Le Parlement turc associe cette dernière approbation aux 12 précédentes depuis 2008

La Turquie étend sa présence dans le Golfe d'Aden

photo_camera PHOTO/REUTERS - Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse à Istanbul

Le président turc Recep Tayipp Erdogan a envoyé un mémorandum au Parlement avec une demande de prolongation d'un an de la durée de la présence militaire turque dans l'enclave du Golfe d'Aden, ainsi que dans la mer d'Oman et dans les eaux territoriales de la Somalie.

Après avoir été paraphée par la chambre, la mesure entrera en vigueur le 10 février. Les experts soulignent que cette décision rappelle à l'Arabie Saoudite que, malgré la désescalade des tensions entre les deux pays, la Turquie entend maintenir un rôle important dans ces trois domaines.

Approuvée pour la première fois en 2008, cette mesure a ensuite été prolongée à 13 reprises par le Parlement turc, à la demande de la présidence. La dernière prolongation a été approuvée il y a un peu plus d'un an, le 4 février 2020.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité une résolution permettant aux États de coopérer avec le gouvernement transitoire de la Somalie pendant six mois et de pénétrer dans les eaux territoriales du pays en juin 2008.

Le texte a été adopté avec l'accord de la Somalie, mais le pays s'efforce depuis lors de parvenir à la stabilité. Immergée dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie dans l'océan Indien et la division interne, la Somalie est en proie à une crise profonde.

Le golfe d'Aden, situé sur la côte sud du Yémen, est proche du détroit de Bab el-Mandeb. Elle sert de lien entre le golfe d'Aden lui-même et la mer Rouge, et sépare la Corne de l'Afrique et la péninsule arabique. 

Son importance stratégique réside toutefois dans le fait qu'il s'agit du quatrième plus grand détroit au monde pour le transit du pétrole. Pour cette raison, le contrôle de la zone est essentiel pour les États de la région.

Turquie et Arabie Saoudite : un carrefour d'intérêts

L'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi aux mains d'agents saoudiens en octobre 2018 a terni les relations entre la Turquie et l'Arabie saoudite. Cependant, deux ans après ce feu croisé d'accusations, les liens entre Ankara et Riyad semblent être sur le point de revenir à la cordialité grâce, en partie, au rôle du Qatar. 

Atalayar_Base militar turca en Somalia

Bien que certains experts pointent du doigt une double voie initiée par le gouvernement turc. Derrière les signes de rapprochement de ces dernières semaines, la Turquie relève la barre dans sa tentative de maintenir un rôle hégémonique dans la région. La preuve en est l'extension de sa présence dans le golfe d'Aden.

Cette décision permettrait à M. Erdogan de "faire d'une pierre deux coups", selon les analystes. D'une part, prendre le contrôle stratégique du détroit de Bab el-Mandeb et, d'autre part, maintenir le chaos au Yémen jusqu'à ce qu'un soutien stratégique clair soit assuré dans le pays.

Le soutien turc aux groupes et milices liés aux Frères musulmans au Yémen est un autre facteur qui a entravé la réalisation de l'accord de Riyad. L'Arabie Saoudite reproche à Erdogan d'avoir rendu impossible un pacte de paix dans le pays.

La tension avec la Turquie empêche, pour l'instant, la promotion d'une formule qui garantisse les objectifs de sécurité nationale de Riyad au Yémen et limite l'influence iranienne dans la région.

Cependant, le conflit d'intérêts ne s'arrête pas là. Les dernières initiatives de la Turquie font obstacle aux intérêts de l'Arabie Saoudite et de ses voisins du Golfe dans la Corne de l'Afrique. Tous deux tentent de sécuriser leurs positions dans les enclaves de la Somalie et de Djibouti. Cette décision leur permettrait également de dominer les importations et les exportations sur le continent.

Les dernières informations indiquent que la Turquie a établi une grande base militaire à Mogadiscio pour la préparation des troupes, en plus de l'établissement d'une puissance douce à Djibouti par le biais de la stimulation économique de l'industrie locale.

Le but de ces mesures est, selon les experts, de contenir une série de pertes économiques causées par les mauvaises politiques du président Erdogan. Le leader turc tente de compenser les erreurs capitales de son gouvernement pendant les mois de la pandémie.

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