de suivi de la reconversion.

Après la montée en puissance du djihadisme dans le pays maghrébin, peu après la révolution de 2011 qui a mis fin à deux décennies de dictature, il a connu son pic de violence lors de la chaîne d'attentats de 2015, qui a entraîné la mort de 72 personnes, dont 60 touristes étrangers. 

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La baisse de la violence entre 2016 et 2021 est évidente, liée à la défaite d'Al-Qaïda et de l'État islamique à l'échelle régionale. Si plusieurs milliers de Tunisiens sont partis combattre au Moyen-Orient et en Libye entre 2011 et 2016 et ont commis quatre attentats en France et en Allemagne, "le pays n'est pas menacé par un mouvement djihadiste armé de masse", estime Michael Ayari, chercheur à l'ICG.

Les deux principaux groupes terroristes : la brigade " Okba Ibn Nafaa ", branche locale de l'organisation terroriste Al-Qaïda, et le groupe " Jund al Khilafa " (Armée du Califat), apparenté à l'autoproclamé État islamique, ont perdu les deux tiers de leurs effectifs depuis 2016, passant de 250 à moins de 60 membres.

En outre, on estime que 200 ressortissants tunisiens combattent actuellement au Moyen-Orient et une centaine dans la région du Sahel aux côtés de groupes djihadistes, a estimé M. Ayari.  

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La plupart des quelque 2 200 détenus liés à des affaires de terrorisme sortiront de prison au cours des trois prochaines années et la plupart vivent dans des conditions propices à la récidive, tandis que d'autres ont été victimes d'abus, de sorte que leurs perspectives de réinsertion sont très limitées, a averti le spécialiste.

"Il s'agit de passer d'une logique répressive à une logique préventive qui renforcerait la cohésion sociale et la confiance des citoyens dans les institutions", a déclaré l'expert de l'ICG.

Quant à la menace d'un éventuel retour des combattants dans leur pays d'origine, il a déclaré qu'il s'agissait d'une "préoccupation exagérée", car sur les 3 000 combattants qui ont rejoint leurs rangs, plus des deux tiers ont pu être tués ou emprisonnés à l'étranger. 

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Par ailleurs, entre 2011 et 2016, 800 d'entre eux sont rentrés en Tunisie après avoir été vaincus "militairement", ce qui a été perçu comme un échec, et ont été condamnés à des peines allant de trois à huit ans de prison. Depuis lors, souligne Ayari, aucun des rapatriés n'a commis d'attentat sur le sol tunisien.

Environ 2 200 djihadistes sont emprisonnés en Tunisie et seule une douzaine d'entre eux sont considérés comme "très dangereux" par les services de renseignement, et 160 ont été condamnés pour des attentats sur le sol tunisien.

Ces mouvements salafistes et djihadistes ont perdu leur influence sur les jeunes, qui ne les considèrent plus comme un remède "anti-système", a conclu l'expert. 

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