Le gouvernement de Najla Bouden négocie avec l'agence pour injecter 4 milliards de dollars dans l'économie tunisienne

La Tunisie se tourne vers le FMI pour atténuer l'effondrement économique

PHOTO/ Presidencia de Túnez via REUTERS - Le président de la Tunisie, Kais Saied

Plongée dans une situation politique fragile depuis que le président Kaïs Saied a pris les pleins pouvoirs en juillet par un coup d'État, la Tunisie traverse également une grave crise économique marquée par l'effondrement de son système productif. Un scénario défavorable qui a une nouvelle fois contraint le pays à demander une aide extérieure, en l'occurrence au Fonds monétaire international (FMI), une organisation qui a aidé la nation nord-africaine par le passé.

Le gouvernement de Najla Bouden, première femme à diriger le gouvernement d'un pays arabe, négocie depuis des semaines avec le FMI un plan d'aide de 4 milliards de dollars qui permettrait à la Tunisie de recevoir des liquidités pour atténuer la récession économique. Le pays était accablé par ce fardeau avant même la flambée révolutionnaire de 2011. Ses prédécesseurs ont été contraints de prendre la même décision. Plus précisément, à deux reprises après la révolution, à chaque fois avec peu de succès.

Les pourparlers visant à sceller un nouvel accord en sont encore à un stade préliminaire, malgré la version du gouverneur de la banque centrale tunisienne, Marwan Abbasi, qui a affirmé en décembre que le pacte était sur le point d'être conclu. Les autorités tunisiennes sont optimistes quant à la possibilité de recevoir à nouveau une aide économique indispensable, qui pourrait atténuer la situation sociale précaire, et espèrent parvenir à un accord au cours du premier trimestre de l'année.

Fondo Monetario Internacional

La version du Fonds monétaire international diffère grandement de la perception du gouvernement. Le FMI exige que la Tunisie entreprenne une série de réformes "immédiates et profondes" capables de remédier aux faiblesses du système économique du pays, plombé par des décennies de corruption, la prolifération de réseaux clientélistes, une bureaucratie excessive et une absence totale de planification étatique.

Les principales critiques du FMI portent sur la dette extérieure gonflée du pays et sur l'excès d'emplois dans le secteur public. Selon les chiffres officiels, la Tunisie compte 700 000 fonctionnaires dans un pays de quelque 12 millions d'habitants. Un volume de travailleurs dépendant du trésor public qui absorbe 70 % des ressources de l'État, et dont le taux d'absentéisme est élevé.

À cet égard, l'influence du plus grand syndicat du pays, l'UGTT (Union générale tunisienne du travail), a été notable depuis le début de la révolution. Ses mobilisations constantes ont permis de réaliser une grande partie des revendications énoncées ci-dessus, en étendant les acquis sociaux au détriment de la capacité productive des différents secteurs économiques. C'est une question sur laquelle le FMI a exigé des réformes.

Ces changements affecteraient la capacité de l'État à réduire le personnel, le système de subventions et d'aides, et la dette publique. Sur ce dernier point, les données révèlent que les niveaux d'endettement en 2021 ont atteint environ 100 % du produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie. Ce sont des chiffres dévastateurs qui reflètent l'ampleur du problème.

Jerome Vacher

Le dernier représentant permanent du FMI en Tunisie, Jérôme Vacher, a approuvé les prescriptions du FMI, déclarant dans une interview à l'AFP que le secteur des services publics de la Tunisie est "l'un des plus élevés au monde". Et qu'elle devrait être réduite. Le principal problème du pays réside toutefois dans la forte inégalité qui règne dans le pays, où des cercles de pouvoir étroits dirigent l'économie nationale depuis des décennies.

Avant de rendre son verdict, M. Vacher a déclaré vouloir "connaître les intentions des autorités en matière de réformes économiques, car des réformes structurelles très profondes sont nécessaires". Le FMI ne veut pas intervenir à nouveau dans un pays où il est déjà intervenu deux fois sans progrès. Cela conduirait la Tunisie à un nouvel échec.

La crise du COVID-19 n'a fait qu'aggraver la situation, faisant passer le taux de chômage à 18% et poussant plus d'un demi-million de personnes sous le seuil de pauvreté. Il s'agit, selon M. Vacher, de la plus grande récession économique que la Tunisie ait connue depuis son indépendance en 1956. Il a toutefois souligné que les problèmes ne sont pas nouveaux et qu'ils s'inscrivent dans un contexte antérieur à la chute du dictateur Ben Ali. Certains accusent le gouvernement de la troïka dirigé par l'islamiste Ennahda en 2012 d'avoir surendetté le pays.

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